vendredi, novembre 17, 2023


les problèmes 

du temps et de l'espace


l'espace contre 

le temps l'espace distordu par 

le temps 

le temps vu comme espace et l'espace comme 

le temps 


















l'espace 

enfin

rompant avec le temps 

dans le triomphe ultime et tragique 

de la réflexion humaine



je meurs

donc 

je suis


*



pourquoi le temps 
dont l'inflexible tyrannie 
est toujours sans pitié pour l'homme
serait-il plus indulgent pour l'oeuvre de ses mains ou 
de son intelligence 

?

















j'accédai 


à l'air libre 

étourdi par le vent 


une large lueur 

claire au couchant était barrée de nuages 

noires


le ciel était déjà sombre 


























L'abbé C. 

devant moi la mine 
décomposée et 
décoiffé me parlait mais je n'entendais 
dans le bruit 
du vent que 
des mots inintelligibles



je vis derrière lui 

sourire 

Eponine


elle avait l'air aux anges 

elle était dépassée



toujours à la recherche 
d’expériences nouvelles et de nouveaux horizons 
elle ne peut supporter la routine et la monotonie
 
intelligente
elle a aussi un grand sens de l'humour


partir 

c’est mourir 

un peu 


mourir 

c’est partir 

un peu trop























ce n’est donc plus aux hommes 
que je m’adresse 

c’est à toi 

Dieu
 
de tous les êtres 
de tous les mondes et 
de tous les temps 































 

s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité et imperceptibles au reste de l’univers d’oser te demander quelque chose à toi qui as tout donné à toi dont les décrets sont immuables comme éternels daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature  

que ces erreurs ne fassent point nos calamités 

tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr et des mains pour nous égorger  

fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère  

que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps entre tous nos langages insuffisants entre tous nos usages ridicules entre toutes nos lois imparfaites entre toutes nos opinions insensées entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux et si égales devant toi 

que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution  

que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil  

que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire  

qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue ou dans un jargon plus nouveau 

que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse et que les autres les voient sans envie  

car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier ni de quoi s’enorgueillir

puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères 

qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible 

si les fléaux de la guerre sont inévitables ne nous haïssons pas ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers depuis Siam jusqu’à la Californie ta bonté qui nous a donné cet instant



Traité sur la tolérance chapitre XXIII 1763

Voltaire

V