jeudi, octobre 26, 2023

la tradition indienne 

explique que

l’intelligence véritable s’allume en nous grâce 

à 

l’écoute 

shravan 

la réflexion 

manan

la méditation 

nididhyâsan


les deux premiers aspects ne sont qu’
une façon 
d’ouvrir la porte 
pour le troisième 
là où tout se joue



































nous nous asseyons tard

regardant l'obscurité se dérouler lentement 


aucune horloge ne compte cela


quand 

les baisers 

se répètent et que les bras se tiennent

on ne sait pas où est 

le temps





















 

il y a 

déjà longtemps trop longtemps que la gloire 

des célestes est 

invisible


je suis

couleur musique et précipitation vocale

chromatique 

du son et de la lumière

saisons

printemps été automne hiver

orage et tempête

théâtre spirituel





















la nuit tombe

ce qui flotte légèrement dans l'air

des éclats ça et là

la musique naturellement

la simplicité naturelle

le miracle se diffusant dans une lumière d'or

une pensée mobile

la vue

l'expérience de la vue sans le savoir


la parole chantée

douée

du

don

de voyance

est

une parole efficace 


la pensée n'est pas moins claire que le cristal 

l'air et la lumière impriment l'intelligence sensible 

l'universel s'épanouit dans sa complexité la plus lumineuse 




le renard de la pensée


il imagine la forêt 

de cet instant 

de minuit 


quelque chose 

d'autre est vivant à côté 

de la solitude 

de l'horloge


et cette page blanche où bougent mes doigts














comment l’eau a commencé à jouer

l’eau voulait vivre


elle alla voir le soleil et revint en pleurant

l’eau voulait vivre


elle alla voir les arbres ils brûlèrent

ils pourrirent 

elle revint en pleurant


l’eau voulait vivre

elle alla vers les fleurs elles fanèrent 

elle revint en pleurant 




















jusqu’à n’avoir plus de larmes

gisant au profond de toutes les choses

entièrement épuisée entièrement claire




















le chaman connaît 

une identité plus vaste que celle qui lui est reconnue par la communauté et c’est précisément cela qui lui permet en procurant à cette communauté un espace vital de lui faire le plus grand bien

si le chaman imite les mouvements et les cris des animaux 

c’est afin d’apprendre le langage de la nature tout entière et c’est cette recherche d’un langage complet qui le conduit en fin de compte à la pratique de l’incantation 

l’expérience totale de la terre est aussi une expérience lumineuse  c’est-à-dire qu’elle est uranienne autant que tellurique 


je fus appelé dehors




















le grand ciel m’a parlé


le bois noir m’a parlé


le feu m’a parlé


Je fus appelé dehors 


j’ai vu la lune croître et décroître


j’ai vu le sentier du vent


j’ai vu une rivière dans le ciel


j’ai vu un vol d’étoiles bleues


j’ai vu la mer brumeuse


semblable à du lait


et des îles peuplées d’oiseaux







I awake with the morning cry of the grey gull

I rise with the morning cry of the grey gull

I do not look towards the darkness

I look into the light 


je m’éveille au cri matinal de la mouette grise

je me lève au cri matinal de la mouette grise

je ne regarde pas en direction de l’obscurité

je regarde au cœur de la lumière



quand

naît l'esprit 

mille choses naissent aussi


quand

l'esprit s'éteint 

mille choses s'éteignent





















le phénomène 
du fleuve 

une affinité avec notre existence 

une source 
discrète secrète 
dans la montagne 

un long cours variable et sensible 

une ouverture 
dans
 
un estuaire qui est 
un épanchement 
de l’être
 
une issue
une fin océanique
































on peut noter également 
des affinités avec le cours 
de la pensée

une navigation mentale 


Rilke se dit 

engagé 
dans 
le courant qui m’entraîne   


et tout travail 
est 
de cet ordre-là





























la poésie 

comme on respire


partons nous promener

dans le monde où si nos chaussures se blanchissent

de neige  est-ce 

de la neige ...

de la neige ou 

de la lumière 


partons nous promener  Kenneth Koch






















allongée sur le dos 

elle contemplait le ciel absorbée 
dans ce vide 
dans cette perfection 

elle n’apercevait pas un nuage pas même le plus petit flocon blanc immobile solitaire et brillant au-dessus d'elle dans l’immensité. 

à un certain moment vers le milieu de l’après-midi elle vit un busard s’élever en spirale comme une tache noire dans son champ visuel 

elle le suivit des yeux quelque temps puis lassée tourna la tête 

quand elle essaya de le revoir 

elle s’était perdue dans l’étendue vibrante de la lumière 



le monde connut la paix Ted Hughes

la musique avait pénétré le cœur 

des hommes les rendant aussi paisibles que 

les cieux étoilés heureux au-delà 

de leurs petites querelles l'étrange 

douceur qui émanait 

de cet univers sonore transforma les êtres 

de ce monde  ils arrêtèrent 

de fabriquer 

des armes

tous les pays vécurent en bonne entente et renoncèrent 

à se faire la guerre 

tout ce que les hommes 

désiraient à présent 

c'était 



écouter 
l'étrange et magique mélodie 
que le gigantesque musicien 
de l'espace leur chantait