vendredi, octobre 20, 2023



Nietzsche 

abondement sollicité les animaux

dans 

Ainsi parlait Zarathoustra 

les bêtes humaines disent l’humain

le trop humain  



















la dénégation de l’autruche 
la veulerie du buffle 
l’agenouillement de l’âne 
la ruse et l’hypocrisie du chat
la servitude volontaire du chameau 
la servilité du chien 
la grossièreté du cochon 
la lourdeur de l’éléphant
la mesquinerie de la fourmi 
la rancune des mouches
l’opportunisme des sangsues
le ressentiment des tarentules
la méchanceté des vipères…


les bêtes surhumaines sont 
un contrepoison aux bêtes humaines  


la félicité 
de l’aigle au regard perçant
 
la paix 
dans l’affirmation dont sont capables les colombes
 
le volontarisme 
du lion qui dit  je veux 

l’éternel retour 
exprimé par le serpent qui se mord la queue

le sens de la terre du taureau 




le bestiaire nietzschéen 
dit la pensée 
de 
Nietzsche





















qu'est-ce qui définit une ville  


son histoire 

son futur réalisé

son présent imaginé  

ou… 

l'évolution du regard 

des choses que l'on avait pas su voir 


quelle est l'histoire que nous 

décidons d'écrire à propos 

d'une ville


c'est la fable de la ville 






















Roi

tu regardais et tu as vu 

une grande statue


cette statue 

était immense et d'une splendeur extraordinaire 

elle était debout devant toi et son aspect

était terrifiant


la tête de cette statue était en or pur 

sa poitrine et ses bras en argent

son ventre et ses cuisses en bronze

ses jambes en fer

ses pieds en partie en fer et en partie en argile



















pendant que tu regardais une pierre s’est détachée sans aucune intervention extérieure  

elle a frappé les pieds en fer et en argile de la statue et les a pulvérisés 

le fer l'argile le bronze l'argent et l'or ont alors été pulvérisés ensemble et ils sont devenus pareils à la balle qui s'échappe d'une aire de battage en été le vent les a emportés et on n’a plus trouvé aucune trace d’eux 

quant à la pierre qui avait frappé la statue elle est devenue une grande montagne et a rempli toute la terre


Daniel
















ne 
m’émeut et 
ne m’occupe aujourd’hui 
que ceci 
 
comment 

dans une époque 
semblable à la nôtre 
il s’est lui-même libéré intérieurement 

et 

comment 

en le lisant 
nous pouvons
nous-mêmes 
nous fortifier à son exemple

































je vois en lui 

l’ancêtre 

le protecteur et l’ami 

de chaque homme libre sur terre 

le meilleur maître de cette science nouvelle et pourtant éternelle qui consiste à se préserver soi-même de tous et de tout 

peu d’hommes sur terre se sont battus avec plus de loyauté et d’acharnement pour préserver leur moi le plus intime leur essence de tout mélange de toute atteinte venue de l’écume trouble et malsaine des agitations du temps et peu ont réussi à sauver du temps qu’ils ont vécu pour toute la durée des temps ce moi le plus profond


M




en vérité 
du fait qu’un tel homme a écrit le plaisir 
de vivre sur terre en a été 
augmenté 

pour ma part du moins depuis que j’ai fait connaissance avec cette âme la plus libre et la plus vigoureuse qui fût il me faut dire de lui ce qu’il dit de Plutarque 

à peine 
ai-je jeté les yeux sur lui qu’il me pousse 
une jambe ou une aile  


c’est à côté 
de lui que je me rangerais si 
le devoir m’imposait 
de se choisir 
une patrie sur la terre 




M
EST

une joviale 
sérénité qui a le 
don de rendre serein
































un extraordinaire inattendu et surprenant 

Eros 

traverse les niveaux 

de réalité et les niveaux 
de réalité 
du sujet 


les artistes 
les poètes les scientifiques et les mystiques 

de tous les temps ont témoigné 
de sa présence 
dans le monde

*



















dans 
le moment présent qui est 
un infini irréductible 
nous ne sommes pas 
des rêves 

nous sommes 
des œuvres 

des œuvres


tout abonde

tout est là 

présent 

dans la joie invincible 
de la précision absolue 

il n’y a pas 
de richesse 

il n’y a pas 
de pauvreté


et pourquoi chercher 

dans le lointain la réalisation 
de l’infini et 
de l’éternel 
 

l’infini l’éternel sont ici présents devant nous 

sous nos pas
sous nos yeux
contre notre peau

nous 
le sentons 
le goûtons
le voyons
le touchons à chaque seconde 

cette table est infinie 
cette table est éternité 

ce briquet 
de métal est infini 
éternel 

ce cendrier 
de verre est infini

cette cuillère tordue est infinie

ce parquet est infini 

cette tache jaune 
du soleil 
à trois heures moins cinq est éternelle 

cette main
cette épaule
ce pieds

ce papier 

cette encre bleu-noir qui trace ses traits

ce bruit 
d’insecte qui ronge quand la plume accroche le long 
de l’écriture sont infiniment et éternellement eux-mêmes 

tout change 
de place

tout bouge 
s’interpénètre 
se modifie
se transforme 

mais 
tout existe 
tout est évident


l’extase matérielle est infinie





















nous avons

progressé à tel point 

que l'on doit considérer les objectifs 

de la vie bonne comme 

une menace



nous sommes empêtrés 

dans un système qui garantit le bien-être à court terme à une partie 

du monde au moyen 

de l'augmentation 

destructrice 

des biens matériels

















poussé vers la rive son pédoncule se dépliait s’allongeait filait atteignait l’extrême limite de sa tension jusqu’au bord où le courant le reprenait le vert cordage se repliait sur lui-même et ramenait la pauvre plante à ce qu’on peut d’autant mieux appeler son point de départ qu’elle n’y restait pas une seconde sans en repartir par une répétition de la même manœuvre


je suis 

une particule humaine 

de cette onde


*


























il ne faut pas oublier 

qu'un poète est 
un être confidentiel nocturne presque souterrain

qu'un artiste possède 
une nature 

de chauve-souris
de rat 
de taupe ou 
de mimosa



ne te courbe
que pour
aimer 

si 
tu meurs 
tu aimes encore



désirer c'est persévérer 
dans son être 

dixit la colonne 
d'un temple en ruine que même les 
dieux ont 
déserté






























lorsque 

nous rencontrerons 

quelqu’un qui aime 

une chose

nous pourrons nous  payer le luxe 

de lui concéder que toutes les qualités sont présentes en cette chose 

belle bonne indispensable enrichissante ...


mais à cet homme étonné nous 

devrons ajouter 

mais en quoi est-elle aimable pour autant 






















et si 

nous nous reposions tout simplement

sur l’évidence 


n’est-il pas évident que le plaisir a plus 

de valeur que la douleur


que le bien vaut mieux que le mal 


celui qui le nie n’est-il pas simplement 

de mauvaise foi