mercredi, juillet 05, 2023

elle ne parle pas sinon pour répondre

elle ne lit pas

elle ne converse pas

elle ne va 

ni au restaurant ni au bistrot et ne sort jamais 

se promener




sans bruit 

elle rassemble

un peu de joie sèche

pour aller à demain

qui demande autre chose





aujourd'hui la lumière est partie

la nuit aussi


le cerveau pense 

dans 

une obscurité totale


le cœur 

procède 

différemment 



















le murmure 
d'un être humain qui implore la fraîcheur
 
les dieux jalousent la mortalité 
de l'homme


elle s’en va maintenant 

comme si


elle n’avait plus que son poids 

de corps


la réalité minérale énonce sa fierté





















elle glisse 

dans le soir s’enfonce

dans l’ombre de plus en plus sombre


des arbres et 

du jardin


jusqu’au ciel


 


elle respire



délestée


elle descend pourtant


c’est bizarre


mais pas en rêve





elle avance par 
une odeur 

de fleurs ou 
de cheveux 

un sourire 
une joie
un ciel le bruit d’
un arbre 
une gelée de mûres le bois d’
une table 
une lettre 
une missive
un message
un livre du pain frais tout 
un courant 
de détails qui portent vers plus loin ou bloquent là où le savoir 
des mots l’âge 
du capitaine 
sa prestance à la barre n’importent pas



elle
reprend 
seulement 

une poignée 

de sable 
dans les mots


la lumière 
du soleil lui donne 

un aperçu d'éternité





















































il y a 

un bâillement entre soi et le monde 

un suspens 
une écoute

c’est là que le langage prend vie 
dans cet espace où du jeu 
peut s’inscrire






























usine

urgente

du désir

futur

instantané

fissure

brûlante

l'un l'une

éperdus

syncope

utopique

de l'ultime

ravissement





















dans l'abandon ravi 
d'une euphorie captive transportée 
d'ivresse sauvage insouciante tu m'a emprisonné sans 
défense lent grisé soumis subtilisés pris 
d'émerveillement nous nous sommes séduits rapt 
de bonheur sans trêve forçats ivres 
de joie nous nous 
dévêtissons



vois la

veine

vibrante

la voile

s'enflant

le tendre

vermeil

le pouls

versatile

les corps

vacillants

les chairs

ravies 





c’est une parole 
qui passe 
par 

des points singuliers 
de présence 
par 

une finitude qui ne ferme pas 
mais s’abouche 
à 

du devenir et l’incarne lui 
donne corps 

le parler-poème est  
un  écart 

où 
 
les termes se mettent à frémir à sortir 

des représentations 
déjà prêtes 
du monde 
domestiqué 

il vient penser 

dans 
un foyer 
de relations et ce foyer 
est 

un mot nouveau pour penser 

 

les mots 
ne sont pas ici 
une information qui s’ajoute à 
une autre 

ils suspendent 
déplacent 
le sens 

la question 
du poème ne se limite pas à la poésie 
dans sa forme reconnaissable
identifiable 

c’est 
un
 
don 
de soi au 
danger qui menace le monde 

c’est 

une attention 
à la vie sensible partout menacée




la troisième moitié 


n’est 
ni la chose elle-même
ni ce que l’on saisit d’elle
 
mais 

le tiers 
secrètement inclus 
où le monde redevient infini



le temps 

ne donne que ce qu'il a 

et il n'a 

que ce qu'il est lui-même