mercredi, avril 05, 2023


DES MOUCHES DE LA PLACE PUBLIQUE


fuis 

mon ami 

dans ta solitude  


je te vois 

étourdi par le bruit des grands hommes 

et meurtri par les aiguillons 

des petits






















avec dignité

la forêt et le rocher 

savent se taire en ta compagnie 


ressemble 

de nouveau à l’arbre que tu aimes 

à l’arbre aux larges branches  


il écoute 

silencieux

suspendu sur la mer























que 

nous 

le sachions ou non 

nous 

sommes toujours cette 

Conscience ouverte 

libre et illimitée 

et pourtant 

nous 

l’oublions parfois 


c’est notre liberté d’oublier























la transparence des choses  

contemplation de la nature de l'expérience


le processus 

d’évolution et d’involution 

est 

la danse 

de l’Unicité 


ce qui ne peut être nommé 

prend forme et se dissout vibre dans chaque nuance de l’expérience et se fond en lui-même transparent ouvert vide et lumineux


même lorsque la Conscience s’est voilée d’un habit de croyances de doutes de peurs et de sensations le goût de sa propre nature illimitée libre et sans peur est inscrit dans chacune des expériences et ce goût est souvent expérimenté comme 



une sorte 

de 

nostalgie 

ou 

de 

désir profond





















tutoie-moi

ne cherche pas 

un point de vue exceptionnel


le principe 

de frontalité donne tous les pouvoirs


tutoie-moi 

puis ferme les yeux 

et contente-toi de ça qui s’accorde 

à la réalité 

de la rencontre


























admettons que ce soit une partie du monde que tu connais bien qui ignore le reste du monde et où réside ton privilège mais que tu ne dois pas transformer en endroit pittoresque. 

je n’entends pas prouver où se trouve le jardin d’Eden 

je n’entends rien prouver


et 

ne regarde pas 

trop loin  

nous n’irons jamais ensemble





Petit 

n’utilise pas seulement les ressources de la typographie et de la mise en page pour mettre en valeur ses poèmes 

elle crée des impasses et des vides 

dans le cours du texte pour suppléer à ceux que le langage ne suggère pas toujours et 

elle importe dans la langue des substances illicites 

qui la contaminent et la détournent du droit chemin tracé par la logique pour créer des impasses des courts-circuits qui font rebondir ou dérailler le sens sur d’autres voies qui mènent dans le nulle-part qui n’est pas rien qui est la faille et la sortie de secours de tout discours convenu qu’il faut avoir l’audace de cultiver jusqu’à l’absurdité


*



aime-moi trop pour vouloir 

me changer


si 

on voit des papillons blancs on pense 

à des coccinelles


les yeux permettent 

des rapprochement surprenants


*



le langage
nous donne l’impression d’
un pouvoir sur 
les choses
 
mais 
nous n’en sommes que les véhicules 
du langage et des choses


















où cesse 

la solitude 

commence 

la place publique  


et où 

commence 

la place publique 

commence aussi 

le bruit des grands comédiens 

et 

le bourdonnement des mouches venimeuses























un suivi des informations 

relatives à mes interactions avec l’équipe d’assistance utilisateur est effectué pour comprendre si les problèmes que je rencontre sont résolus en temps voulu et si les informations fournies dans le centre d’aide me sont utiles 

mes recherches effectuées dans un centre d’aide sont enregistrées pour établir un index des recherches fréquentes afin d’assurer la pertinence du contenu de centre d’aide et de le maintenir à jour 

des contrôles d’assurance qualité sur mes interactions sont effectués 

les informations que je fournis dans les enquêtes de satisfaction sont requises pour être examinées



























conditions générales 

est un livre composé avec des fragments des innombrables clauses de contrat que nous passons avec des prestataires de service et Claude Closky utilise ce matériau textuel pour nous montrer ce lieu où nous n’existons pas où nous n’affirmons rien mais sommes conduits à nous conformer aux injonctions des différents logiciels que nous utilisons qui ne sont en fait que la forme extérieure par laquelle sont contraintes nos actions qui ne peuvent et ne doivent s’écarter des prescriptions des fabricants


Claude Closky ne détourne pas le vocabulaire employé par ces fabricants de logiciels mais il l’épuise il lui fait dire qu’il ne veut pas dire et chaque page des Conditions générales montre que notre seule possibilité reste l’impossibilité de dépasser les bornes mais à l’intérieur de cette impossibilité fleurissent tous les aménagements dont notre impuissance peut s’enorgueillir. 

soumission et plaisir s’unissent pour ordonner le monde dans un codex fait pour trouver dans chaque situation l’assoupissement nécessaire à notre survie intranquille dans ce lieu- car il s’agit bien d’un lieu où les peines sont sévères en cas de dépassement mais finalement génèrent  en nous un accomplissement assoupissement qui nous empêche de nous plaindre de notre asservissement consenti 

Claude Closky utilise le volume du livre avec ses trois dimensions et sa pagination pour nous montrer l’accumulation des ordonnances et des capitulations successives celles-ci se démultipliant à chaque nouvelles intervention d’un logiciel à l’intérieur du livre, et il ne faut pas sous-estimer la somme d’injonctions réunies dans Conditions générales ce poids d’informations inutiles et dommageables qui ne cessent de nous solliciter dans ce portatif de la violence doucereuse qui balise notre comportement et même si nous disons de ces injonctions qu’elles sont sans importances nous les signons cependant nous répétons les traîtres mots qui nous sont imposés pour pouvoir continuer à exercer notre docilité