jeudi, mars 09, 2023


sans 

la poésie infinitésimale 

il n’existerait 

ni 

téléphone portable 

ni 

GPS 

nous n’aurions 
pas découvert l’ADN 
pas plus que Neptune et jamais 
quitté la Terre pour voyager dans l’espace

































si 
elle impressionne 
par sa puissance la poésie infinitésimale 
est pourtant celle de la 
simplicité

pour résoudre 
un problème complexe 
il suffit en effet de le décomposer en 

une infinité 
d’éléments plus simples 



l’assemblage 
du nombre infini 
de solutions apportera 
alors comme par miracle 

la réponse recherchée






actuellement 

vous êtes pure conscience dans le corps

c'est la perception de votre existence

c'est plus subtil que l'espace





























paroles fanées 

vous aviez des odeurs de roses


c’étaient 
de brefs récits 
de minces notations suspendues 

il y était question 
du présent 

de choses qu’on fait 
qu’on oublie 































nager ou marcher dans 
un parc

tourner autour d’
une statue 

écouter 
une enfant 

écrire 
une lettre 
qu’on ne terminera pas 






toutes 
ces petites briques 
solitaires s’ouvraient par 
le même mot et chacune m’avait 

un instant 

parue nécessaire 
suffisante 
limpide





un instant
le monde rit 

un instant
le noir rideau s’est déchiré

un instant
la lumière à l’obscurité s’est unie……

un instant
la fête des fêtes




























il sera ici question 
de fenêtres 
de chambres 
de 

Franz Kafka




























 
et d’

une mère 
à accompagner jusqu’au bout 



écouter 

une voix qui s’efface 
en collectant 

des phrases 
des images 
des détails
des étonnements 

regarder 

dehors et dedans 
en lisant et en écrivant 
pour apprendre 
quelque chose au sujet 
de la peur 

tenter d’articuler
 
sans craindre ce qui se défait 
s’émiette 
s’éparpille




prétendre 
pourquoi pas 
que 



lire
peut aider à 
vivre

































et 

je courus 

vers la forêt 

dans l’obscurité totale

















combien de livres peuvent 
entrer dans 
le corps 
d’

une femme 

d’

un homme 

combien peuvent s’y tenir 
debout 




on trouve 
dans les Derniers cahiers de Kafka d’étranges phrases inachevées privées 
de commencement

on se demande 
alors si ces phrases sont comme des vers de terre dont on raconte que même amputés ils continueront à vivre ou que du moins ils seront en mesure se régénérant de se reconstruire 

on comprend bien 
qu’on puisse se passer de finir ou remettre cette épreuve à plus tard
mais se passer de commencer






























 


j’avais 

passé la nuit 

au pied 

de la montagne 

dans 


une cabane accueillante

parmi 

les myrtes et le parfum 

des cistes 

de Crète 




















 

làdes cygnes avaient joué à mes côtés dans les flots dorés du Pactole et la lumière de la lune m’avait découvert un vieux temple de Cybèle,caché dans un bosquet d’ormes comme un fantôme farouche...

la contrée d’où je venais s’étalait à mes pieds comme une mer pleine de jeunesse et de vie 

le printemps me saluait d’une immense fête de couleurs et de même que le soleil du ciel se retrouvait dans les mille modifications que la terre fait subir à la lumière mon esprit se reconnaissait dans la plénitude de vie qui l’assaillait de toutes parts

sur la gauche vrai géant le fleuve jubilant se précipitait dans les forêts du haut d’une paroi de marbre suspendue au-dessus de moi où l’aigle jouait avec ses aiglons où les cimes neigeuses offraient à l’Éther bleu leurs étincelles 

à droite des nuées d’orage s’amoncelaient au-dessus des forêts du Sipyle  

je ne sentais pas la tempête qui les portait rien qu’un souffle dans mes cheveux mais j’entendais leur tonnerre comme on devine la voix de l’avenir et je voyais leurs flammes comme la lumière lointaine de la divinité pressentie























Ouvrir Hölderlin  

littéralement et dans tous les sens comme on ouvre portes et fenêtres pour faire entrer l’air et la lumière dans une maison qui était longtemps restée fermée comme on ouvre un corps pour comprendre le mal qu’il lui est arrivé comme on ouvre un coquillage ou un fruit pour le savourer





























ouvrir Hölderlin 

propose une lecture renouvelée de l’œuvre du grand poète allemand, à distance de la tradition heideggerienne et en dialogue avec d’autres poètes. 

la recherche d’un Hölderlin sans Heidegger entraîne une double réévaluation  

celle de la rencontre avec la Révolution française dans l’élaboration de la pensée du poète et celle de l’importance des poèmes  terminaux  dits  de la folie  ici considérés au même titre que ses poèmes les plus connus 

cet  autre  Hölderlin montre ce qui dans l’humanité est capacité possible d’un Bien commun dont le divin les dieux sont pour lui le nom


ici














que n’ai-je pu éviter 

le seuil 

de vos écoles


la science que j’ai suivie au fond 

de ses labyrinthes 

dont j’attendais 

dans l’aveuglement 

de la jeunesse 

la confirmation 

de mes plus pures joies 

la science m’a tout corrompu

















oui 

je suis devenu 

bien raisonnable auprès de vous 


j’ai parfaitement appris à me distinguer 

de ce qui m’entoure  

et me voilà isolé

dans la beauté du monde 

exilé du jardin où je fleurissais

dépérissant au soleil 

de midi


c’est clairement en disciple de Rousseau qu’Hypérion développe sa propre vision de l’enfance et son hostilité à l’enseignement dispensé par l’école

l’action négative de celui-ci a pour cœur une séparation prématurée et peut-être irréversible d’avec la beauté du monde telle que l’enfant est capable de l’éprouver 

le résultat en est une sorte d’individuation forcée l’apprentissage d’une distinction purement négative entre soi-même et le monde productrice d’une subjectivité desséchée et abstraite 

séparer l’enfant de la beauté briser sa capacité à fusionner avec l’être des choses et du monde c’est le premier pas dans la destruction en lui d’une disposition au divin


oui

l’enfant reste 

une créature divine 

aussi longtemps qu’il n’entre

pas dans les mimétismes 

de l’adulte


sa beauté 

est d’être ce qu’il est 

totalement 


la contrainte 

de la Loi et du Destin ne peut l’atteindre 


il n’y a place en lui que pour 

la liberté


En lui est la paix  

il n’est pas encore en conflit avec lui-même


en lui est la richesse 

son cœur ignore l’indigence 

de la vie 


et parce qu’il ne sait rien de la mort 

il est immortel 


mais cela 

les hommes ne le souffrent 

point