vendredi, mars 03, 2023


qui caresse accepte 

de ne pas demeurer à la même place 

de ne pas saisir

de ne pas posséder


c’est

une connaissance 

par le mouvement 

par la légèreté 

par ce qu’on nomme si bien 

le tact





















une main 

qui trouverait sa place et n’en bougerait pas 

ne comprendrait rien au corps 

qu’elle immobilise 

sous elle


ce que 

je voyais là 

était bien venu me toucher

ici 

dedans



ne disons 

pas 

de mal 

de notre époque 


elle n'est pas 

plus malheureuse que les précédentes 


n'en disons 

pas 

de bien non plus 


n'en parlons pas




















tout homme aura peut-être éprouvé cette sorte de chagrin sinon la terreur de voir comme le monde et son histoire semblent pris dans un inéluctable mouvement qui s'amplifie toujours plus et qui ne paraît devoir modifier pour des fins toujours plus grossières que les manifestations visibles du monde 

ce monde visible est ce qu'il est et notre action sur lui ne pourra faire qu'il soit absolument autre 

on songe donc avec nostalgie à un univers où l'homme au lieu d'agir aussi furieusement sur l'apparence visible se serait employé à s'en défaire non seulement à refuser toute action sur elle mais à se dénuder assez pour découvrir ce lieu secret en nous-même à partir de quoi eût été possible une aventure humaine toute différente   l'atelier d'Alberto Giacometti Jean Genet






















ce qui est certain 

c'est que le temps est long 

dans ces conditions

et nous pousse à le meubler d'agissements 

qui 

comment dire 

qui peuvent à première vue paraître raisonnables 

mais dont nous avons l'habitude 


tu me diras 

que c'est pour empêcher notre raison 

de sombrer


c'est 

une affaire entendue


mais n'erre-t-elle pas déjà 

dans la nuit permanente des grands fonds 


voilà ce que je me demande 

parfois