jeudi, janvier 12, 2023



mettre fin à 
un emballement technocratique 

qui confond 
la fin et les moyens
 
qui fait 
de la surproduction 
une visée  
et non un accident 

ne relève finalement 
que du bon sens et 
de la redécouverte 
de valeurs élémentaires 
ou ancestrales 






























il s'agit 
de réinventer la continuité

il s'agit 
de réapprendre la beauté subtile



il s'agit 

de ne plus penser 
les animaux et végétaux 
comme 
des ressources 
mais 
comme 
des entités 
ayant sens en elles-mêmes 
avec lesquelles 
il est évidemment possible 
d'interagir 
mais hors de la logique réificatrice 
qui prévaut aujourd'hui 

d'aucune manière 
il n'est question d'interdire 
les évolutions ou 
de renoncer à 
des avancées signifiantes







le Diable aime 

les corps noués
les refus 
les impasses
la mauvaise conscience 
la colère
la frustration 
la culpabilité 





























la sémiologie

sur la rive d'en face 

parmi les bribes de toutes sortes

change veut


entre 

arbitraire et science

entre 

échafaudage et démontage 





















que se déplace 

la critique et que s'éprouve la pratique 

acharnée sur

une vérification errante


ce qui importe

c'est de saisir comment joue 

tout au travers 

de l'épaisseur des registres différents

une fonction transformatrice


une énigme me captive

celle de la liaison 

le plus souvent cachée

mais toujours montrable 

entre certaines transformations

de la forme

et certaines explorations 

de la pensée


















une longue note 


à l'orgue décrit l'obscurité encore présente

puis 

trois notes de trompettes 


do  sol  do
























évoquent les premiers rayons 

les notes étant ensuite amplifiées 

par le reste des cuivres 

l'orgue 

et enfin 

tout l'orchestre 

dans

une fin triomphale 

cuivres éclatants 

roulements de timbales 

orgue d'église…





















ce qu’il faut apprendre des artistes

quels moyens 
avons-nous de rendre 
pour nous les choses belles 
attrayantes et désirables lorsqu’elles 
ne le sont 
pas 


et je crois que
par elles-mêmes elles ne le sont jamais 


































ici les médecins peuvent nous apprendre quelque chose quand par exemple ils atténuent l’amertume ou mettent du vin et du sucre dans leurs mélanges 

mais plus encore les artistes qui s’appliquent en somme continuellement à faire de pareilles inventions et de pareils tours de force 

s’éloigner des choses jusqu’à ce que nous ne les voyions plus qu’en partie et qu’il nous faille y ajouter beaucoup par nous-mêmes pour être à même de les voir encore  

ou bien 
contempler les choses d’un angle pour n’en plus voir qu’une coupe 

ou bien encore 
les regarder à travers du verre colorié ou sous la lumière du couchant  

ou bien enfin 
leur donner une surface et une peau qui n’a pas une transparence complète  

tout cela il nous faut l’apprendre des artistes et pour le reste être plus sages qu’eux 

car chez eux cette force subtile qui leur est propre cesse généralement où cesse l’art et où commence la vie 

nous cependant nous voulons être les poètes de notre vie et cela avant tout dans les plus petites choses quotidiennes



est-ce de notre faute si nous sommes nés pour l’air pur nous autres rivaux des rayons de lumière si nous aimerions mieux pareils à ces rayons chevaucher des parcelles d’éther non pour quitter le soleil mais pour aller vers lui 

nous ne le pouvons pas  

faisons donc ce qui est seul en notre pouvoir  

apportons la lumière à la terre

soyons 

la lumière de la terre 

!



je veux apprendre toujours davantage 

à considérer comme la beauté 
ce qu’il y a de nécessaire 
dans les choses 

c’est ainsi que 
je serai de ceux qui rendent 
belles les choses

Amor fati  
que cela soit dorénavant mon amour 

je ne veux pas 
entrer en guerre contre la laideur 

je ne veux pas 
accuser

je ne veux même pas 
accuser les accusateurs



détourner mon regard 
que ce soit là ma seule négation 


et 
somme toute 
pour voir 
grand 



je veux
quelle que soit la circonstance 

n’être 
une fois 
qu’affirmateur 

!