mercredi, août 30, 2023



mourir n'est qu'une conséquence 
de notre manière 
de vivre

 

nous vivons 
d'une pensée à une autre pensée 
d'un sentiment à un autre 


nos sentiments et nos pensées au lieu 
de couler comme un fleuve paisible 
nous passent par la tête nous 
envahissent et nous quittent



illuminations 
éclairs 
intermittences































en t'observant bien 
tu t'aperçois que l'âme n'est pas une substance qui change 
de couleur par transitions nuancées 
mais que les pensées en jaillissent comme 
des chiffres 
d'un trou noir



tu as telle pensée 
tel sentiment et tout 
d'un coup d'autres les remplacent surgis 
de rien
 

si 
tu es très attentif
tu peux même saisir entre 
deux pensées l'instant 
du noir absolu

 
cet instant est pour nous
une fois saisi
tout simplement la mort

 
notre vie ne consiste en effet qu'à poser 
des jalons et à sauter 
de l'un à l'autre 
franchissant ainsi chaque jour mille et mille 
secondes mortelles



 

dans une certaine mesure nous ne vivons que 
dans ces pauses entre 
deux bonds

 
voilà pourquoi nous éprouvons un effroi si grotesque 
devant la dernière mort qui est ce que l'on ne peut plus jalonner 
l'abîme insondable où nous sombrons



pour cette manière-là 
de vivre
elle est vraiment la négation absolue



mais elle ne l'est que 
dans cette perspective
que pour celui qui n'a jamais appris à vivre autrement que 
d'instant en instant



j'appelle cela le mal 
du sautillement et tout le secret c'est 
de le vaincre

 

il faut apprendre à éprouver sa vie 
comme
un long glissement calme


 

au moment où l'on y parvient 
on est aussi près 
de la mort que de la vie


 

on ne vit plus 
selon nos critères communs 
mais l'on peut 
davantage mourir 
puisque avec la vie on a suspendu aussi la mort


 

c'est le moment 

de l'immortalité 

le moment où notre âme sortant 

de la prison 

du cerveau pénètre 

dans ses merveilleux jardins



















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