lundi, mars 27, 2023





Picasso 

Le Printemps

20 mars 1956


quand 
le printemps vient 
même le faux printemps 
il ne se pose qu’
un seul problème 
celui d’être 
aussi heureux que possible
























 

rien ne peut gâter une journée sauf les gens et si vous pouvez vous arranger pour ne pas avoir de rendez-vous la journée n’a pas de frontières

c’est toujours les gens qui mettent des bornes au bonheur sauf ceux très rares qui sont aussi bienfaisants que le printemps lui-même


revoir 
le printemps est pour moi ressusciter 
en paradis 


salut 
c’est le printemps 
c’est l’ange de tendresse 


il descend des lointaines hauteurs 

le jour nouveau

le matin 

qui s’est éveillé des crépuscules

il rit à l’humanité 

paré

enjoué

de dix mille joies 

l’humanité est doucement pénétrée


une vie nouvelle 

veut se dévoiler à l’avenir

de fleurs

il semble 

en signe de jours joyeux

que s’emplisse la grande vallée 

la terre

tandis qu’elle est partie très loin 

au printemps 

la plainte



le soleil brille

fleurissent les champs

les jours s’en viennent chargés 

de fleurs 

et doux

le soir fleurit lui aussi

et de claires journées vont

du ciel déclinant 

de là où naissent 

les jours


l’année 

se présente avec ses saisons

comme 

un faste

des fêtes s’y déploient

l’activité des hommes s’engage 

vers de nouvelles fins

tels sont les signes dans le monde

en merveille multiples




les livres savants ont beau vouloir m’apprendre sa définition astronomique météorologique ou même calendaire m’enseigner qu’il se situe précisément entre l’équinoxe portant son nom et le solstice d’été le printemps est là quand je le sens quand je le vois quand de la fatigue et de la routine enkystées des jours mornes quelque chose soudain se réveille se déverrouille se libère

c’est 
un déclic 
d’air et de lumière 
un pétillement 
discret aussitôt dilué en ondes de joie 

c’est 
un vent frais mêlé à 
un soleil encore timide 
une respiration qui s’élargit 
un frisson qui désengourdit le corps
tout étonné et ravi de se retrouver corps de printemps 
déjà ivre de renouveau d’espoir surtout impérieux et impalpable

même en ville la nature se ranime dans le vert frais l’explosion subite de bourgeons blancs et roses dans les jardins et les squares 

il 
n’y avait rien de rien et hop tout 
d’

un coup 

la splendeur 
est là

pure présence

physique et métaphysique

 

sève vernale 

boutons floraux 

émerveillement toujours recommencé 


charmant 
entêtement 
d’

une folle persévérance 


de l’ancien français prins  prime  et temps  primus tempus signifiant en latin  la bonne saison  le printemps dit tout en s’énonçant primavera chez les Espagnols et les Italiens  temps nouveau natif originaire originel 

éternelle jeunesse du monde et des peuples  

printemps 
d’
une journée 
d’
un âge 
d’
une existence 

si toutes les saisons peuvent rappeler à chacun les souvenirs des précédentes gageons que les émotions spéciales dispensées par le printemps sont uniques 

et que plus nous vieillissons plus nous ressentons chaque printemps nous éloignant de celui de notre vie avec émotion et ferveur dans le regain d’un désir que nous souhaitons éternel


 

le plus
timide bourgeon 
est la preuve qu’il n’y a pas 
de mort réelle


disait 

William Blake


















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