vendredi, décembre 23, 2022


la fuite 

ailée 

de la vie sans forme 

est le moule 

où se coulent 

toutes les formes de ce monde























le Mahayana bouddhiste déclare  

la forme est le vide  le vide est la forme 

comment comprendre


l'analyse des phénomènes conduit par étapes à cette vérité que toute forme est périssable non-substantielle : 

sunyata vacuité 


mais il n'existe pas davantage de vide isolable  indépendant valant en soi et par soi que l'on pourrait opposer à la fallacieuse plénitude des formes






















le vide est la forme ou comme dit Mishima

la fuite 
ailée de la vie sans forme 
est le moule où se coulent toutes les formes 
de ce monde


la référence à la vie ne doit pas nous égarer car si la vie est le sans-forme elle n'en est que l'aspect le plus apparent dissimulant plus profondément le sans-forme d'une énergie cosmique inconcevable 


le vide ne se donne pas directement il se manifeste dans un apparaître un phainesthai un processus une phénoménalité sensible un être ainsi : thatatâ


de la sorte sunyatâ la vacuité et thatatâ l'être ainsi font couple deux aspects indissociables de la même réalité. 

encore un pas et l'on pourra les identifier : 


la forme est le vide le vide est la forme

ou encore pour parler le langage du Mahayanâ entre nirvâna et samsâra il n' y a aucune différence


en Occident nous sommes généralement égarés par l'idée du vide que nous assimilons abusivement au néant ou au non-être 

c'est l'effet de l'interdit parménidien : l'être est le non-être n'est pas


d'où la métaphysique de l'Etre de l'Idée du Bien de Dieu qui régulièrement expédie le devenir le processus la phénoménalité dans les affres du non-être 


mais l'ancienne pensée grecque avait développé une conception toute autre qui faisait sa place au mouvement au devenir au changement 

Anaximandre

toute chose est issue de l'apeiron 

et retourne à l'apeiron selon l'ordre du temps

L'apeiron est ce fond sans forme cet illimité cette éternité cette immutabilité dont procèdent les formes mortelles et périssables indéfiniment et à quoi elles retournent nécessairement au terme de leur destinée : 

selon la nécessité 

l'apeiron est en quelque sorte dans les choses mêmes non pas en tant que structure forme et rythme mais comme fond inaliénable  lequel entraînera la dissolution dans le temps même où il accomplit sa gestation : croître phusis est métaphysiquement le même que périr 

l'univers est le mélange permanent de la forme et de l'in-forme du rythme rythmos et de l'ar-rythmiston  le va-et-vient indestructible de l'apeiron l'illimité et de peras la limite du permanent et de l'impermanent du fond et de la forme


la vacuité n'est pas une simple absence mais le lieu inlocalisable et omniprésent de la plénitude du sans-forme 

partout et toujours il est à l'orée des mondes au crépuscule et au midi toujours manqué inapparent et insensible : pourtant 

il est là 

dans la poussée des fleurs 

dans le calice qui accueille l'abeille bourdonnante 

dans le marais insalubre 

dans nos pensées d'un jour 


fleurs mortelles

fleurs à jamais naissantes