vendredi, septembre 02, 2022


l’été de gypse 

aiguise 

ses fers de lance 



j’élis 

un lieu flagrant et nul 

comme 

l’ossuaire des saisons


et





















sur toutes grèves de ce monde

l’esprit du dieu fumant 

déserte sa couche 

d’amiante
























le pergélisol fondu 

a libéré le cadavre d’

un renne mort au haut Moyen Âge 

 

au contact de l’air 

le renne reprend le cours de sa vie

c’est-à-dire le cours putréfiant de sa longue mort 






















des spores et des gaz 

enfermés dans le cadavre du renne 

tout au long de son séjour en dehors de l’espace-temps 

se mélangent à l’atmosphère et dérivent 

dans les courants froids au-dessus de la banquise


quelques kilomètres plus au sud

un troupeau de rennes 

succombe à 

un mal inconnu


























ainsi

elle était 
au courant de tout
et voilà qu’il trouvait cela 
parfaitement naturel et qu’il s’y attendait

comme 
dans ces rêves 
où l’on sait déjà ce que les gens 
vont vous dire puisque tout recommence 
et qu’ils vous l’ont déjà dit 
dans 

une autre vie

























elle joue 

mélancoliquement 

avec son lecteur quand JB dresse 

une liste 

des titres de romans 

qui traduisaient son état d’esprit 


Le Retour des fantômes

Les Mystères de l’hôtel Chatham

La Maison hantée de la rue du Docteur-Kurzenne

Auteuil 15.28

Les Rendez-vous de Saint-Lazare

Le Bureau de Guy Vincent

La Vie secrète de René-Marco Heriford



la lecture de ce 

roman 

ni tout à fait le même

ni tout à fait un autre

le lecteur vit 

un enchantement 

et pour bien faire devrait prolonger 

cet état en relisant le livre depuis la première page




conscient 

des limites de son entreprise 

il semble appeler en filigrane à prolonger 

le travail de collecte et de mobilisation des énergies 

poétiques




















les livres 

apparaissent 

comme des occasions d’offrir 


à notre perception

à notre attention et à nos capacités d’action 

des configurations singulières 

qui sont autant de  pistes  existentielles 

à suivre 


















la littérature devient 

un prisme de mots et de gestes 

qui aiguisent la capacité de voir et de parler 

de chacun de nous


ainsi

la conduite dans les livres

s’augmente d’

une conduite

avec les livres et par les livres 

dans la vie



lila

dans l’appartement

et dans le même temps 

lila

dans un bois

lila

sur un sentier 

lila

au bord de la mer