mercredi, août 31, 2022


un mot

une pierre

dans

une rivière froide


une autre pierre 

encore 


il me faut plus de pierres

pour traverser




















lorsque les mots 

plus que d’évoquer

attisent le réel et mélangent en 

une passe

souvenir de l’éclair sensualité première, 

frémissements

le corps en entier est concerné 

à cette jouissance 


être à l’équilibre 

sur la plus haute des falaises



le monde  


une toile 

de fils fins qui vibrent 

sans cesse dans leur structure

où chaque fil est crocheté à l’extrémité de l’infini

en attente qui sait

d’

une morsure


qui 
serait celle 
d’

un nouvel univers non né



le temps

replié sur lui-même 

mélange délicatement qui j’étais 

à qui je suis à qui 

je serai

















 

un peu d'eau illumine


temps / peinture / assèchement

cillement

soi / informe / ciel

peinture

épaisseur / regard

mémoire / coup d’œil / regard / oubli





















demeure 

en tant que Cela 

en lequel 


il n’y a 

ni commencement ni fin ni sommet ou bas ou milieu 

ni lieu sacré ou dieu

ni offrandes ou actes pieux

ni espace ou temps

ni objets de perception 


dans le temps plus ou moins rapide de l'assèchement

demeure 

en tant que cela


















demeure 

en tant que Cela 

en lequel il n’y a aucun pouvoir d’illusion 


accélération 

subite du temps de l'arrêt






















demeure 

en tant que cela

et que rentre dans ce que tu noteras

quelque chose comme

jour


sur le froissement qui fait la montagne

demeure

en tant que cela


demeure

en tant que cela

en lequel

le coup d’œil ne laisse pas de trace


ni sens

ni forces vitales ni mental ou intellect ou imagination

ni ego ni ignorance 

ni personne qui s’y identifie


demeure

en tant que  cela

étranger à la mémoire



















se forger 

un art de vivre 

par temps de catastrophe

pour naître 

une seconde fois

et lutter ensuite à visage découvert

contre l’instinct de mort à l’œuvre dans notre histoire 


entre la douleur et la beauté 






















vous venez 

m'écouter et puis vous repartez

si vous en voulez

prenez-le

sinon partez


l'espace de cette pièce-ci 

n'est ni pour ni contre l'espace de cette pièce là

il est un


comme 

une rivière qui coule

si vous voulez l'utiliser vous prenez l'eau

vous la buvez

l'assimilez

sinon

laissez-la couler sans y toucher


je ne vous fais pas payer

tout comme la rivière ne fait pas payer pour son eau 


chaque jour 

vous dépensez beaucoup d'argent

laissez votre argent et venez boire mon eau





















CE QU’IL TE FAUT CONNAÎTRE POUR ÊTRE POÈTE


tout 

ce que tu pourras sur 

bêtes et gens





















les noms des arbres et des fleurs et des graines

noms des étoiles

avec 

mouvements des planètes

et de la lune


tes six sens à toi

ainsi qu’un cerveau en éveil et stylé


au moins 

une sorte de magie de la tradition 

divination 

astrologie livre des mutations

et tarot 


les rêves

les démons de l’illusion 

et les splendides dieux de l’illusion 


lécher le cul du diable et manger sa merde 

baiser sa bite à cornes barbelée

baiser la harpie

et tous les anges du ciel

et les vierges parfumées et dorées 


& puis 

aimer les humains 

épouses   maris   et amis.


les jeux des enfants

les bandes dessinées

le chewing-gum

les bizarreries de la télévision et de la publicité


le travail

longues heures sèches de travail ennuyeux qu’on avale

qu’on accepte

et qu’on vit et finalement qu’on aime

 

lassitude

ardente faim pause


le royaume sauvage de la danse

ec-stase

soudaine silencieuse illumination

en-stase


danger réel 

gageures   

et la lisière de la mort