samedi, juillet 16, 2022


La langue

est 

un puissant stupéfiant

dont la charge électrique a pour effet majeur
d’accélérer les infrapulsations du poème
toutefois
ses combinaisons insolites
ne peuvent témoigner avec justesse
de l’intensité des événements
ni rendre grâce
aux épiphanies quotidiennes
et cependant lorsque nos épidermes
dans l’odeur de l’excès
en frémissant se frôlent
comme tonnerre et foudre
nous sommes alors tout prêts
de croire en la beauté des choses








































Longtemps
très longtemps
nous avons couru
et suffisamment
pour y perdre le souffle
et prendre goût
à cet essoufflement
car ce qui file
à très grande vitesse
et qu’on ne peut saisir
c’est cela
qui nous tient
et résiste à la fin
à notre effacement


*

en lisant en écrivant : lectures versatiles #58




































 

repasser 

au sas au tamis

ressasser du plâtre

ressasser de la farine 


revoir en esprit

revenir sans cesse sur les mêmes choses 

remâcher

ruminer 

ressasser 




















un chagrin

des craintes 

des regrets des remords des soucis

des souvenirs


ma charmante mon inoubliable 

tant que 

les creux de mes bras se souviendront de toi

tant que

tu seras encore sur mon épaule et sur mes lèvres

je serai avec toi


je mettrai 

toutes mes larmes 

dans quelque chose qui soit digne de toi

et qui reste


j'inscrirai 

ton souvenir dans des images tendres 

tendres

tristes à vous fendre le cœur


je resterai ici jusqu'à ce que ce soit fait 

et ensuite 

je partirai moi aussi


*


les mots dans leur tension extrême augmentent le volume de leur résonance par les profonds silences

cristallisés entre les espaces blancs ainsi d’infimes fluctuations de la lumière sur l’eau mouvante où 

lentement s’épuise la perspective oblique des émotions