lundi, avril 11, 2022

elle marche 

de façon 
un peu irrégulière

trop rapide
un peu époumonée 

puis lente 
paralysée par les mots 
qui construisent malgré eux 

une pensée
qui l’encombre 
et pèsent plus lourd que son sac 


elle regarde 

ces bosquets 
qui passent devant elle comme 

un pêcheur 
qui a oublié son hameçon 
observe les truites 





















elle 
les regarde mais ne peux accrocher de mots 
à son regard


elle rentre 
dans son souffle


elle lance 
ses mains en l’air ...

elle les lance comme elle n’oserait peut-être pas les lancer devant des visages


un geste à la vie 

comme on 
jette 

une torche dans la nuit 

sans prétendre apercevoir autre chose 
que le vent noir mais l’envie 
de la torche 
































cet infini est

un animal immense

bien 
qu'il n'ait pas 
de figure déterminée
ni de sens qui se rapporte 
à des choses extérieures à lui






dans cette perspective disparaissent aussi bien le mouvement circulaire autour d'un centre que le mouvement rectiligne qui part du centre ou revient au centre puisqu'il n'y a plus ni centre ni extrémité

































je ne sais pas exactement où 
je suis

je voyage 
vers des limites de nuit

je ne sais pas exactement où
je suis

je voyage 
vers des limites de pierre

je suis ce vent
je suis dans les horoscopes
je suis les jours pluvieux
je suis le plus subtil des angles
je suis ici pour prédire l'aube
je suis au milieu de l'eau
je suis avec les étincelles

je change les couleurs

je suis presque au Japon
je suis la prédiction des marées 
je suis près des pelouses à la saison des pluies
je suis la vitesse 
je suis le flux et le reflux
je suis l'homme qui hurle à minuit dans la zone

































de tous les arbres du bois
le houx porte la couronne


le houx porte

une fleur
aussi blanche que la fleur de lys

le houx porte

une baie
aussi rouge qu'est le sang

le houx porte

une pointe 
aussi aiguë qu'
une épine

le houx porte 

une écorce
aussi amère qu'est le fiel

*




elle 
se rappelle la beauté oubliée
et lorsque ses bras l'enveloppent
elle presse dans ses bras
une splendeur
depuis longtemps évanouie du monde
ce n'est pas cela
pas cela du tout
je désire presser dans mes bras
la beauté qui n'a pas
encore paru
au monde



*


une fleur
une baie
une pointe
une épine
une écorce






























ignorer 
que nous vivons 
remplit assez notre vie



être en se produisant 


être en étant 

être là où être 

n’être que là où être 

pouvoir être en arrivant ou non 





















certains existent

les 
autres 
ne sauraient 
tarder


et maintenant 

que concluez-vous 

qu’avez-vous dit 

qu’avez-vous fait 

que laissez-vous derrière vous 

?


encore 

une victoire 

comme celle-là 

et nous sommes perdus 




croire devoir penser 

l’éclat


l’Infinitif des pensées

l’éclat


philosophie infinitive

l’éclat


insouciances du cerveau

lettre aux écervelés

l’éclat



être à être 

lettre aux inexistants

l’éclat




penser devoir se demander 

comment aimer et où aller 

au lieu de se mettre à aimer 

et de se laisser entraîner 


nous pourrions 
commencer par nous moquer 
un peu de la philosophie 

commencer par se moquer de philosopher 


se moquer 

de soi

?  

me moquer 

de moi


me moquer 

de mes angoisses 

se moquer 

de s’angoisser 


et pour cela

se confier à l’infinitif qui ne dit pas comment 

le prendre 



produire 

sans s'approprier

agir sans tirer d'assurance

faire croître mais sans diriger