il faudrait
ne jamais cesser de dire
ce que les hommes découvrent d’éblouissant
quand ils rient
leur ivresse ouvre
une fenêtre
de lumière donnant sur
un monde
criant de joie
À vrai dire
ce monde a tant d’éclat
qu’ils en détournent vite les yeux
une grande force
est nécessaire à celui qui veut maintenir
son attention fixée sur ce point
de glissement vertigineux
***
découvrir le Beckett que ses amis ont bien connu : spirituel, toujours capable de rebondir, qui instinctivement opposait à l’adversité son humour et sa détermination à ne pas lâcher prise
tel est le portrait que James Knowlson donne de Samuel Beckett dans l’importante biographie qu’il lui a consacrée .
Cette image change des austères photographies qui ont toujours été diffusées de l’auteur : regard d’aigle, visage anguleux et sévère, il rejoignait ainsi la réputation de ses pièces réputées difficiles d’accès, à l’opposé de l’hilarité facile du théâtre de boulevard.
Pourtant, l’humour et le rire ont toujours jalonné le parcours de Samuel Beckett.
Ainsi écrivait-il malicieusement dans l’essai qu’il a consacré à 25 ans dans sa langue maternelle à l’auteur français Marcel Proust :
« On estimait guère le style de Proust dans les cercles littéraires français. Mais à présent qu’on le lit plus, on admet généreusement que sa prose aurait pu être encore bien pire qu’elle n’est » .
Il est probable que Samuel Beckett découvre l’œuvre du philosophe Bergson à la même époque : James Knowlson relève une lettre de l’écrivain qui le cite, datée du 24 février 1931.
Nous avons peu l’habitude d’étudier les plus fameuses pièces de Beckett sous l’angle de l’humour et du comique, mais nous pouvons néanmoins nous demander si le théâtre, dans En attendant Godot et Fin de partie, ne lui a pas fourni vingt ans plus tard l’occasion d’appliquer (de détourner ?) les théories du rire que le philosophe français avait publiées en 1900 dans son ouvrage Le rire.
Essai sur la signification du comique .
L’étude du rire de ces deux pièces se révèle alors d’une grande richesse.
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