lundi, mars 14, 2022





il naît à Martigues en 1963

il travaille 
un moment dans 
une cabine de péage d’autoroute

il habite 
dans le quartier 
de la Joliette à Marseille 

il fait souvent l’aller-retour entre sa ville et Paris

































il est en soi le poème
sur scène ou dans la vie quotidienne

au début des années 1990
il vit 
encore par intermittence à Marseille

il veut tenir les nappes de brumes dans ses bras 

il reste là tout seul 
il ne fait rien

il a toujours sur lui 
un carnet dans une poche avec 
un stylo plume de la marque Sheaffer

il est diplômé 
de Sciences politiques

il enseigne 
l’économie mais 
il décide d’arrêter 

il veut se consacrer exclusivement à la poésie

il dit que le mot 
n’est pas un référenceur
n’est pas un signifiant
le mot est sans référence
n’a pas deux côtés
n’est pas duel
n’est pas signe

il produit 
autant de textes que de sons

il se fait connaître 
du monde poétique en prenant littéralement 
d’assaut les boîtes aux lettres 
de ses membres

il est invité au Cipm 
pour la soirée des Inédits 1993

il essaie de donner 
une raison d’être à la forme langage

il change d’état civil

il crée son nom
Jean-Christophe Ginet devient 
Christophe Tarkos

il parle de textes
lit et fait entendre des textes

il a l’impression 
qu’il veut maîtriser au maximum son image 

il réalise 
la revue Poézi Prolétèr avec Katalin Molnár

il travaille 
à la Bnf en salle H

il utilise 
sur place un logiciel 
de lecture automatisée pour aveugles 
afin de lire certains 
de ses textes 

il se fige instantanément 
lorsqu’il se retrouve devant un appareil-photo, 
fixant l’objectif sans le moindre sourire, 
avec un air farouche

pour lui
le mot isolé n’a pas de sens
ne prend sens que par les mots qui l’entourent 

il participe 
à de nombreux festivals de poésie
à Paris et en province à Bruxelles et Rotterdam

il dit de la langue 
qu’elle n’arrête pas de continuer
efficace et réel
le poème accélère
répète
déjoue le retour du même
et le même qui revient s’il est drôle 
il est souvent violent

il fabrique 
en moins de dix ans une œuvre 
qui compte parmi les plus déterminantes 
de la poésie contemporaine 

il donne 
un dîner d’adieu à Paris 
pour ses amis quelques semaines 
avant de mourir

il a 
une diction lente 
appliquée
on dirait qu’il mastique les mots

la langue 
n’est pas en dehors du monde
c’est aussi concret qu’un sac de sable qui te tombe sur la tête
c’est complètement réel
complètement efficace
efficient
utile

il meurt 
en 2004 à Paris

il repose 
au cimetière Montparnasse

sur sa tombe est gravé le mot poète







































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