mercredi, février 02, 2022






Ce 
livre 
est le récit d'
un double voyage 


celui d'un homme qui traverse le Sahara et qui, parallèlement, remonte le temps à travers l'histoire du concept d'extermination. 







































Dans de petits hôtels du désert battus par les sables, son étude se concentre sur 

une phrase 
du roman de Joseph Conrad, 

Au coeur des ténèbres 


Exterminez toutes ces brutes ! 

Pourquoi Kurtz, le héros du livre, conclut-il par ces mots son rapport sur la mission civilisatrice de l'homme blanc en Afrique 


Que signifiaient-ils pour Conrad et ses contemporains 


Mêlant librement l'essai, l'autobiographie, la littérature et le carnet de voyage, cheminant à travers l'histoire des sciences et des idées, Sven Lindqvist retrace les fondements idéologiques qui justifièrent l'anéantissement de peuples entiers au nom du Progrès et de la Civilisation. 

Un témoignage saisissant sur les origines du génocide. 

Préface de Patrick de Saint-Exupéry.










Dans une fresque en quatre volets, Raoul Peck réexamine l'histoire de l'Occident à l'aune du suprémacisme blanc.


Exterminez toutes ces brutes est une mini-série documentaire coproduite à l'échelle internationale sur la colonisation et les génocides, réalisée et racontée par Raoul Peck. 

La série se compose de quatre épisodes, et est diffusée aux États-Unis la première fois le 7 avril 2021 sur HBO

Elle est diffusée au Royaume-Uni la première fois le 1er mai 2021 sur Sky Documentaries et en France le 1er février 2022 sur Arte

La série tire son nom du livre du même nom de Sven Lindqvist, sur lequel elle est partiellement basée, une phrase que Lindqvist a à son tour empruntée à la nouvelle de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, dans laquelle se trouve la citation « Exterminez toutes ces brutes ».


La série suit la colonisation et les multiples génocides, ainsi que leurs conséquences, reliées à l'impérialisme et au suprémacisme blanc

Dans le premier épisode de la série, La troublante conviction de l'ignorance, le cinéaste Raoul Peck se propose d'éclairer les courants entrelacés de haine et de sectarisme qui traversent l'histoire. 

En se concentrant sur l'héritage des États-Unis en tant que puissance coloniale, Peck explore comment la race s'est d'abord institutionnalisée par le pillage du continent africain dans un «gentlemen's agreement», pour aboutir au programme nazi d'«élimination» et ses antécédents en Occident.

Dans le deuxième épisode, P*** de Christophe Colomb, Peck revisite les histoires de Christophe Colomb, de l'Alamo et de la Piste des larmes du point de vue indigène, montrant comment l'histoire « officielle » est façonnée par ceux qui sont au pouvoir, et solidifiée par le mythe et la culture populaire. 

ll examine la « doctrine de la découverte » utilisée pour justifier l'asservissement de millions d'Africains, et questionne sa propre histoire au sein de ces récits.

Dans le troisième volet de la série, Tuer à distance, Peck revient sur les migrations humaines, le commerce et l'armement, et montre comment les Européens ont utilisé l'industrie de l'acier pour mener la guerre toujours plus loin. 

Ensuite, il explore le cycle sans fin de la militarisation à travers les siècles - des efforts de George Washington pour relancer la fabrication d'armes américaines, à la doctrine Monroe, et enfin, aux horreurs des bombardements de civils à Hiroshima et Nagasaki.

Dans le final de la série, Les belles couleurs du fascisme, Peck explore l'impossibilité pour les États-Unis de concilier leur véritable histoire avec ses idéaux de liberté et de démocratie, mettant en lumière la lutte actuelle pour la représentation indigène et l'héritage de l'esclavage face au racisme institutionnalisé. 

Peck relie la résurgence moderne des nationalismes, à l'esclavage, aux génocides en Amérique, au colonialisme et à la Shoah.












RAOUL PECK

Nous sommes des êtres humains, nous sommes des êtres collectifs et nous adhérons à des récits. 

Nous vivons tous les jours accompagnés de récits. 

Le problème, c’est que le récit dominant est un récit réducteur, qu’il faut justement déconstruire et casser. 

D’où l’importance que j’accorde à la place du récit puisque c’est ce qui me permet de toucher l’autre. 

Il est important également dans un récit, d’en montrer la construction. 

J’essaie d’être le plus transparent possible. 

J’essaie de laisser des « espaces » pour que celui à qui ce récit s’adresse puisse réfléchir de son côté, des espaces de réflexion, mais aussi des espaces de questionnement et de contradiction. 

J’œuvre à ce que ma parole ne s’impose pas comme une parole céleste qu’on ne peut mettre en doute. 

Au contraire, souvent, mes phrases se terminent par un point d’interrogation. 

C’est une manière d’impliquer activement celui qui reçoit et de lutter contre ce phénomène qui s’est développé en particulier ces quarante dernières années : les récits nous sont adressés en tant que consommateurs plutôt qu’en tant qu’acteurs.



Et pourtant c’est là toute la beauté de la narration, on le sait quand on est enfant et qu’on lit des livres. 

On peut aussi le voir quand on apprend à lire à un enfant, et qu’on lui raconte une histoire le soir : ses yeux brillent, il participe, il pose des questions, il répond, c’est une relation active. 

C’est loin d’être une simple « consommation » avant d’aller dormir. 

On consomme beaucoup d’images, beaucoup de télévision, beaucoup de films, on est sur son canapé et on engloutit. 

Mais cela crée-t-il de la pensée, du questionnement ? 

Je n’en suis pas sûr. 

Je tente une approche différente. 

Ce film est complexe, oui, mais je donne aussi les clés et les codes de cette complexité, j’en donne la grille de lecture, je ne tente jamais de tromper personne. 

J’essaie de donner au spectateur les instruments de sa propre édification, de sa propre réception du récit, c’est à lui de choisir de les utiliser ou pas.


Notre réalité est complexe, l’histoire est complexe. 

La preuve : pendant 600 ou 700 ans, l’Europe a raconté la même histoire. 

Or, cette histoire est fausse, elle est fausse dans la mesure où elle ne tient pas compte du reste de la planète, de la majorité des humains. 

L’Europe a décidé qu’elle était au centre du monde, elle l’était, économiquement, mais culturellement et philosophiquement la diversité et la multiplicité globale ont été étouffées. 

Elle a annihilé ou, comme le dit Michel-Rolph, a réduit au silence toutes les autres pensées, toutes les autres histoires qui sont pourtant parties prenantes de l’histoire humaine. 

Il faut mettre fin à ce silence, c’est primordial et c’est ce pour quoi j’œuvre.

 






















 

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