vendredi, novembre 26, 2021



il y a 

un ange aux mille têtes


chaque tête a mille langues

chaque langue a mille voix

chaque voix a mille mélodies


imaginez 

la beauté de la chanson de cet ange



















il était 

une fois dans la forêt


un battement rapide et ininterrompu 

sur deux notes 

voisines


un chevreuil 

une pensée 



une idée 

une idée qui écarte doucement les ramures

un mot oublié

un air



une forme qui en recherche

une autre avec sa lanterne 


un voyez-vous qui va et vient

prend le moindre pli 

de terrain 


Minerve et le Coq 

annoncent la lumière du Soleil



poèmes 

directs comme ce que les oiseaux 

ont dit


dur 

comme 

un sol   sonore 

comme 

un banc


mystérieux 

comme 

le silence quand le tailleur

s'arrête avec son aiguille 

en l'air





















ma tête

par exemple

ma tête 


quelle étrange caverne 




























ouverte 

sur le monde extérieur par deux fenêtres

deux ouvertures 

j’en suis bien sûr

puisque je les vois dans le miroir 

et puis 

je peux fermer l’une ou l’autre séparément 

et pourtant 

il n’y en a qu’une seule 

de ces ouvertures

car je ne vois devant moi qu’

un seul paysage

continu 

sans cloison ni coupure


et 

dans cette tête 

comment est-ce que les choses 

se passent 



les choses

viennent se loger en elle


*



elle ne voyait pas 

la nécessité de doubler les objets les plus insignifiants 

par leurs images laborieusement 

obtenues


que de fois cependant 

cette grande artiste de la parole s’était-elle

appliquée 

à dessiner à faire 

le portrait parlé de ses pensées 



qu’est-ce qu’

une figure

en deux ou trois dimensions

sinon le portrait d’

une pensée 













comme si 

quelques 
hommes venaient d’être 
mis 

en
possession 
par des voies surnaturelles 
d’

un recueil singulier
 
dû à la collaboration de Rimbaud 
de Lautréamont et de quelques autres et qu’

une voix 

leur eût dit 
comme à Flamel l’ange 

:


















regardez bien ce livre vous n’y comprenez rien

ni vous ni beaucoup d’autres

mais vous y verrez 

un jour 

ce que nul n’y saurait voir


espace-humain et espace nocturne 
métaphorique  
possession 
cache-cache à la frontière 
possibilité accomplie 
carrefour au tournant 
passe commence ciel et colore 
pour être sonore seul 
hisse théorie et théorie





la désarticulation que je propose  loin de se cantonner à la dimension expérimentale d’un post-modernisme nihiliste ou gratuit vaut d’abord comme la tentative étonnante d’offrir dans l’étoffe même de sa propre existence la vie commune qui s’y entremêle  par des constellations privées 

la règle de son fonctionnement m' échappe 

que les inconnus 
seraient invités à arpenter à leur guise 
sur la page 


la  sonorité de la pensée 

rendue à l’espace 

public  absolu




les choses 

se logent dans ma tête

et 

je les trouve là 

dans cette caverne habitée 

où 


je les regarde 

par les deux ouvertures

par mes deux yeux 

qui unissent le paysage mental

le mythe et la pensée