mardi, novembre 02, 2021


l'esprit de confiance est non duel 

ce qui est duel n'est pas l'esprit de confiance

ici les voies du langage s'arrêtent

car il n'est ni passé

ni présent

ni futur



















Cette version française du Sin Sin Ming est inspirée de la belle traduction de L. Wang et J. Masui revue par le professeur P. Demiéville du Collège de France telle qu'elle apparaît en pages 205-209 de l'ouvrage Tch'an - Zen  Racines et floraisons numéro 4 de la nouvelle série de la collection Hermès éditions Les Deux Océans Paris 1985  Certains passages ont été empruntés à la traduction de Daniel Giraud dans Seng Ts'an : Hsin Hsin Ming, traité de spiritualité Ch'an du VIe siècle éditions Arfuyen Paris 1992 ISBN 2-908825-19-8.


Sin Sin Ming


















la mer n'est pas 

un paysage 

mais 



















l'expérience de l'éternité


*



tout comme la vie
la mer appelle et fait peur 

sur la mer
l’homme doit réciter son acte d’humilité 
et prier

Ulysse est bien peu de choses 
sur son radeau… 

Même les fiers croiseurs des Achéens 
sont bien peu de choses 
sur la mer 
en furie

sur mer
l’arrogance se paie très cher

sur
une mer démontée
même les plus orgueilleux navires de guerre moderne 
peuvent être perdus 
en un instant. 

la prétention 
des êtres humains finit tôt ou tard en naufrage 
sous le rire de Poséidon


































La fin

Partition de l’air

le chaud le froid

l’eau a

regagné






















Ma belle

cœur

calme

entre

dans la terre


LA FIN


 


Robert Creeley

Dire cela 

traduction Jean Daive

NOUS 2014

p. 72.


*


Consolatio


Ce qui est parti est parti

Ce qui est perdu est perdu


Ce qui est senti comme battement —

ce qui est pensée, ce qui est maison,


Qui est ici, qui est là —

qu’est-ce que la patience aujourd’hui.


Quelle idée du monde,

pourquoi son écho en retour.


Aujourd’hui je commence —


Pourquoi craindre la fin.


RCDC


















Oubliez 

vos préoccupations terre-à-terre

voguez 

dans les sphères de la pensée

du rêve

de l’art et de la poésie 

autrement dit 

dans les sphères du Paradis





















la nuit 

un silence 


les vents 


les feuillages 


les cris épris de folie


une chouette 


une proie 

la nuit


les bruits 

l’aube et ses lumières en lames


la terre

Les rocs 

la flore la faune 


l’homme 

seul dans sa nudité de pluie froide


un chien 


un coq 


un cri 

un bris de coquille


coq 

à crête 

rouge solaire



pluie froide



la vie ne cesse jamais 

de nous enseigner qu’il n’y a rien de substantiel 

à attraper dans l’existence


même 

une vie de jouissances sans fin 

ne comblerait jamais le sentiment du manque


ce que nous cherchons 

n’est pas 

une sorte de trésor qui 

un jour comblera

les désirs 


c’est plutôt cela qui creuse les désirs

mais se retire devant

la main qui 

s’avance


pour le découvrir

il nous faut explorer et aller au bout 

de nos désirs


Jusqu’à maintenant

nous avons exploré le désir presque uniquement 

en aval


le héros 

est celui qui l’explore aussi et surtout en

amont




















aux mille tours qui tant erra…

Ulysse est polytropos 

πολύτροπος


Ce mot résume presque à lui seul 

tant le drame de l’Odyssée 

que celui de nos vies


















Les divers sens en sont  


qui se tourne en beaucoup de sens

qui erre çà et là 

qui parcourt mille lieux

divers

souple 

habile 

industrieux


Ulysse représente l’humanité en marche

en errance 

l’homme qui cherche

qui est curieux

qui explore

mais surtout 

qui désire plus que tout 

retrouver sa Patrie 


Notre Patrie véritable 

est là où il n’y plus souffrance 

sentiment d’un manque

doutes

calculs

lamentations et peur 



Tout le monde veut être heureux 

heureux tout le temps 


Or


la seule façon d’être heureux tout le temps

c’est d’être heureux 

hors du temps