samedi, septembre 11, 2021

 

JE SUIS

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sur 

une mer ignorée de moi-même


j'ai triomphé de tout

là où

je ne suis jamais allé





















c'est 
une brise nouvelle
que cette somnolence
dans laquelle je peux avancer
penché en avant pour cette marche
sur l'impossible


chacun 
de nous a son propre 
alcool



je trouve 
assez d'alcool dans le fait 
d'exister 





ivre de me sentir
j'erre et marche bien droit


il y a

mon ciel
où je me constelle 
en cachette et où je possède
mon infini



























































en ces heures 
où le paysage est une auréole de vie 
j'ai élevé mon amour dans le silence de mon intranquillité
ce livre étrange... 

qui alterne 
chronique du quotidien 
et méditation transcendante



































Le livre de l'intranquillité est le journal que Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau de Lisbonne, Bernardo Soares. 

Sans ambition terrestre, mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif aux formes et aux couleurs du monde extérieur mais aussi observateur de « l'infiniment petit de l'espace du dedans », Bernardo Soares, assume son "intranquillité" pour mieux la dépasser et, grâce à l'art, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition ou les mystiques atteignent la plénitude « parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ». 

Il se construit un univers personnel vertigineusement irréel, et pourtant plus vrai en un sens que le monde réel.

Le livre de l'intranquillité est considéré comme le chef-d'oeuvre de Fernando Pessoa.


















la véritable compréhension de l'existence est émotionnelle 


qu'est-ce donc 

qui

dans toute émotion 

nous fait 

vibrer

?


voilà la question

ce questionnement continue d'errer sans fin sur la mer




















l'émotion fondamentale 

est 

l'étonnement

l'émerveillement 


c'est 

la première qui nous porte tous

nous les êtres vivants

et particulièrement les humains

peu importe 

les époques et les cultures


mais quelle est 

la source bouillonnante 

de tout émerveillement et de toute émotion


?


voilà

LA QUESTION




















avez-vous lu 

Les Rêveries du Promeneur solitaire 

de Rousseau 


il raconte 
qu'après avoir été renversé 
un soir 
par 

un énorme chien

il 
passa 
en revenant à lui 
un des moments les plus délicieux 
de sa vie


comme si 




















la perte 
de mémoire momentanée 
provoquée par sa chute avait été payée 
de retour par 

une restauration de sa sensibilité

en somme 
il faut mourir pour renaître...


*



ne pas 

railler

ne pas déplorer

ne pas 

maudire

mais comprendre


comprendre est le commencement d'approuver



*



pour elle le but de la vie

était 

une attirante énigme

un admirable casse-tête

où elle soupçonnait des merveilles




ne pas savoir 

ce qu’on va dire à la seconde suivante 

rend la seconde présente 

terriblement 

intense





elle se dit 
de la façon la plus inattendue
que la seule chose intelligente à faire sur la terre 
était d'y rendre ne fût-ce qu'

un seul être 
heureux




dans les années sauvages


tout 
n'existe 
qu'

une seule fois 

la première



tout est brûlé 

par l'émerveillement qu'elle a connu autrefois

dans ce paradis 

avant ses dix-sept ans

depuis c'est l'enfer