dimanche, août 29, 2021




La virose et ses nouveaux moines


Quand meurt un homme d’excellence, et un homme d’excellence meurt toujours prématurément, il faut voir là un châtiment : tous sont en effet privés de lui, et sans les meilleurs la situation empire. Je pense ici à notre ami défunt, Pierre-Guillaume de Roux.


*


















Étonnante masse humaine, 
menée par les vicissitudes de ses matières… 

Sur la rumeur d’un virus qu’il n’a jamais vu l’homme craint pour son existence ; mais pour l’éternité de sa vie il ne craint pas Dieu, dont tous les grands hommes confessèrent la gloire. 

Ô la piteuse piétaille de ces gens qui génufléchissent devant un invisible microbe dont ils acceptent sans preuve la réalité, et qu’ils laissent pendant des années infliger à leur vie d’impensables mortifications – tandis que pour aimer Dieu aucune preuve ne leur suffit, aucune contrainte ne leur est acceptable… 

Comme tous ces esprits forts sont mémorables, aujourd’hui aplatis devant une invisible idole au nez qui coule, avec moins de preuves de sa substance qu’ils n’en ont pour connaître l’Absolu, dont ne dépendent pas quelques mois d’existence supplémentaires mais le Salut et l’Éternité ! 


Rien 
n’accuse davantage 
que ces nouveaux moines 
l’extrême faiblesse 
d’esprit. 

Face à cette endémique absurdité comportementale, il serait décent que se taisent tous ceux qui nous repassent leur rogomme ritournelle sur l’absurdité de l’existence. 

Est-ce cécité volontaire de calomnier l’existence et de ne pas voir qu’entre elle et pareil préjugé, ce n’est pas l’existence qui est absurde mais l’argument ? 

Lorsqu’en une même niaiserie dans la relation à l’invisible, le refus de Celui qui est et dont dépend le sens de toute affirmation, côtoie la préférence de se choisir un virus pour idole ascétique, alors de l’existence de Dieu une preuve par l’absurde paraît en tout son éclat. 


Rien 
ne dépasse 
en absurdité les raisonnements
que dicte l’erratisme païen des superstitions 
sceptiques.


*


Naturellement imbécile, la condition humaine est naturellement dubitative, et l’on ne compte plus le nombre de sots qui se disent philosophiquement sceptiques : ils rejettent ce qui est le plus universel afin, bien qu’en meutes, de passer pour des hommes d’esprit et des individualités fortes. 

Ce tour d’imagination sur lequel fait fond le scepticisme, n’est qu’une complaisance à s’enliser dans la contradiction de parler par dogme après avoir déclaré incertaines toutes choses : voilà certes une manière commode de sélectionner à l’avance ses conclusions. 

Ce dogmatisme de l’incertitude est fait pour ouvrir un droit sous-ventru à la jouissance sans limites : on ne pense plus, on se vautre puis, moutonnier rejeton de la porque et du bouc, l’on court après les plaisirs exigus en affectant un air de désespoir inspiré. 


Ci-gît 
debout éventé le scepticisme 
moderne 

Il est l’opinion absolument automatique, vous la trouverez chez tous. 

Il est ce qui unit parfaitement le bavardage de l’intellectuel et le discours des concierges, qu’on ne distingue plus depuis longtemps. 


Il est 
le prétexte des accroupis à croupir, 
et il n’est parole 
de rien. 




L’homme sceptique : 

plaisant 
flatulacier 
qu’

une bonne bière borne…


*


Or voici que les hommes ont inventé une civilisation entièrement fondée sur le doute et qu’ils font croître avec la foi d’un charbonnier perverti. 

Voici dans l’institution sceptique et la personnalité laïque la continuelle célébration des demandes pansues. 

Chacun se fait de l’errance une idole et vit avec un souvenir du bonheur qu’il reporte sur la tripe. 

Dans la déchirure fixe où cette chute compose, le paradoxe paraît lorsque, confronté aux conséquences de ses décisions, le sceptique contemporain gémit de voir effondrées les valeurs traditionnelles : navré de conséquences dont il incarne les causes, il voudrait oublier qu’il est lui-même le premier ennemi des dieux qu’il pleure. 

L’obscur ennemi qui lui ronge le cœur croît et se fortifie du sang que le scepticisme contemporain ne perd pas !


Maxence Caron
























elle connaît  

des 
moments 
dans sa vie quotidienne 
où elle est 

complètement 
absente en tant que personne





























elle ne peut  
jamais penser l’absence 

elle est 
juste absente




*



nous avons 
une image de nous-mêmes 

cette image peut seulement être maintenue en rapport avec des objets elle transforme donc notre environnement en objets amis enfants époux intelligence compte en banque etc et rentre alors dans ce qu’elle appelle une  relation personnelle  avec ces projections

l’idée fantasque d’un soi est une contraction une limitation de la globalité de l’être réel

lorsque cette notion meurt nous trouvons notre expansion naturelle notre paix notre globalité sans périphérie ni centre extérieur ni intérieur

sans notion 
d’individu il n’y a pas sensation d’être séparé 
et l’on ressent 

une unité avec toute chose
































note rapide


face au gouverneur Pilate 
qui lui demanda d'expliquer ce qu'il
entendait par la Vérité 

il garda le silence

la parole 
proférée dite chantée ou écrite
qui fait signe à l'homme vers sa vraie
nature est le mythe dont Marguerite Yourcenar
aimait à dire 
qu'il fut

une tentative de langage originel










































ce matin
la Grande-Ancolie

donne son bleu-violet
au silence

pouvoir magique des fées

































elle fut 
transportée à Babylone par art 
de 

féerie 

monde merveilleux 
où s'exerce le pouvoir des fées

royaume 
château
personnage de féerie


la vraie religion 
a le singulier mérite d'avoir créé parmi nous 
l'âge de la féerie et des enchantements



c'était 
comme si on avait vécu 
dans 

une féerie 

ou dans 

un conte des Mille et une nuits 





au moment où notre nom résonne dans la bouche du présentateur surtout si celui-ci l'entoure comme fit Elstir de commentaires élogieux  

ce moment sacramentel analogue à celui où dans 
une féerie le génie ordonne à 
une personne d'en être soudain 
une autre 

celle 
que nous avons désiré d'approcher 
s'évanouit... 





monde 
poétique
irrationnel
























une fontaine 

fait son bruit de fontaine




elle donne 

son eau claire

au silence

de la Chartreuse
















 











note  rapides

des choses qui passent


des virgules

des évidences 

des preuves

des lumières

des secrets

des mystères

des énigmes 

des lois

des phénomènes

des anomalies

des apparences


des formules enfouies 

des pensées enfuies


















des souvenirs

des oublis

des omissions 

des éloignements

des cauchemars

des féeries

des magies

des fantasmagories 


des musiques savantes  

des doutes qui hantent


un souffle sur les lettres 


si clair
chaque objet dans la pièce

si claire
la vue de la pièce et de la rue

si calme
douce et merveilleuse la lumière 

juste celle du soleil


*


ce qu’ont les yeux


mal vu de bien


les doigts laissé


de bien filer


serre-les bien


les doigts les yeux


le bien revient


en mieux




Michel Deguy


donnant donnant 

est la formule l'échange sans marché


où la valeur d'usage

ne serait que l'échange du don


littérature 

de partout

Tristan Hordé

dans le marais poitevin et autour



des notes 

de lecture 

éparses sur la table

réduites au strict minimum parfois 

plus développées


des phrases 

ou bribes de phrases recopiées 


des réflexions adjacentes 

d'inattendus croisements de chemins


une errance 

sans but inquiète et captivante 


le
livre
lu et relu 
se défait soumis 
à 

une véritable mise en pièces 

en vue de quelque remise en état 
pour l'instant 
douteuse

quelle reconstitution 
toujours à remettre en cause 

?



samedi répit


plus rire


depuis minuit


jusqu’à minuit


pas pleurer



s’être longtemps trompé en croyant


ne pouvoir avancer qu’en nommant


s’abstenir d’habiter


s’abstenir de nommer