Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
mardi, avril 06, 2021
un mot
bref et froid
sans aucun signe de bonne volonté
j'ai reçu
une lettre
me conseillant d'accepter le monde
le vent
a été terrifiant pendant
trois jours
un vitriol sibérien
je ne lis que du Rimbaud
noire bise
averse glapissante
fleuve noir et maisons closes
le diamant du pessimisme
c'est la dernière
goutte d'eau qui déclenche la crise
cardiaque
la peur
suivie d'aucun génitif
cette idée fixe
commence à se cristalliser
j'espère alors qui lui poussera
sept pétales
spectraux
l'éponge sera bientôt à nouveau sèche
une clarté vient
et elle n'est absolument
rien de tout ce qu'elle pourrait
imaginer penser et dire
elle est indicible
elle constate que l'univers
à chaque niveau de sa manifestation
n'est pas quelque chose
à cet instant elle dit
vide
mais si
elle demeure attentive
elle réalise qu'il n'est pas rien non plus
*
le vide intervient à plusieurs étapes du retour vers la splendeur chaque fois on passe du vide à la clarté indicible par une persistance de l'attention par un discernement tenace
c'est comme si
le regard d'abord plongé dans l'obscurité laissée par la disparition des images qu'on tenait jusque-là pour réelles finissait par s'exercer et s'ouvrir mais que ce qui s'offre à lui est indescriptible à partir des images antérieures d'où le mot indicible
qui ne peut être dit
traduit par des mots à cause de son caractère intense étrange
extraordinaire
inexprimable
ineffable
indescriptible
inouï
inénarrable
intraduisible
insensé
inracontable
innommable
informulable
indéfinissable
incommunicable
inégalable
peut-on dire
que le vide existe
s'il n'est pas connu ou reconnu
?
et s'il l'est
alors ça ne peut être le vide absolu
puisqu'
il y a
une lumière
consciente pour le connaître
il y a
autant de niveaux de vide
qu'il existe de niveaux de croyance
en ceci ou cela
monde objectif
monde notionnel
monde du sujet conscient
la lumière
consciente la splendeur est plénitude
indifférenciée
dans sa toute-puissance liberté
elle se révèle en se niant
c'est-à-dire
en se voilant elle-même
en tant que lumière indifférenciée
rentrer allumer éteindre voir
vrai noir
où à la fin ne plus avoir
à voir
il ne faut pas m’en vouloir si je n’ai rien à dire
je n’ai rien à dire
un bon départ
un ciel vide
un chemin à poursuivre
une bulle de lumière
une forme humaine
A
la surface de l'illusion
A
la surface
au
lieu de s'acharner
sur place sur telle ou telle trace
parades et haute voltige
entre maintenant et maintenant
le temps fut-il
le temps sera-t-il – vide
?
l’infini est la proximité irréparable des corps
un jeu inépuisé
un idéal renversé
une expérience de la dérive
un changement de temps
elle pense
à se retirer des lettres pour gérer
un patrimoine
non
encore une seconde
rien qu'une
le temps d'aspirer ce vide
connaître le bonheur