jeudi, septembre 16, 2021


tu as séparé tes poings

tu les as ouverts

tu as posé tes mains de chaque côté de toi

tu écoutes ou plutôt tu attends

tu diriges ton attente vers des mots

tu reprends ton souffle comme après une course

tu regardes celui qui te parle et tu lui souris

tu murmure alors  je vois

tu tombes à la renverse


















tu ne te demande pas pourquoi 
tes tempes sont si 
étroites


tu racontes de si jolies choses

des 
jours entiers 
s'effritent dans 
la solitude et l'eau 
s'écoule au ras du sol

l'eau 
l'abeille intime dit 
Ovide















un point de vue

une phrase

un nom

une gêne bizarre

une fausse guérison

une région 

vers laquelle je n'ose diriger mes yeux

un trou de mémoire persistant

une présence capitale

une blessure mortelle

une organisation éphémère

une sorte de livre physique

un livre incarné

une archéologie intime 



tout se passe dans l'intime

comme si 
les événements observables 
de mon existence n'avaient sur mes ouvrages 
qu'

une influence superficielle


ce qu'il y a 
de plus important 
l'acte même des Muses 

est indépendant des aventures 
du genre de vie
des incidents
et de tout ce qui peut figurer 
dans 

une biographie



qui favorise 
l'épanouissement 
de la vie intérieure profonde
la méditation 
par son isolement
son calme feutré 

ce qu'on sent 
en sortant de la rue 
pour entrer dans un temple 

quelque chose 
de recueilli 
de doux 
d'intime 
de tendre et de consolant 



un de ces coins intimes 

où 
l'on ne sait 
plus rien du tapage 
populaire 




je marche souvent sur 
un chemin que les mots ponctuent 
comme le font les pierres pour former 
un gué


je les aime ces mots 

parce qu'ils acheminent vers moi 

le meilleur 

de mes souvenirs


un seul mot qui tombe

une esquisse

un regard

une enfance

un miroir 

nous restons les jouets d'une ombre

sanglier singulier solitaire sanglots 


















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