mardi, mars 09, 2021



 

C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça 

Telle 
est la dernière phrase 
que 

Jack Spicer 

sur son lit de mort  aurait dite à Robin Blaser 
son compagnon de route

































C’est mon vocabulaire qui m’a fait ça  

ou 
en fonction 
de l’intonation 

Mon vocabulaire m’a fait ça à moi 




















cette phrase qui résonne comme une épitaphe illustre à elle seule l’univers de Jack Spicer 

Ce que le poète entend par là par  faire  n’est nullement de l’ordre de la métaphore ni une façon plus ou moins adroite de traduire originalement la classique idée de l’opérativité du langage

Il ne s’agit pas de lire dans chacun des termes de cette phrase autre chose que ce qu’ils évoquent et à quoi ils seraient censés renvoyer

Il ne s’agit pas non plus d’y déceler une autre formulation  profane d’un logos créateur par lequel le réel s’instancierait

Quand Spicer dit que le vocabulaire  fait  quelque chose c’est bien  tout simplement  qu’il  fait  quelque chose

Qu’il fabrique

Que le langage dispose bien d’une existence propre et qu’il a un réel pouvoir sur les gens

Il n’est pas  parlé par des gens  ni même n’émane d’eux

Le langage est un monde à part autonome

Pour Spicer  le poète n’est alors qu’une forme de réceptacle/émetteur à travers lequel une parole parle 

Le poète est une radio

À l’exact opposé de l’idée d’une poésie surgissant de l’intérieur la poésie selon Spicer vient de dehors

 Et cela encore une fois  n’est nullement à entendre de façon métaphorique ou imagée 


Je ne crois pas 

que cela a quelque chose à voir avec 

ce qui est dans mon cerveau


Je crois 

qu’il y a quelque chose DEHORS

Je crois réellement à cela


Ou encore 


Je crois que les poèmes 
sont diffusés vraiment comme des messages 
qui passent à la radio et que le poète
est une radio

Je ne crois pas du tout que les poèmes 
viennent de l’intérieur 

En tout cas pas les bons

Vous obtenez toutes sortes de parasites de la radio ceux des mauvais transistors et ainsi de suite mais je pense fondamentalement que les poèmes viennent de l’Extérieur

Je ne sais d’où et je n’en ai pas de notion théologique ou d’autre sorte 

La chose que j’utilisais avant était les martiens verts mais  visiblement  ce ne sont pas les martiens 

Mais je pense que les poèmes proviennent quand ils sont bons de l’Extérieur  et je pense qu’ils donnent des messages aux poètes  aux autres poètes  mais je ne suis sûr de rien excepté que je sais que à mon avis  un poème n’est pas quelque chose qui vient de moi sauf si c’est un mauvais poème et j’en ai beaucoup


V // P

















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