mercredi, janvier 13, 2021


12ème examen


et quant aux maux 

qu'entraîne avec soi le Destin

juge-les ce qu'ils sont

supporte-les

et tâche

autant que tu pourras

d'en adoucir les traits 

les Dieux aux plus cruels n'ont pas livré les sages






















Pythagore admettait deux mobiles des actions humaines, la puissance de la Volonté  et la nécessité du Destin, et qu'il les soumettait l'un et l'autre à une loi fondamentale appelée la Providence de laquelle ils émanaient également

le premier de ces mobiles était libre, et le second contraint : en sorte que l'homme se trouvait placé entre deux natures opposées  mais non pas contraires, indifféremment bonnes ou mauvaises  suivant l'usage qu'il savait en faire

la puissance de la volonté s'exerçait sur les choses à faire ou sur l'avenir  la nécessité du destin  sur les choses faites ou sur le passé  et l'une alimentait sans cesse l'autre  en travaillant sur les matériaux qu'elles se fournissaient réciproquement : car  selon cet admirable philosophe  c'est du passé que naît l'avenir  de l'avenir que se forme le passé  et de la réunion de l'un et de l'autre que s'engendre le présent toujours existant  duquel ils tirent également leur origine : idée très-profonde  que les stoïciens avaient adoptée. 

ainsi  d'après cette doctrine  la liberté règne dans l'avenir  la nécessité dans le passé  et la providence sur le présent

rien de ce qui existe n'arrive par hasard  mais par l'union de la loi fondamentale et providentielle avec la volonté humaine qui la suit ou la transgresse en opérant sur la nécessité

l'accord de la volonté et de la providence constitue le Bien  le Mal naît de leur opposition


l'homme a reçu pour se conduire dans la carrière qu'il doit parcourir sur la terre  trois forces appropriées à chacune des trois modifications de son être  et toutes trois enchaînées à sa volonté

la première  attachée au corps  est l'instinct 

la seconde  dévouée à l'âme  est la vertu 

la troisième  appartenant à l'intelligence  est la science ou la sagesse


ces trois forces  indifférentes par elles-mêmes  ne prennent ce nom que par le bon usage que la volonté en fait  car  dans le mauvais usage elles dégénèrent en abrutissement en vice et en ignorance

l'instinct perçoit le bien ou le mal physique résultant de la sensation 

la vertu connaît le bien et le mal moraux existants dans le sentiment 

la science juge le bien ou le mal intelligibles qui naissent de l'assentiment 


dans la sensation  le bien et le mal s'appellent plaisir ou douleur

dans le sentiment  amour ou haine

dans l'assentiment vérité ou erreur


la sensation  le sentiment et l'assentiment  résidant dans le corps  dans l'âme et dans l'esprit  forment un ternaire qui se développant à la faveur d'une unité relative  constitue le quaternaire humain  ou l'Homme considéré abstractivement

les trois affections qui composent ce ternaire agissent et réagissent les unes sur les autres  et s'éclairent ou s'obscurcissent mutuellement  et l'unité qui les lie  c'est-à-dire l'Homme  se perfectionne ou se déprave  selon quelle tend à se confondre avec l'Unité universelle  ou de s'en distinguer

le moyen qu'elle a de s'y confondre  ou de s'en distinguer  de s'en rapprocher ou de s'en éloigner réside tout entier dans sa volonté qui par l'usage qu'elle fait des instruments que lui fournit le corps  l'âme et l'esprit s'instinctifie ou s'abrutit  se rend vertueuse ou vicieuse sage ou ignorante  et se met en état de percevoir avec plus ou moins d'énergie  de connaître et de juger avec plus ou moins de rectitude ce qu’il y a de bon  de beau et de juste dans la sensation  le sentiment ou l'assentiment  de distinguer avec plus ou moins de force et de lumières le bien et le mal  et de ne point se tromper enfin dans ce qui est réellement plaisir ou douleur, amour ou haine vérité ou erreur


l'Homme  tel que je viens de le dépeindre d'après l'idée que Pythagore en avait conçue  placé sous la domination de la Providence  entre le passé et l'avenir  doué d'une volonté libre par son essence  et se portant à la vertu ou au vice de son propre mouvement  l'Homme dis-je  doit connaître la source des malheurs qu'il éprouve nécessairement  et loin d'en accuser cette même Providence qui dispense les biens et les maux à chacun selon son mérite et ses actions antérieures ne s'en prendre qu'à lui-même s'il souffre par une suite inévitable de ses fautes passées

car Pythagore admettait plusieurs existences successives, et soutenait que le présent qui nous frappe et l'avenir qui nous menace  ne sont que l'expression du passé  qui a été notre ouvrage dans des temps antérieurs 

il disait que la plupart des hommes perdent, en revenant à la vie  le souvenir de ces existences passées mais que  pour lui il devait à une faveur particulière des Dieux d'en conserver la mémoire

ainsi  suivant sa doctrine  cette Nécessité fatale dont l'homme ne cesse de se plaindre  c'est lui-même qui l'a créée par l'emploi de sa volonté  il parcourt  à mesure qu'il avance dans le temps  la route qu'il s'est déjà tracée à lui-même  et  suivant qu'il la modifie en bien ou en mal  qu'il y sème  pour ainsi dire ses vertus ou ses vices il la retrouvera plus douce ou plus pénible  lorsque le temps sera venu de la parcourir de nouveau




















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