samedi, novembre 28, 2020





Il faut un frère cruel au langage

David Bosc

L’écrivain et critique David Bosc tente ici de penser le rapport singulier que les écrivains peuvent entretenir avec le langage. Son texte s’ouvre sur l’adage fameux de Nicolas Boileau, selon lequel Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement . Cette affirmation est d’emblée mise en regard d’autres citations qui constituent autant de témoignages d’écrivains sur leur expérience.

































David Bosc, en lecteur et en écrivain, entre en dialogue avec ces voix plurielles et s’interroge avec elles sur la place de l’intention et du rythme dans l’écriture, sur ce qui peut pousser à écrire, ou sur ce qu’on peut entendre ou désigner par auteur ou créateur. Il se fraie un chemin à travers des mots dont il fait entendre toute l’épaisseur de sens : celui d’instance, par exemple, qui serait peut-être plus juste que celui d’auteur pour penser la création. Il fait ainsi résonner, dans ce tissage de voix d’autres «praticiens» et penseurs, et ce depuis leur singularité, une expérience commune de l’écriture, celle d’un non-savoir, et d’une aventure qui relève moins d’une intention maîtrisée que d’un perdre pied au sein du langage.


Il faut un frère cruel au langage
David Bosc
Héros-Limite





























 

le tout est stable dans l'instable

un globe

comme 
le nôtre au repos
sur

un piédestal de vide

une balle 

de ping-pong
à l'aise au sommet du jet d'eau












j'ai 
reposé mes opérations

les plus 
et les moins 
de mes calculs

s'annulaient 
et me faisaient revenir 
inexorablement au point de départ








tu 
te maintiendras 
donc placide 
serein 
dans ton geste 
qui n'est 
ni étreinte ni mise en garde
mais tient

un peu des deux 
 
une pure affirmation
qui n'affirmerait 
rien

la bulle éclate
l'attention se détourne

les nuages dans la mare 
se bousculent en fragments dentelés


je pense 

à ces amis
qui sont venus me voir à la journée
d'hier

un angle
insolite de mémoire

un jour triangle
ouvert 
par effraction dans le silence

















 

quand

un chef 
de gouvernement

pense que s'il ne remporte pas

une 
troisième
 
ou 

une quatrième élection

il ne sera pas satisfait

il démontre

un 
incommensurable 
sentiment de petitesse intérieure









les hommes 
souffrent naissent et meurent

comment accéder 
au sanctuaire des figures sacrées 

?

*


le jardin
un paradis
votre jardin
une basilique
un harem
une nécessité
rien sur la montagne
la subjectivité

elle
s'endort dans
une salle obscure

déplacement sur la vie du Christ
































inconnaissable

inaccessible

incompréhensible

inabordable

inconcevable


incognoscible 


qui ne peut être connu ou compris 
par la seule intelligence 
humaine





















la troisième 
personne de la Trinité

elle est 
plus déconcertante encore que 
la première. 

elle est

par 
excellence 
l'incognoscible    

en route


de cet inconditionné 

de cet absolu 

de l'absolu

dont on ne peut dire 
ce qu'il est 

encore moins 
ce qu'il 
veut
 

de 
cette source 
même
 
de
l'indéfinissable  

de 
l'incognoscible





















 


il y a 
des affections franches

il y a
des cruautés franches aussi

je 
dispose 
d'

un dehors délicat

je suis

l'homme 
qui n'embellit pas plus la vérité 
qu'il n'y paraît

je suis





























un couteau 
à la lame bien droite

je ne raconte rien de moi


je suis

l'
homme intrépide nimbé 
d'

une lumière d'argenture 

je suis 
un couteau 
qui coupe bien

je suis

l'homme gentil
qui retourne toujours 
vers le haut 
sa lame

il y a
bien trop 
de critiques sur la 
civilisation

ni 
l'espoir 

ni 
le désespoir 
ne sont nécessaires

ce que 
je recherche
c'est

un quelque chose

un quelque chose
qui ne saurait être divisé
entre la lumière et l'ombre




je réforme 

le grand Tout de mon être

tantôt

je me repose

tantôt

je suis en mouvement

je garde la maîtrise 

de toutes les forces de ma tête 




























Édith Azam Mercure


Ja dis hiiièr : « Mes peurs de pas nyarriver. ». Aujourd’huuui, ja nessaillé de pas avoir la pensitude de ça davan Karpianon. Ja même fait dans ma Tê… dans ma Tê-teu la procéduration inverse. Durant toute la journance, ja ma suis fisKée de les XXXerCiCes un peu plus pas-falciles, avecK l’ojbectif de rester dans le clalme quand ja farai pas la réussite. Pour garder la calmance, ja me suis dit que comme la Klompication elle atait ogmantitée, le ratage il atait très normalement-normal Kil viende et que ja davais pas trop me gronder face à mes imparfaitements. Cé quoi les choses plus Klompliquées que ja faites ? Cé que sur le Khiiié ja écrit les nnnotes Ki volent et Kelles sont même pas dans les lignations ces nnnotes. Alors, à la débutation, rien que de les zacrire, de les zaccrire rien que, ça me fazait Bo Kou de la difficulté. Java du mal à rester dans la cadrance de la page, les nnnnotes, elles fazaient un peu comme les Hoizo quand ils volent avec libertance. Oui, à cause de mon maginaire il est plus fort que moi, java plus la fixité des choses, et les nnnotes elles se deviendaient en Hoizo, et les lignations j’en fazais des HHarbres ou des nuageries. Ca m’a fait un drôle de dessin. A la débutation-du-début, java Klomplètement oublié que ja voulavais KKKraVVailler la zécriture de la mmmuzzzique. Mon maginaire il mava fait transformer mon volonté, il ava pluvérisé ma volontance de cadrance.





Cette langue
 
se fait dans les bulles 
dans la bouche 
dans l’écriture 
du sourire des poignets 
les yeux 
les yeux bleus 

Cette écriture 

qui nous regarde & nous demande 
de la regarder 
a une incroyable manière 
d’exister 
de respirer 
d’aspirer & de souffler 
d’ébranler le monde & donc le lecteur 
de l’éprouver
par ricochets 
successifs & de plus en plus vifs 
nets
tranchants jusqu’à la noyade 
à l’asphyxie