lundi, octobre 26, 2020



 

La lune n'est que le premier des morts
et je suis assis le visage à l'air libre,
jouant avec des cordes et je regarde
les collines mordre le ciel, pris
dans le souvenir d'une grotte où j'ai vécu.

*



























«Avec Longjaunes son périple, Howard McCord propose un « Chant général » rocailleux, déchiré, haletant, irrigué par une spiritualité nourrie de sagesse présocratique et de bouddhisme chan. Il y a une violence fertile dans ces vers, qui atteint à la vérité élémentaire du monde. Dans la lignée du Chant de la piste ouverte de Whitman ou de La Prose du Transsibérien de Cendrars, Howard McCord a inventé un genre poétique unique : l’épopée chamanisme.»

Longjaunes son périple (1968) se lit comme un chant épiphanique suivant un périple à travers des territoires de différents continents dont le poète a arpenté les inépuisables espaces désolés, des waste lands du Midwest aux contreforts de l’Himalaya ou d’Islande…

traduction & postface
Cécile A. Holdban & Thierry Gillybœuf
(Édition bilingue / en coédition avec La Grange Batelière)
































 

pourquoi au juste

cela arrivât juste  ce moment là

le dire  bien sûr

le demander

la chose  un secret  quelque chose à dissimuler

ce fait même

une énorme part de sa nature

une babiole  sans le dire à personne

une poche de pantalon

un timbre rare  une vieille pièce

















petits boutons de manchette

trouvés en chemin  une allée de parc

un galet de cornaline  un coquillage une tache

une rayure insolite  une sensation de possession

une sensation de protection une manière exquise 

lieu de forteresse 

un isolement



















 

voici que le soir arrive


laissez-moi

parler aux esprits

assis dans cette Barque

afin que j'y puisse y entrer et en sortir 

à mon gré


















que je puisse

contempler les Mystères à l'intérieur

de la Barque

et remettre debout cette divinité

qui ne respire

plus



















le 
langage 
est 

notre sol 

notre chair 


elle 

se
représente toujours le chantier 
comme 

un creux 

une ouverture du sol 

















et 

l’
avancée 
d’

un texte

sa progression

comme 

une marche en montagne

























25.10.2020  14:00

heure d'hiver au lac de Presset





























poussez 
suffisamment loin vers le vide

attachez - vous
suffisamment  fort à la quiétude

la 
quiétude devient

une partie
du Toujours-Ainsi






Lao-Tseu

connaître le Toujours-Ainsi 
c'est être illuminé 

































 

 




toutes les formes de lumière

elle sait

ne sont autres

que des vagues multicolores

qui déferlent sans cesse

















de même son sang rouge

elle sait

n'
est autre 
qu'

une vague

qui bientôt s'éloignera 
























la barque solaire 

est 

un objet 

symbolique 
de la mythologie égyptienne 
lié au cycle journalier du soleil et au démiurge 
qui lui est associé






















pour les Égyptiens de l'Antiquité le cycle perpétuel du lever et du coucher du soleil est comparable au cycle de la vie et de la mort Ainsi chaque matin le soleil naît à l'orient croît jusqu'au zénith  puis vieillit jusqu'à l'occident où il disparaît dans le royaume des morts  Ce voyage diurne  le dieu solaire Rê le fait à bord d'une barque appelée mandjet  Le choix d'une barque comme moyen de transport se comprend aisément dans une civilisation résolument fluviale où le Nil occupe la place d'axe principal de communication et de source quasi-exclusive d'alimentation grâce aux crues, à l'irrigation et à la pêche


















paysage

attente et désir d’horizon en période 

de couvre-feu


aménager 

le noir des signes sur le blanc de la page 

avec 

une intensité continue


attendre

dans le secret des paysages silencieux
















Créer 

Peut-être pas le bon mot Pas de meilleur 

Créer Un réel La première fois. 

Témoigner Seulement. 

Rendre compte  Des choses à dire Le matin

Les anomalies On s’arrête 

On ne se dit pas grand chose 

La fatigue

Par nature. Pas beaucoup  Des choses à dire. 

Une exception. 

Je n’ai pas pu


Un endroit où vous avez l’habitude d’aller

Un grand jour décidément 

Tout compte fait 

Plus tard


L’habitude de deviner  Discrètement 

Ses yeux noirs L’impression d’être regardé 

Comme toujours

Je me vois comme je suis 

Une manière de regarder

Ce qui m’excite et me fait peur

Dans mon rêve


J’ai parlé Un point d’ancrage 

Un peu de temps pour imaginer 

Chez nous par hasard 

Le seul souvenir 

Chez moi 

Regarder la télé


Là où ni l'un ni l'autre

Liminaire























la 
sculpture 
de 

Louise Bourgeois 

No exit 






















est inspirée d’un souvenir d’enfance, lorsque Louise Bourgeois se cachait sous les escaliers pour espionner son père. 

Il s’agit d’une cellule représentée par les panneaux métalliques qui entourent un escalier en bois très raide s’élevant presque jusqu’au sommet du panneau. 

À l’entrée de l’escalier, deux boules jaunes. 

La cellule est ouverte, sans toit, ni même de fermeture, qui n’aboutit à rien, mais nous avons tout de même une impression d’enfermement renforcé par les deux boules qui semblent obstruer l’entrée. 

On hésite d’ailleurs à pénétrer à l’arrière de l’escalier qui parait absurde, puisqu’il mène nulle part. 

Pas d’issue comme l’indique le titre de l’œuvre : No exit. 

L’artiste a suspendu dans une cache sous l’escalier, deux cœurs en caoutchouc. 

Nous sommes condamnés comme Sisyphe à rouler une pierre à un sommet qui dévale aussitôt et l’oblige à recommencer de nouveau. 

Sans issue de secours, porte de sortie. 

Nous sommes emprisonnés dans 
nos souvenirs, 
nos secrets, 
notre passé et ne pouvons pas en sortir.








No Exit
Louise Bourgeois 
1989 à la Fondation Louis Vuitton
dans le cadre de l’exposition
Cindy Sherman 
Retrospective & Crossing Views