mercredi, octobre 07, 2020



 

quand 
je connais
l'

herbe

qu'est-ce que 
je connais au juste

?
















chaque fois 

d'abord et avant tout

je connais

il y a


c'est de cela que la Déesse entretient 

Parménide


l'unique réalité

est

ce qui permet de savoir

il y a


plus loin la Déesse précise


c'est

une même chose

connaître et la connaissance

qu'il y a


chaque fois

que je perçois ou connaît 

un objet

profondément

je sais

il y a




c'est seulement en tant
qu'il est
qu'on peut
le percevoir
et par sa vraie nature
les deux

sa vraie nature
est claire pour qui l'appréhende
en tant qu'il est

Katha Upanisada VI 13














































elle dit

je crois

que 

je veux vivre dans la beauté


écolière  

Osamu Dazai






sortie du bain 

elle ne sait pas pourquoi

les étoiles

ce soir 

la  préoccupent


elle sort dans le jardin les voir 

on dirait qu'il en pleut


je suis

un flux d'eau vive 

mon flux caresse toute plage

j'aime tout






entre l’idée

et la réalité


entre le mouvement

et l’acte


Tombe l’ombre


Car Tien est le Royaume


entre la conception

et la création


entre 

l’émotion

et la réponse 

tombe l’ombre


la vie est très longue


entre le désir

et le spasme


entre la puissance

et l’existence


entre l’essence

et la descente


Tombe l’Ombre



l'abandon s'entretient 

avec soins 

les oublis se préparent méticuleusement 


la 
sérénité 
douce qui accompagne 
la révélation 
d'

une érosion 

apaise

la marque des années 

accentue 

les rides 
autour des yeux 
d'

un sourire 
invisible que l'on donne 
à son bonheur








elle touche 
les petits organes


le poids 
des cordes et des vessies   


volume 
d’

un timbre


l’
ombre en elle 
d’

un écho 


le double son 








elle élève 

une exigence d’infini 


elle cherche 

à se frayer passage à travers le temps 

à travers lui et non par-dessus


elle est 

une forme 

d’apparition du langage





























un arbre
là 
monta 


pur surmontement!

O




























or 
chante Orphée! 




























Arbre
dans l'oreille
 
haut! 

et 
tout 
fut silence 

en 
ce silence 
pourtant

départ 
s'engageait 

autre 
commencement
 
signe !

Bêtes 
d'impassibilité

de nids 
de gîtes

éparse claire 
de la forêt débouchaient

et il advint
que
non
en elles
de ruse
non plus que de crainte 
si légères
étaient

mais
d'entendre 

petits 
en leur cœur 
paraissaient

rugissement brame 
cri 

et
à peine encore
qui cela
reçût 
où même
n'était de lutte

à 
notre soin le plus obscur 
refuge donné
qui
ouvert 
tel branchage
frémissant se dresse 
 
un temple 
tu leur créas 
dedans l'ouïe


Maintenant

est 

un 
moment 
intéressant

Maintenant 

maintenant maintenant

pendant que je mets le doigt dessus 

maintenant

il s'envole au loin

et 

un 
nouveau  
maintenant  
arrive












































 





quand 

l'urbanité s’accommode 

des arbres 




























j'ai 
la folie 
d'

un espoir 

qu'

une harmonie 

est possible 
entre le vivant et nos désirs 
de béton





dans 

son souvenir 

l'arbre pousse toujours au milieu 

de la cuisine








arbres de kugenuma

KARL



































 





Parménide 

est 

un des plus grands sages de l’Occident






 

son poème 

un des textes les plus commentés 

de la philosophie 

de Platon à Heidegger

Parménide vécut à la fin du vie siècle dans cette région du sud de l’Italie qu’on appelle la Grande Grèce. Initié, sage, guérisseur, poète, héritier d’une tradition spirituelle remontant à la nuit des temps, il a laissé un poème dont il ne nous reste que quelques fragments, mais encore capable, 2500 ans plus tard, de réveiller les morts.


Si la civilisation occidentale s’était édifiée à la lumière de la révélation bouleversante que la Déesse a confiée à Parménide plutôt que sur le rationalisme et l’individualisme des penseurs qui sont venus après lui, elle n’aurait pas pris un faux départ et ne serait pas en train de vivre la mauvaise arrivée que nous lui connaissons. Nous avions déjà en Occident tout ce qu’il faut pour édifier une civilisation harmonieuse et magnifique, mais nous l’avons laissé s’échapper. Après Parménide le destin de l’Occident en devenir s’est assombri de façon tragique.

Jean Bouchart d’Orval nous donne ici une traduction lumineuse du texte ainsi qu’un commentaire profond qui montre le sens spirituel de cet antique poème et son pouvoir d’éveil.



Diplômé en physique et en génie nucléaire de l’Université de Montréal, Jean Bouchart d’Orval s’est toujours posé des questions fondamentales, ce qui l’a mené à une approche plus directe de la réalité. Il a dès lors consacré sa vie à approfondir l’intuition fondamentale de l’existence qui l’avait saisi dès l’adolescence. Depuis plus de trente ans, il écrit des livres et propose des rencontres publiques qui sont autant d’invitations à une exploration fondée sur le pressentiment de la joie sans cause et son actualisation dans la vie.