mercredi, septembre 16, 2020


j’ai 

le sentiment que les autres 

ont raison 


de 

n’être pas de mon avis

de

n’être pas moi 


de ne pas 

m’accepter tout entier











avec quoi fait-on 

la morale et la science et les lois 

de la vie 

toujours 

avec le désespoir des autres




je me représente le livre comme 

un bâtiment 

une page est une pièce. 

la couverture est la façade 

si ceux qui suivent sont les seuls mots de la page :


aime un peu


alors 

il n'y a rien d'autre dans cette pièce 


tu peux t'arrêter là pour y penser 

ou passer ton chemin


les images dans d'autres pièces 

éclaireront les images dans d'autres pièces encore


pas du tout


il ne s'agit pas 

de prose

mais 

de poésie

et pas de poème isolé 

mais 

de recueil 

ou 

suite



le lecteur que je suis

et tente de suivre à la trace

n'a rien d'

un érudit


il aurait plutôt tendance 

à n'être qu'

une ombre passante 

et qui divague 

un peu trop à sa guise


s'il lit 

c'est toujours pour s'égarer dans des jeux de lecture 

qui l'amènent immanquablement à douter 

de l'existence de sa propre personne 

de lecteur 


aussi est-il en droit de se demander 

s'il a vraiment lu ou seulement 

cru lire 

?


sur sa lecture

si révélante qu'elle ait pu être

plane toujours l'ombre d'

un doute 

et dont il ne parvient pas 

à se défaire. 


A-t-elle bien eu lieu ? 


en dernier recours 

et pour dissiper toute incertitude

il ne lui reste plus qu'à interroger ses mains 



savoir 

s'il brûle ou gèle en tenant 

un livre en main

















on retrouve 

un enracinement charnel

physique

musculaire 


l’effort n’est pas du tout forcé 

ce n’est pas 

une compétition


on s’arrête quand on veut


on est dans l’éloge 

















de la lenteur

de la tranquillité

de l’apaisement


on n’a de compte à rendre à personne

 

on perd son temps

on le perd avec bonheur

on ne laisse plus le temps nous prendre

on prend son temps


on a l’esprit qui bat la campagne

dans tous les sens du terme


on n’est plus accroché à nos soucis

on va au-devant du monde

de l’imprévu 

on est dans 

une forme de disponibilité

prêt à saisir toutes les occasions

ouvert aux événements





















aux rencontres.