Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
samedi, mai 30, 2020
déplacement rapide
MAI NOVALIS
vous
avez vécu
deux mois dans
un monde de fantômes grimaçants
télé
vous
ouvrez un livre
vous
tombez
sur des phrases du poète allemand
Novalis
:
les maladies
sont à considérer comme des démences corporelles
et certes pour une bonne part comme
des idées fixes
seule
la faiblesse de nos organes et de notre contact
avec nous-mêmes nous empêche
de nous apercevoir dans
un monde de fées
ou encore
l’homme
parfaitement lucide s’appelle
le voyant
toutes les limites qui existent
c’est seulement pour qu’elles soient franchies
et ainsi de suite
ou encore
le voyant est extralucide
l’humanité ?
un rôle humoristique
Novalis
est né en 1772 et mort en 1801
c’est un contemporain de Hölderlin
il a écrit des choses comme ça
75 ans avant Rimbaud
TEMPS Zeit
2.0121
2.0251
6.3611
6.3751
6.4312
nous
ne pouvons absolument
nous figurer
des objets
temporels en dehors
du temps
l'espace le temps et la couleur la capacité d'être coloré sont
des formes des objets
*
le temps
une nuée de poudre
un éclair pourpre griffant l'horizon
un feu de l'aube
un rêve de sable
un étang bleu
un imaginaire dépourvu de racines
un labyrinthe kafkaïen
un géranium blanc dans le soir tombant
un bain de lumière
un désert vertigineux
une joie inédite pour les jours suivants
une beauté somptueuse à la voix d'été
*
tout le temps en contre-temps et
j'adore ça
la voie
suivie sous la nuée enrichie
du printemps
une matinée couverte en mai
pas de comparaison
ici
et maintenant plantons le
décor
dans le clair déluge qui sourd des prés
la dimension
visible des silences s'entend
qui
comprendra
pourquoi
deux amants
qui s'idolâtraient
la veille
pour
un mot
mal interprété
s'écartent
l'un vers l'orient
l'autre vers l'occident
avec
les aiguillons
de la haine
de la vengeance
de l'amour et
du remords
et ne se revoient plus
chacun drapé dans sa fierté
solitaire
je frissonne
à la fois de bonheur et de froid en écoutant
tout en écrivant
la vie est dure à porter
mais n’ayez donc pas l’air si tendre !
nous sommes tous des ânes et des ânesses
chargés de fardeaux
qu’avons-nous de commun
avec le bouton de rose qui tremble
puisqu’
une goutte de rosée
l’oppresse
il est vrai que nous aimons
la vie
mais ce n’est pas parce que nous sommes habitués
à la vie
mais à l’amour