mercredi, mai 20, 2020





Julia Fish



PLAN

NORTH 

BLUE WITH ORANGE

2017 

Rhona Hoffman Gallery 

Chicago

































le soleil brillait

n'ayant pas d'alternative

sur 

le rien de neuf



elle faillit fermer les yeux

on ferme


Murphy














Murphy 
est la version anglicisée du nom irlandais Ó Murchadha 
qui signifie  fils de Murchadh 

ces mots sont dérivés du nom de personne
irlandais Murchadh qui signifiait  
guerrier de mer 

Muir 
signifie mer et cath signifie  bataille 

c'est 
le nom irlandais le plus courant

Loi de Murphy  loi empirique

Signe de Murphy
en médecine signe clinique 
utilisé pour le diagnostic différentiel de douleurs abdominales



Murphy
premier roman de Samuel Beckett 


































TROIS 
démarches


la démarche du croyant
elle propose la discipline et risque 
l’intolérance

la démarche du sachant 
propose la lucidité et risque 
l’orgueil

la démarche du connaissant 
propose l’admiration et risque 
la dominance















TROIS
moteurs d'évolution

pour le croyant c’est 
la confiance

pour le sachant c’est 
la compréhension

pour le connaissant c’est 
l’assimilation





TROIS 
outils d'évolution

pour le croyant c’est 
la dévotion religieuse avec pour risque 
le fanatisme

pour le sachant
c’est la recherche intellectuelle avec pour risque 
le jugement

pour le connaissant 
c’est la perception subtile, avec pour risque 
l’illusion




CROIRE 

c’est prendre à son compte des informations ou des enseignements qu’on ne peut pas ou qu’on ne cherche même pas à vérifier  et s’y tenir fermement


SAVOIR 

c’est se fier à des informations qu’on a reçues ou collectées mais que l’on n’a pas vérifiées soi-même


CONNAITRE 

ce sont des informations qu’on a vérifiées ou des expériences qu’on a vécues et intégrées au plus profond de soi











































Stéphane Mallarmé

par Manet

1876














Apprendre à lire 
avec Mallarmé le plus obscur des poètes

Bertrand Marchal
professeur de littérature française Sorbonne Université



A 20 ans 
Mallarmé écrivait un texte dans la revue L’Artiste
intitulé  

Hérésie artistique 

l’art pour tous 

De quoi se plaint-il ? 

A la différence des musiciens, note-t-il, qui sont protégés par le langage ésotérique de la musique – n’importe qui ne peut pas lire une partition –, les poètes, eux, utilisent la langue commune et sont donc exposés aux railleries du moindre citoyen, qui peut revendiquer le droit de porter un jugement sur la poésie tout simplement parce qu’il a appris à lire à l’école. 

Mallarmé revendique pleinement l’élitisme de la poésie  

l’homme peut être démocrate
l’artiste
lui
doit être aristocrate 

Mais cela ne suffit pas à expliquer sa propre obscurité. 

Pourquoi est-il si difficile à comprendre ? 

C’est que lorsque nous lisons, nous déroulons inévitablement une signification, compétence que nous avons acquise par l’institution scolaire. 

Mais le tort de cette lecture courante 
est que 

plus un texte est lisible, moins il est visible.

Qu’est-ce que c’est que la visibilité d’un texte ? 

C’est la conscience qu’il nous donne de l’écriture, celle que nous avons lorsque par exemple nous sommes confrontés à la lecture d’une langue étrangère que nous ne maîtrisons pas : 

l’écriture
ce sont des petits dessins noir sur blanc 
et il ne va pas de soi qu’ils produisent 
une signification

Il y a donc ce que Mallarmé appelle  un mystère dans les lettres  qui fait que, à partir de quelques signes,  les quelque vingt lettres de l’alphabet  ces vingt et quelques petits dessins conventionnels, on a pu produire toutes les langues qui se parlent dans le monde indo-européen et avec elles, la multitude des représentations, des mythes, des constructions intellectuelles. 

Tout cela à partir de vingt signes.

Si l’on n’a pas conscience de ce mystère profond des lettres, on reste sur l’idée, évidemment fausse, d’une transparence du langage, que l’on réclame – si l’on ne comprend pas, on proteste. 

Mais plus le langage est transparent, moins on en a conscience et par conséquent, 
plus on en est dupe. 

Car le langage est tout sauf transparent. 

C’est 

une illusion
une illusion construite
un leurre

Il n’est pas simplement un instrument de communication

Il est ce qui nous permet de produire du sens, capacité de signifier qui est le propre de l’humain et permet la création des dieux et des âmes. 

Voilà la conscience qu’a Mallarmé de ce mystère des lettres.

Le travail du lecteur

Mallarmé 
ne compte pas sur les professeurs de l’avenir 
pour expliquer sa poésie

Le lecteur 
a le droit de refermer le livre parce que  
ça ne veut rien dire 

Si vous voulez aller au-delà de cette répulsion que peut produire un texte réputé hermétique, vous êtes obligés de vous poser la question de savoir ce que c’est que lire, ce que représente l’acte de lecture, en quoi il consiste. 

Question que l’on ne se pose pas quand on lit le journal ou un roman de plage ou même un roman de Zola en qui son ami Mallarmé reconnaissait un grand poète parce qu’une première signification se produit immédiatement. 

Tandis que devant un poème de Mallarmé, surtout devant les poèmes de la maturité, vous pourrez ne rien comprendre, ne rien percevoir. 

La lecture-réflexe, celle que vous avez acquise à l’école, ne vous est d’aucun secours, vous devez acquérir une deuxième compétence de lecture lorsque le sens ne va plus de soi, c’est-à-dire 

une lecture réflexive.

Deux grands procédés dans l’écriture mallarméenne vous y obligent. 

Le premier procédé est 
l’ellipse 

c’est-à-dire l’escamotage de ce que l’on peut appeler les parties  molles  du discours. 

Par exemple, Mallarmé supprime le verbe et met en contact le sujet et le prédicat. 

C’est au lecteur de faire le travail pour restituer le rapport qui existe entre les deux éléments apposés. 

Alors, il prend conscience que lire, c’est toujours relier, c’est établir des relations entre les mots. 

Quand nous utilisons la syntaxe du langage commun, cette liaison sujet-verbe-complément est quasi-automatique, nous nous y retrouvons sans avoir besoin de réfléchir. 

Mais lorsque cet ordre est perturbé, lorsqu’il y a des ellipses, c’est à nous, lecteurs, de construire le sens : la lecture, en ce sens, est une construction. 

C’est aussi une construction lorsque nous lisons le journal mais nous n’en avons pas conscience.

Avec Mallarmé, si nous voulons accéder à quelque chose qui soit de la signification, nous sommes obligés d’en passer par une construction consciente d’elle-même.

Le deuxième procédé est  
l’incidente 

Entre deux mots qui sont en rapport étroit dans la phrase – le sujet et le verbe par exemple, le nom et l’adjectif – Mallarmé distend l’espace en y insérant des propositions incidentes, ce qui oblige le lecteur à conserver une conscience aiguë de la logique syntaxique de la phrase pour en retrouver le fil. 

Ce fil ne lui est plus tendu, comme le fil d’Ariane pour se retrouver dans le labyrinthe. 

Il doit le trouver et le dérouler alors même qu’il est invisible.


Ne pas vouloir comprendre

Mais ce travail réflexif que je viens de décrire ne saurait faire oublier l’essentiel pour entrer dans la poésie, et celle de Mallarmé en particulier : pour la comprendre, il faut d’abord ne pas nécessairement vouloir comprendre, au sens de son intelligibilité, mais l’éprouver comme une véritable jouissance simplement sensible, musicale et plastique. 

La conscience des mots commence par là. 

Degas se plaignait devant Mallarmé de ne pas réussir à écrire des poèmes alors que, disait-il, il avait  beaucoup d’idées . 

Et Mallarmé lui aurait répondu, selon Paul Valéry qui rapporte l’anecdote dans Degas danse dessins 

Mais mon cher Degas
ce n’est pas avec des idées que l’on fait les poèmes
c’est avec des mots 

Primauté des mots, donc, selon sa célèbre formule : 

l’œuvre pure implique 
la disparition illocutoire du poète qui cède 
l’initiative aux mots  

Cela ne désigne pas l’écriture automatique mais au contraire le travail de la matière même des mots et la conscience qu’ils constituent notre langage. 

A partir de là, on peut constater par exemple l’inadéquation des mots aux choses, du langage au réel, ce que Mallarmé appelle  le défaut des langues 

Et la poésie vise justement, comme il le dit, à 
rémunérer philosophiquement ce défaut des langues 

Alors
vient le bonheur 
des mots


*



Bertrand Marchal agrégé de Lettres classiques et docteur d'État, est professeur de littérature française notamment celle du XIXe et directeur de l'École doctorale Littérature française et comparée à l'Université Paris-Sorbonne Paris IV

Auteur de plusieurs essais sur Mallarmé publiés chez Corti ainsi que d’un ouvrage sur le symbolisme Lire le symbolisme Dunod Bertrand Marchal a réalisé l’édition des œuvres complètes de Mallarmé pour l’édition de la Pléiade en deux tomes

Il est l'auteur ou l'éditeur d'une trentaine d'ouvrages consacrés à la littérature du XIXe siècle.



Déclaration d’intérêts

Bertrand Marchal ne travaille pas ne conseille pas ne possède pas de parts  ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article et n'a déclaré aucune autre affiliation que son poste universitaire

Nous croyons à la libre circulation de l'information
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Corps  Sel

il est 

une conséquence 

de l’union du Soufre et du Mercure 

qui se neutralisent soit 

un matériau solide qui soutient 

qui donne la fixité au volatil










c’est le principe dans lequel 

la sécheresse et l’aridité dominent


il se présente en corps sec et friable 

qu’il est aisé de mettre en poudre

ce qui témoigne de sa sécheresse extérieure

mais il est doué d’une humidité

d’une fluidité intérieure comme cela se prouve par sa fonte


il épaissit le Mercure qui le dissout et il fixe le Soufre

on le rapproche du corps soma

ce composé physico-chimique dont les tissus organiques 

s’élaborent à partir des sels inorganiques

il est fixe et incombustible

c’est-à-dire qu’il résiste au feu 

dans lequel il se purifie

il ne souffre point de putréfaction 

et peut être conservé sans être altéré

il est principe de conservation et s’oppose à la corruption

c'est pourquoi 

il peut prétendre à l'Amour 

uni vers 

SEL