mardi, mai 19, 2020


Roman écrit en anglais en 1935

Première publication 

Murphy Londres  Routlege and Sons 1938

Traduction française par l'auteur en 1939 en collaboration 

avec Alfred Péron 

Première publication 

Murphy  

Paris  Éditions Pierre Bordas  1947

il n'obtint à cette date qu'

un succès médiocre  












aucune critique de presse ne lui fut consacrée 

et quelques dizaines d' exemplaires seulement furent vendus

les invendus furent commercialisés par la suite sous 

une couverture de relais des Éditions de Minuit

après avoir étudié à Cork  

Murphy être tourmenté natif de Dublin  

vit maintenant à Londres avec Célia  

une Irlandaise dont le métier s’exerçait sur le trottoir

Célia a abandonné son activité et 

Murphy  quant à lui  n’exerce aucun métier  

la notion même de travail étant radicalement 

contraire à sa nature

oisif acharné  il n’aime rien tant que 

d’être harnaché dans 

un fauteuil à bascule et s’y bercer longuement

cela apaise son corps 

et lui permet alors de vivre dans son esprit    

abîme inintelligible  et  sphère 

pleine de clarté  de pénombre et de noir 

une exploration qui lui procure

un tel plaisir que c’était presque comme 

une absence de douleur 

cependant leurs maigres économies 

vont s’amenuisant

répugnant à regagner le trottoir mais menaçant de le faire  

Célia entreprend de persuader 

Murphy de trouver 

un travail

en voulant à tel point changer 

son homme elle va le perdre

aiguillonné par la peur de voir s’éloigner Célia  

et grâce à sa rencontre avec 

un étrange  poète de cabaret  infirmier à ses heures  

Murphy trouve enfin 

un emploi d’infirmier dans 

un asile d’aliénés  ce qui lui convient à bien des égards

les malades lui inspirent de l’envie  

échappés qu’ils sont du  fiasco colossal  

ils connaissent eux  

le paradis des cellules matelassées 


Murphy a laissé en Irlande 

une bande de  très chers amis  

à qui il a fait des promesses de retour voire 

de mariage en ce qui concerne 

une demoiselle Counihan parmi eux 

ce groupe hétéroclite et cocasse est bien décidé à retrouver sa trace

nous serons entraînés dans les péripéties 

de leur enquête et de leurs rencontres insolites  

comme dans le dédale savoureux de leurs sentiments  

chacun d’entre eux aimant 

un être qui en aime 

un autre 

une comédie des erreurs qui s’harmonise 

parfaitement avec le récit du destin de 

Murphy  lui-même héros d’

une comédie des erreurs jusqu’après sa mort

Murphy est 

un roman extravagant drôle bouillonnant 

à la frontière de la dérision et de l’humour 

le style de Samuel Beckett s’y pare de mille facettes  

il est parfois baroque et saugrenu  

souvent empreint d’

une lumineuse poésie  

toujours sensible et captivant


































Chi-Tsang

dans son Essai 
sur la théorie de la double vérité
définit comme 

une grille qui fait décoller du sol

le fait d’employer 
des séries de négations de négations 
jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien 
qui puisse être affirmé ou nié


on obtient alors 

une vérité du monde











a

affirmation d’être

b 

affirmation 
ou d’être ou de non-être

c

affirmation 
ou négation à la fois d’être 
et de non-être et 

une  vérité absolue 

a

affirmation de non-être

b

négation
à la fois d’être et de non-être


c

ni affirmation 
ni négation d’être et de non-être




***





la poésie 

ne rythme plus l’action  

elle se porte en avant pour lui indiquer 

le chemin mobile

c’est pourquoi la poésie touche la première

elle songe l’action et grâce à son matériau 

construit la Maison mais jamais 

une fois pour toutes

accomplissant 

une révolution ils font  au terme de celle-ci 

coïncider la fin et le commencement

ainsi de suite selon le cercle



*


pour couronner enfin la stupide

comédie

qui n'est pas même intéressante

on voit  au milieu

des airs

quelque cigogne

attardée par la fatigue

qui se

met à crier

sans arrêter l'envergure de son vol



tiens! ...
je la trouve mauvaise! 

il y avait en bas 
des points
noirs

j'ai fermé les yeux 

ils ont disparu 

je te salue  vieil océan!





































un beau vase clos

un grand rêve

vastes et nébuleux lointains

le mauve est la plus haute forme du céleste


oublions nos esprits
grâce à la sensation de compression
en pointe d'aiguille

un haut soleil matutinal 

tissu de soie
corps souple dans la soie
les formes roulent gracieusement 












un épais corail vigoureux

un ciel serein  sublime envolée

un vent dans l'herbe bienfaisante

le corps se donne à l'air qui l'enveloppe
comme la fumée se livre
corps et âme au
dieu-vent

en
un rêve de papillon 
nous menons notre existence



la rosée se disperse

les cigales s'alarment

la colère rouge nous met

un troisième œil 



j'
habite 
le monde humain
tout en goûtant le sens du vrai





l'espace est
la plus grosse de toutes les bouches

les clairs-obscurs de la vie me font écrire
force mots

les pierres 
gravées que je caresse ou frotte me 
libèrent

les épices de sel resserrent le goûter

absence de sel et de toute épice
évasement du goûter en
pomme d'arrosoir






ne pas craindre les ratures

il y a

toujours

un effet de mimétisme

avec

ceux que l'on aime