Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
lundi, mars 09, 2020
un coup de ton doigt
sur le tambour
décharge tous les sons et commence
la nouvelle harmonie
RIMBAUD
en
1790
à Paris
notez bien
le lieu et la date
Louis-Claude de Saint-Martin
plus connu sous le nom du
Philosophe Inconnu
publie L’Homme de Désir,
claire déclaration révolutionnaire
de l’Illuminisme
Sois bénie
lumière brillante
splendeur visible de la lumière éternelle
d’où ma pensée a reçu
l’existence
Si
ma pensée n’était
pas
une
de tes étincelles
je
n’aurais pas le pouvoir
de te contempler
ce fragment est une épiphanie sonore et cosmique le coup de doigt sur le tambour est un geste d’origine un acte premier qui réveille la totalité du possible le son n’est pas seulement musique il est principe de création l’onde initiale qui fait vibrer le monde
décharger tous les sons c’est libérer la multiplicité contenue dans le silence la résonance infinie qui dormait sous la peau du réel la nouvelle harmonie naît de ce choc minuscule signe que l’univers recommence à chaque battement
symboliquement le doigt c’est la conscience qui touche la matière le tambour c’est le cœur du monde la membrane entre le visible et l’invisible l’impact crée la naissance du rythme donc de l’ordre donc du cosmos c’est une vision quasi mystique du commencement tout recommence par un seul geste juste un son un battement et le monde retrouve son accord
ce poème dit l’évidence nue la confiance est la clé tout le reste en découle c’est la force invisible qui rend le monde habitable sans elle tout se fige tout se ferme la confiance n’est pas naïveté mais acte d’ouverture elle relie ce qui est séparé elle permet au mouvement d’exister
symboliquement la clé représente le passage entre le dedans et le dehors la confiance ouvre la porte du réel elle est le souffle premier de toute relation de toute création de toute foi dans l’avenir sans elle rien ne se relie rien ne se lève
elle est la lumière dans le geste la transparence dans la parole la racine du oui face au chaos c’est l’accord initial du cœur avec le monde la certitude silencieuse que quelque chose répond toujours à notre appel
ce texte est une prière métaphysique une adresse à la lumière première celle qui n’éclaire pas seulement le monde mais la conscience elle-même la lumière brillante n’est pas un phénomène physique mais la source même de l’intelligibilité c’est la clarté qui rend toute pensée possible
le poète reconnaît ici que sa pensée n’a pas d’origine propre qu’elle est étincelle de la lumière éternelle participation à un feu qui le dépasse la connaissance devient alors un acte de gratitude être capable de contempler la lumière c’est déjà en être issu
symboliquement cette parole exprime une mystique de la réciprocité la pensée humaine et la lumière divine se répondent la contemplation est possible parce que l’être humain porte en lui une part de ce qu’il contemple c’est la coïncidence de l’intérieur et de l’extérieur de l’œil et de la clarté
c’est aussi une affirmation de l’unité du savoir et de l’amour connaître c’est aimer la lumière reconnaître son origine dans la flamme éternelle c’est le mouvement de toute âme qui se souvient qu’elle n’est qu’une scintillation dans le grand rayonnement du réel
