lundi, mars 09, 2020






En 1943, alors que la Hongrie n'est encore qu'au bord de la guerre, quatre jeunes gens - Hanna, Lili, Joseph et Gitta - décident d'installer leur atelier de décoration dans un petit village, pour y vivre une vie plus attentive à l'essentiel. 

Si une même faim spirituelle les rapproche, aucun d'entre eux, pourtant, n'a jamais pratiqué sa religion.










Le jour où ils entreprennent de faire le point par écrit sur leurs problèmes personnels, Gitta se dérobe, se réfugie derrière des banalités. Hanna tout d'abord s'en irrite, puis a juste le temps de prévenir son amie - " Attention, ce n'est plus moi qui parle ! " - avant de prononcer, en toute conscience, des paroles qui manifestement ne peuvent lui appartenir.Pendant dix-sept mois, des forces de Lumière - que les quatre amis appelleront " Anges " ou " Maîtres intérieurs " - s'exprimeront par la bouche d'Hanna. 

Dix-sept mois qui deviendront de plus en plus dramatiques : juifs tous trois, Joseph, Lili et Hanna partiront pour les camps de la mort. 

Seize ans plus tard, Gitta, la seule survivante, pourra enfin emporter en France les petits cahiers où avait été consigné mot par mot, lors de chaque rencontre, ce véritable " reportage sur une expérience spirituelle ".

L'intégralité des Dialogues est ici présentée pour la première fois, dans une traduction revue et augmentée de nombreux commentaires par Gitta Mallasz.


*


En mars 1976, France Culture "Les Vivants et les Dieux" consacre une émission à Gitta Mallasz alors que bientôt paraîtront les Dialogues avec l’Ange, initialement intitulé "Les Quatre Messagers".
































un coup de ton doigt 

sur le tambour

décharge tous les sons et commence

la nouvelle harmonie


RIMBAUD



la 
confiance 
est 

la clé

sans elle

rien 
ne serait possible








en 
1790 
à Paris 
notez bien 
le lieu et la date

Louis-Claude de Saint-Martin
plus connu sous le nom du 
Philosophe Inconnu 
publie L’Homme de Désir, 
claire déclaration révolutionnaire 
de l’Illuminisme 




Sois bénie
lumière brillante
splendeur visible de la lumière éternelle
d’où ma pensée a reçu 
l’existence


Si 
ma pensée n’était 
pas 

une 
de tes étincelles

je 
n’aurais pas le pouvoir 
de te contempler 










ce fragment est une épiphanie sonore et cosmique le coup de doigt sur le tambour est un geste d’origine un acte premier qui réveille la totalité du possible le son n’est pas seulement musique il est principe de création l’onde initiale qui fait vibrer le monde

décharger tous les sons c’est libérer la multiplicité contenue dans le silence la résonance infinie qui dormait sous la peau du réel la nouvelle harmonie naît de ce choc minuscule signe que l’univers recommence à chaque battement

symboliquement le doigt c’est la conscience qui touche la matière le tambour c’est le cœur du monde la membrane entre le visible et l’invisible l’impact crée la naissance du rythme donc de l’ordre donc du cosmos c’est une vision quasi mystique du commencement tout recommence par un seul geste juste un son un battement et le monde retrouve son accord







ce poème dit l’évidence nue la confiance est la clé tout le reste en découle c’est la force invisible qui rend le monde habitable sans elle tout se fige tout se ferme la confiance n’est pas naïveté mais acte d’ouverture elle relie ce qui est séparé elle permet au mouvement d’exister

symboliquement la clé représente le passage entre le dedans et le dehors la confiance ouvre la porte du réel elle est le souffle premier de toute relation de toute création de toute foi dans l’avenir sans elle rien ne se relie rien ne se lève

elle est la lumière dans le geste la transparence dans la parole la racine du oui face au chaos c’est l’accord initial du cœur avec le monde la certitude silencieuse que quelque chose répond toujours à notre appel







ce texte est une prière métaphysique une adresse à la lumière première celle qui n’éclaire pas seulement le monde mais la conscience elle-même la lumière brillante n’est pas un phénomène physique mais la source même de l’intelligibilité c’est la clarté qui rend toute pensée possible

le poète reconnaît ici que sa pensée n’a pas d’origine propre qu’elle est étincelle de la lumière éternelle participation à un feu qui le dépasse la connaissance devient alors un acte de gratitude être capable de contempler la lumière c’est déjà en être issu

symboliquement cette parole exprime une mystique de la réciprocité la pensée humaine et la lumière divine se répondent la contemplation est possible parce que l’être humain porte en lui une part de ce qu’il contemple c’est la coïncidence de l’intérieur et de l’extérieur de l’œil et de la clarté

c’est aussi une affirmation de l’unité du savoir et de l’amour connaître c’est aimer la lumière reconnaître son origine dans la flamme éternelle c’est le mouvement de toute âme qui se souvient qu’elle n’est qu’une scintillation dans le grand rayonnement du réel