lundi, janvier 27, 2020







Louise Bourgeois

Ode à l’Oubli













il faut agir

remonter dans le temps

parcourir à rebours l'hominisation

redevenir lémurien

rongeur

oiseau peut-être

et là

modestement 

s'intéresser à sa propre expérience

se demander de quelles pauvres différences

elle est faite





















































1. La création du monde

2. Dans le jardin d’Éden

3. Le serpent et l’arbre

4. Caïn et Abel

5. Le livre des engendrements

6. La construction de l’arche

7. Le déluge

8. Le corbeau et la colombe

9. L’arc-en-ciel


10. Le peuplement de la terre

11. La tour de Babel



































Premièrement 

Elohim 

créa 

l’alphabet du ciel et l’alphabet de la terre











Cazimir Malevitch

Cercle noir 

vers 1923

huile sur toile  105 x 105 cm

Musée d’Etat Russe  Saint-Pétersbourg



*













Texte millénaire, la Genèse et plus particulièrement ses onze premiers chapitres font partie de l’imaginaire collectif, de la création du monde à la tour de Babel en passant par l’Éden d’Adam et Ève, le déluge ou encore l’arche de Noé. 

Pourtant, ce nouvel opus de « La Collection » des Éditions Diane de Selliers propose de redécouvrir ce texte comme pour la première fois. 

La modernité de la traduction de Marc-Alain Ouaknin et la modernité des œuvres sélectionnées se répondent et se nourrissent mutuellement pour raconter en contrepoint le récit de la création du monde. 

L’ensemble offre un souffle, une contemplation et une méditation artistique autour de ce texte mythique.

Le livre de la Genèse est le premier livre de la Torah et donc de la Bible. 

C’est un texte fondateur des traditions juive et chrétienne qui en attribuent l’écriture à Moïse. 

Les recherches exégétiques, archéologiques et historiques remettent en cause l’unicité de son auteur et présentent plutôt la Genèse comme une compilation d’un ensemble de textes écrits entre les VIIIe et IIe siècles av. J.-C.



































Ainsi

on constitue la première pile de livres 

un 
rêve 
d’escalier

on
mêle les deux langues
non pas 

une 
conjonction

mais 

un micmac de lectures

deux langues 
qui se joignent peuvent tout 
renverser

c’est 





un journal 
de voyage poétique construit 
déconstruit

qui s’ouvre 
à l’expérience du morcellement



Ainsi 

la métaphore   dedans informel 

verre 

le petit bassin alimenté 
par 

une
eau de source 

un bras 

le verre la lumière  


des gouttes 

dans le jardin au matin dans le

soleil 


est-ce là 

le sens qui ne fait pas 

signe 

la 
métaphore rendue à la 
Langue



je 
parle
comme je parle tout
près 

dans la matière jaune 

le chant 

de roses et d’ œillets



notre sourire 

sous le vent d’argent des oliviers 


je me souviens 

de sa voix dans les couleurs

grecques

































que lit-on

et surtout qui lit-on

quand on a sous les yeux les textes de 

l’Antiquité classique 




on fait trop souvent l’économie

des siècles

qui séparent leur fabrique du moment

de leur lecture


ce sont 
pourtant les produits 
d’

une histoire tempétueuse 




transmission orale

et copies

remaniements et réorganisations

corruptions et pertes

corrections

restitutions et réécritures



entre l’auteur antique 

et nous

œuvre le copiste


ce chaînon 

indispensable et insupportable 


c’est 

en définitive lui 

qui écrit les textes classiques

dont 

les philologues s’emploient 

à gommer toute 

trace


































un geste

un mouvement

un balancier

des 
portes s'ouvrent 
sur

une 
complète lucidité

une vision 
accrue 

une démarche
précise









une frappe
profonde

un contraste
augmenté

une souplesse 
de corps et d'esprit




le corps 
plie

roseau en 
papier



je 
flotte 

le ciel a des couleurs intenses
roses et bleues

quelque chose emplit ma gorge
de l’émotion

tout me semble intense
plus brillant

mes yeux ma pensée
fonctionnent 
avec 

une 
acuité 
nouvelle




Je
reconnais 

le merle noir qui revient chanter
sa mélancolie au 
printemps


































Rosmarie Waldrop


Dans n’importe quelle langue



Traduit de l’américain par Pascal Poyet



2006 - ISBN : 2-914906-25-0


ton silence qui, avec

une question de ponctuation semble se













répéter ailleurs, une vie longue et compliquée

syllabe après syllabe, n’est pas

la moindre des pauses

ce que je voulais et par conséquent

dans ce tournant

te dire






































LE LIEU

que je ne quitte pas


LE LIEU

qui rejette les mots à la fin


LE LIEU

qui s'ouvre dans le blanc 









LE LIEU

que je raconte au présent


LE BLANC

est le sommeil chez Cioran

LE BLANC

est l'endroit de la perte 


LE BLANC

reste à sa place de blanc




LE BLANC

est 
ce contre quoi 
je n'ai plus envie de lutter




LE BLANC

est ce qui se défait




LE BLANC

est au-dessus du reste



LE BLANC

ouvre dans la réalité

LE BLANC

s'ouvre


le blanc 
est 

un texte 
qui parle des creux


les formes blanches 
se découpent dans un tableau bleu



les formes blanches 
sont nettes. 

les formes blanches 
sont précises.



le geste 

retire son geste


quand

la main trace à tout instant 

elle se retire




une main 
qui dessine 
c'est 

une main 
qui s'efface derrière 
son objet



il 
ne reste que le blanc 
qui atteste 
du trait



Prendre de l’ampleur







































il semble 

que l'on naît  toujours à mi-chemin

du commencement et de la fin du monde




la route montante descendante

Une et même



















Dieu est

jour-nuit  hiver-été

guerre-paix  richesse-famine

tous contraires  l'intellect est cela

il prend des formes variées

tout comme le feu qui

quand il se mêle à des fumées

reçoit un nom conforme au goût de chacun



il considérait

les opinions humaines comme

des jeux d'enfants




il ne faut pas agir et parler

comme des dormeurs


je puis désespérer de moi et 

garder mon espoir 

en vous


en changeant je suis en repos


la personne humaine ne possède pas 

l'entendement 

la personne divine le possède







































j’ai le sentiment 

que l’ampleur passera par 

le mouvement


le mouvement 

permettra peut-être le mouvement 

de l’écriture



je 

me perds dans le blanc

l'écriture du blanc est au présent




l'écriture du bleu 

est tendue 

vers l'avenir et la transformation





la poésie 
donne des nouvelles de la frontière
mouvante 

aux confins 
les plus éloignés de la
conscience



laisser

le blanc à tout instant 

envahir




l'écriture change la réalité


le blanc

est l'espace où se perdent 

les regards




le blanc 

est l'espace de l'informe 

où la transformation ne mène à rien




j’

aimerais 
utiliser le mot 

progression 

mais 

je ne
crois pas 
à son concept


prudence





































tout 

ce qu’un poète dit sur son œuvre 

est 

une excuse 

qu’elle n’aurait pas dû présenter



je connais

cette œuvre par le blanc




Dialectique discours  Galactique


l’immaculée conception

c’est 
l’ambition
de Jacques Derrida




le glas du sens

l’absence de hors texte

pas de clé à trouver





si 
tu te dis poète

chante-le au lieu de
l’affirmer 

propose 
Lawrence Ferlinghetti 
dans

Poésie 
Art de l’insurrection


un livre rouge 
qui tient bien dans la poche

des
oiseaux changent

ils
se transforment.

la douceur
peut venir de la violence

la force
peut venir de la sensualité

le noir
devient le blanc



le blanc devient le pli

je suis 

lacéré 
dans le visage par la blessure 
d'

Hantaï



































au 
cœur de cette 
nuit




le sommeil latent confond 
l’animal et le
tigre

les fantômes
ont 

une immense 
capacité de résistance

il ne m’appartient pas 
de remettre les 
existences

fantastiques en question








au 
cœur 
de la nuit

une clairière


un tigre 
perché sur la
branche tombante 
d’

un arbre 
noir fait face 
à 

un
soldat perdu




les 
yeux rouges
d’

un être 
mi-homme mi-primate 
brillent dans l’obscurité et s’invitent 
au sein d’

un repas de famille





la 
puissante 
réalité des êtres magiques 

cohabite
avec la présence 
fleuve 

douce
des êtres humains


































Keith Waldrop

Echos de Mrs. Crowe


une bulle de

lumière hors de laquelle une

forme humaine évolue



Traduit de l’américain par Bernard Rival



2009 - ISBN : 978-2-914906-45-6

contrat maint

ici





































le bruit 
d’

une aurore boréale


les voix de Jupiter 

ou 

les rebonds sur des étoiles filantes







autant de sons 

que nous pouvons  entendre  aujourd’hui

mais au milieu de tout ce bruit

une forme intelligente 

tente-t-elle de prendre contact avec nous 

?

ici






































une onde sonore est une vibration des molécules autour de leur position d'équilibre qui se propage à la suite de la perturbation du milieu  le plus souvent l'air  mais qui peut aussi être solide ou liquide. 

Captée par notre oreille  cette vibration met en mouvement le tympan  point de départ de la stimulation de l'oreille et de la perception de l'information sonore
















Sons 
Voix Portrait 
Corps Enfance Sensation 
Société Silence 

Écriture 

Art Biographie Livre 
Paris 
Ville Paysage 

Constellations Sonores

Anne Savelli