jeudi, octobre 01, 2020






Quand nous regardons longuement le ciel immense
nos idées et notre âme se fondent 
dans la conscience de notre 
solitude









Nous nous sentons irréparablement seuls et tout ce que nous tenions auparavant pour familier et cher s’éloigne indéfiniment et perd toute valeur

Les étoiles qui nous regardent du haut du ciel depuis des milliers d’années  le ciel incompréhensible lui-même et la brume indifférents à la brièveté de l’existence humaine  lorsqu’on reste en tête à tête avec eux et qu’on essaie d’en comprendre le sens  accablent l’âme de leur silence  

on se prend à songer à la solitude qui attend chacun de nous dans sa tombe  et la vie  nous apparaît dans son essence désespérée effrayante…

Igor pensait 
à sa grand-mère qui reposait 
au cimetière à l’ombre des cerisiers 

il la revit
couchée dans son cercueil
une pièce de cuivre sur chaque œil 

il se rappela 
qu’ensuite on avait mis 
un couvercle sur la bière et qu’on l’avait descendue 
dans la tombe 

il se souvint 
aussi du bruit sec 
des mottes sur le couvercle… 

il se représenta 
sa grand-mère dans son cercueil 
étroit et sombre  abandonnée de tous 
et sans secours

il l’imagina 
s’éveillant soudain, 
et, ne comprenant pas où 
elle était, frappant contre le couvercle
appelant à l’aide et finalement accablée d’horreur 
mourant une seconde fois

il imagina
comme s’ils étaient morts 
sa mère  le Père Christophe  la comtesse Dranitski  
Salomon 

Mais quelque effort qu’il fît pour se représenter lui-même dans une tombe obscure loin de sa maison abandonné  sans secours et mort
 
il n’y réussit pas 

il n’admettait pas 
pour lui-même la possibilité de mourir

il avait 
le sentiment qu’il ne mourrait jamais… 

Anton Tchékhov  La steppe 



*


Igor, jeune garçon de neuf ans, part avec son oncle, le marchand Ivan Kousmitchov et le père Christophe Siriiski en carriole dans la steppe. Orphelin de père, il est envoyé par sa mère au lycée de la ville voisine. Après avoir été peiné de quitter sa maison, il découvre l’immense steppe, la chaleur, la halte dans une auberge misérable tenue par des juifs, la recherche du propriétaire Varlamov qui possède des dizaines de milliers d’hectares et près de cent mille moutons, les journées passées dans le convoi avec les rouliers, l’altercation avec Dymov, les rencontres diverses, les histoires racontées par les rouliers au coin du feu, toutes plus terribles les unes que les autres, l’orage violent, l’hospitalité partout sur la route, la fièvre et l’arrivée à la ville, l’arrivée chez la connaissance de sa mère qui accepte de le prendre en pension; puis son oncle et le Père le quitte. Il est seul.


pendant le repas 

la conversation fut générale 

elle permit à Igor de comprendre 

que ses nouvelles connaissances 

en dépit des différences d’âge et de caractères 

avaient 


un point commun  




tous avaient 

un beau passé 

et 

un bien mauvais présent



















































 

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