mercredi, octobre 14, 2020


la porte dévergondée ouvre sur la spirale d' un escalier par lequel on descend dans un espace qui est quelque peu au-dessous du niveau où la plupart des hommes font aller leurs pieds leurs pensées et leurs propos

qu'il y ait là 

une sorte d'univers inférieur  qui serait ainsi que s'il était formé des reflets du monde ordinaire dans une foison de miroirs construits et agencés pour fournir des images d'une outrance ou d'une acuité quasiment blessantes on peut le concevoir sans se tromper absolument


*










contraint par l’obscurité qui s’emparait du sous-bois je décidai de redescendre sans plus tarder la tombée de la nuit venait abréger mes explorations mais j’avais vu croyais-je tout ce qu’il convenait de voir


tandis que j’approchais du gué j’aperçus un homme assis sur le bord du sentier il portait le velours à la manière d’antan et un carnier en basane reposait à ses pieds  j’obtins pour tout salut un signe de la tête lorsqu’il me vit  ma surprise dut lui paraître évidente.


Avez-vous vu tout ce qu’il convient de voir 

?

s’enquit-il


je crois 
bien que oui
 
répondis-je avec précaution

détrompez-moi au besoin 
 
il y a 
dans ce bois 
deux maisons et un four


c’est exact monsieur 

il y a aussi 

une fontaine 
à peine plus haut
mais sans doute l’avez-vous vue


je l’ai vue en effet. 
et aussi deux aires à charbon 

!


je ne les connais pas

déclara-t-il d’une voix blanche


vraiment ? m’étonnai-je 
elles sont en bordure de chemin pourtant…


son regard séculaire 
se perdit dans les lointains


vous m’avez mal compris 
je ne les connais pas car elles n’existent pas 
en mon temps


puis 
il se redressa en empoignant sa besace
et aussitôt sa silhouette s’évapora dans le crépuscule 
comme 

un navire 
emporté par la brume





















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