mardi, septembre 01, 2020


le coronavirus

affecte de façon déraisonnable 

notre sensibilité collective et nos mœurs

jusqu’à remettre en cause l’idée même de civilité

argumente le philosophe

BHL


cette fois

nous y sommes




















nous 

regardions interloqués

au début de l’épidémie 

les lointains pays d’Asie porter le masque 

comme 

un seul homme


et nous nous disions 

que leurs traditions de discipline favorisaient 

cette mesure extrême qui 

dans nos contrées 

était inconcevable


or 

est-ce l’effet 

d’

une psychose 

?


de 

la grande misère épistémique 

d’

un pouvoir médical 

qui n’a jamais étalé si naïvement ses revirements 

et ses doutes 

?


est-ce l’obligation que se sont infligée les gouvernements de faire quelque chose, et de le faire coûte que coûte  face à une épidémie exponentielle mais qui ne voit croître  pour le moment ni le nombre des morts ni celui des hospitalisés 

?


les masques se sont abattus

cruels et laids 

comme 

un fatum

sur les visages de chacun


et nous ne pouvons plus marcher dans une rue  flâner ou nous affairer  sortir sur un coup de tête ou poussés par la nécessité  sans nous mettre sur les lèvres et le nez ce bout de tissu chirurgical


tous masqués


tous dissimulés


cacher

déguiser

voiler

camoufler

masquer

couvrir

rentrer

travestir

étouffer

refouler

farder

escamoter

tromper

renfoncer

renfermer

envelopper

dérober

taire

recouvrir

pallier

maquiller

celer

atténuer

tricher

murer

habiller

feindre

concentrer

glisser

frauder

faire semblant

estomper

enfouir

donner le change

abriter

soustraire


et au fond

tous muselés


Oh 

ce n’est pas notre liberté qui est bridée 

ni 

comme le disent les  anti-masque 

notre parole. 


mais 

c’est l’éloquence des visages 

qui n’ont plus à partager 

que les yeux


*



Où donc avaient passé maintenant 

le nain

le portique

l’araignée et tous les chuchotements 


avais-je donc rêvé 


m’étais-je éveillé 


Je me 

trouvai soudain 

parmi de sauvages rochers

seul

abandonné au clair de lune 

solitaire


















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