dimanche, mai 31, 2020



31 MAI  DUCASSE

on ne rêve que lorsque l’on dort

ce sont des mots comme celui de rêve néant de la vie passage terrestre  la préposition peut-être  le trépied désordonné  qui ont infiltré dans vos âmes cette poésie moite des langueurs pareille à de la pourriture 

passer des mots aux idées

il n’y a qu’un pas

les perturbations
les anxiétés
les dépravations
la mort

les exceptions dans l’ordre physique ou moral










l’esprit de négation
les abrutissements
les hallucinations servies par la volonté
les tourments
la destruction
les renversements
les larmes
les insatiabilités
les asservissements
les imaginations creusantes
les romans
ce qui est inattendu
ce qu’il ne faut pas faire

les singularités chimiques
de vautour mystérieux qui guette 
la charogne de quelque illusion morte



les expériences
précoces et avortées

les obscurités
à carapace de punaise

la monomanie terrible de l’orgueil

l’inoculation
des stupeurs profondes

les oraisons funèbres

les envies
les trahisons
les tyrannies
les impiétés,
les irritations
les acrimonies
les incartades agressives
la démence
le spleen

les épouvantements raisonnés

les inquiétudes étranges
que le lecteur préférerait ne pas éprouver



les grimaces
les névroses

les filières sanglantes 
par lesquelles on fait passer la logique 
aux abois


les exagérations
l’absence de sincérité
les scies
les platitudes
le sombre
le lugubre

les enfantements pires que les meurtres 

les passions
le clan des romanciers de cours d’assises 
les tragédies
les odes
les mélodrames
les extrêmes présentés à perpétuité

la raison impunément sifflée
les odeurs de poule mouillée

les affadissements
les grenouilles
les poulpes
les requins
le simoun des déserts

ce qui est somnambule

louche
nocturne
somnifère
noctambule
visqueux
phoque parlant
équivoque
poitrinaire
spasmodique
aphrodisiaque
anémique
borgne
hermaphrodite
bâtard
albinos
pédéraste

phénomène d’aquarium et femme à barbe 

les heures soûles 
du découragement taciturne

les fantaisies
les âcretés
les monstres
les syllogismes démoralisateurs 
les ordures

ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant 

la désolation
ce mancenillier intellectuel

les chancres parfumés
les cuisses aux camélias

la culpabilité d’un écrivain 
qui roule sur la pente du néant 
et se méprise lui-même avec des cris joyeux

les remords
les hypocrisies

les perspectives vagues 
qui vous broient dans leurs engrenages 
imperceptibles

les crachats sérieux sur les axiômes sacrés 

la vermine et ses chatouillements insinuants

les préfaces insensées
comme celles 
de Cromwell  de Mlle de Maupin et de 
Dumas fils

les caducités
les impuissances
les blasphèmes
les asphyxies
les étouffements

les rages
devant ces charniers immondes 
que je rougis de nommer

il est temps de réagir enfin 
contre ce qui nous choque et nous courbe 
si souverainement



Isidore Ducasse Poésies I
































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire