dimanche, avril 26, 2020






Luis Pérez Mínguez

*

je m’occupe 
étranger aux sensations de l’extérieur

j’agis 
sous le poids d’innombrables fatigues




je regarde 

ses 
très longs cils qui mettent 

une ombre 

légère 
sur ses pommettes 
grises



je déchire 
l’édredon rouge

pour 
m’y perdre et me fondre dans 
la nuit


Je sais 
que cela peut 
arriver à tout instant

je sens 

le léger 
frisson quand on arrive 
à la nuque


je suscite 
en toi 

une honte 
rétrospective

je porte 
en moi 

un rêve
jamais réalisé

je regarde 
fixement droit devant moi



je dissipe 
une sensation 
qui correspond exactement à ce que l’habitude 
recherche et attend


je travaille 
presque sans surprise

j’ose 
seul dans la nuit

je remue 
les formes concrètes du rythme

je traverse 
la fatigue et le silence

j’agis 
dans l’obscurité 
parce qu’on entend mieux


je joue 
des notes pour combler 
un trou



j’entrevois
le vertige qui rampe

j’avoue 

que 
c’est la seule façon 
d’en finir



je veux flotter dans l’air



je pense 

à 
l’instant même où ça m’arrive 
là-bas

je me remémore 
ma jeunesse 

s’écouler
s’effeuiller lentement 
comme 

une triste couronne



je sens 
un déchirement doux 
supportable


je
décèle  

un éclat 
phosphorescent dans ses yeux 
clairs


je sème
une fantaisie 
soudaine sur mon chemin




je comprends 
l’erreur grotesque de ma mère


je 
recherche 
de la tendresse



une brusque et nécessaire tendresse






je me souviens 
de la difficulté de se situer dans 
le présent







mon beau souci

























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