Luis Pérez Mínguez
*
je m’occupe
étranger aux sensations de l’extérieur
j’agis
sous le poids d’innombrables fatigues
je regarde
ses
très longs cils qui mettent
une ombre
légère
sur ses pommettes
grises
je déchire
l’édredon rouge
pour
m’y perdre et me fondre dans
la nuit
Je sais
que cela peut
arriver à tout instant
je sens
le léger
frisson quand on arrive
à la nuque
je suscite
en toi
une honte
rétrospective
je porte
en moi
un rêve
jamais réalisé
fixement droit devant moi
je dissipe
une sensation
qui correspond exactement à ce que l’habitude
recherche et attend
je travaille
presque sans surprise
j’ose
seul dans la nuit
je remue
les formes concrètes du rythme
je traverse
la fatigue et le silence
j’agis
dans l’obscurité
parce qu’on entend mieux
je joue
des notes pour combler
un trou
j’entrevois
le vertige qui rampe
j’avoue
que
c’est la seule façon
d’en finir
je veux flotter dans l’air
je pense
à
l’instant même où ça m’arrive
là-bas
je me remémore
ma jeunesse
s’écouler
s’effeuiller lentement
comme
une triste couronne
je sens
un déchirement doux
supportable
je
décèle
un éclat
phosphorescent dans ses yeux
clairs
je sème
une fantaisie
soudaine sur mon chemin
je comprends
l’erreur grotesque de ma mère
je
recherche
de la tendresse
une brusque et nécessaire tendresse
je me souviens
de la difficulté de se situer dans
le présent
mon beau souci
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