samedi, mars 28, 2020






Paul les oiseaux ou la place de l'amour















Paolo Uccello 

est en train de se débattre au milieu d’un vaste tissu mental où il a perdu toutes les routes de son âme et jusqu’à la forme et à la suspension de sa réalité

Quitte ta langue Paolo Uccello
quitte ta langue

ma langue
ma langue
merde
qui est-ce qui parle 
où es-tu ? 
Outre
outre 
Esprit
Esprit 
feu
langues de feu 
feu
feu 
mange ta langue
vieux chien
mange sa langue
mange
etc... 

J’arrache ma langue

OUI

Pendant ce temps Brunelleschi et Donatello se déchirent comme des damnés 

Le point pesant et soupesé est toutefois Paolo Uccello
mais qui est sur un autre plan qu’eux


Il y aussi Antonin Artaud

Mais un Antonin Artaud en gésine
et de l’autre côté de tous les verres mentaux
et qui fait tous ses efforts pour se penser autre part que là 

chez André Masson par exemple qui a tout le physique de Paolo Uccello  un physique stratifié d’insecte ou d’idiot  et pris comme une mouche dans la peinture  dans sa peinture qui en est par contrecoup stratifiée



Et d’ailleurs c’est en lui Antonin Artaud que Uccello se pense
mais quand il se pense il n’est véritablement plus en lui etc etc 

Le 
feu 
où ses glaces macèrent 
s’est traduit 
en 

un beau tissu

Et 
Paolo Uccello continue la titillante opération de cet arrachement désespéré


Il s’agit d’un problème qui s’est posé à l’esprit d’Antonin Artaud mais Antonin Artaud n’a pas besoin de problème  il est déjà assez emmerdé par sa propre pensée  et entre autres faits de s’être rencontré en lui-même  et découvert mauvais acteur  par exemple hier  au cinéma  dans Surcouf  sans encore que cette larve de Petit Paul vienne manger sa langue en lui


Le théâtre 
est bâti et pensé par lui

Il a fourré un peu partout des arcades  et des plans sur lesquels tous ses personnages se démènent comme des chiens


Il y a 
un plan 
pour Paolo Uccello 

et 

un plan 
pour Brunelleschi et Donatello  

et 

un 
petit plan 
pour Selvaggia  
la femme de Paolo

Deux  trois  dix problèmes se sont entrecroisés tout d’un coup avec les zigzags de leurs langues spirituelles et tous les déplacements planétaires de leurs plans

Au moment où le rideau se lève  Selvaggia est en train de mourir

Paolo Uccello entre et lui demande comment elle va

La question a le don d’exaspérer Brunelleschi qui lacère l’atmosphère uniquement mentale du drame d’un poing matériel et tendu

BRUNELLESCHI
Cochon 
fou

PAOLO UCCELLO 
éternuant trois fois
Imbécile

Mais d’abord 
décrivons les personnages

Donnons-leur 

une 
forme physique 

une voix 

un 
accoutrement

Paul 
les Oiseaux a 

une voix 
imperceptible 

une démarche d’insecte 

une robe 
trop grande pour lui


Brunelleschi 
lui  a 

une vraie voix 
de théâtre sonore et bien en chair 

Il 
ressemble au 
Dante


Donatello

est 
entre les deux 

saint François 
d’Assise avant les Stigmates

La scène se passe sur trois plans

Inutile de vous dire que Brunelleschi est amoureux de la femme de Paul les Oiseaux

Il lui reproche entre autres choses de la laisser mourir de faim 

Est-ce qu’on meurt de faim 
dans l’Esprit 

?

Car 
nous sommes uniquement 
dans l’Esprit

Le drame est sur plusieurs plans et à plusieurs faces  il consiste aussi bien dans la stupide question de savoir si Paolo Uccello finira par acquérir assez de pitié humaine pour donner à Selvaggia à manger  que de savoir lequel des trois personnages se tiendra le plus longtemps sur son plan


Car 

Paolo 
Uccello 
représente l’Esprit 
non pas précisément pur 
mais détaché

Donatello 
est l’Esprit surélevé

Il ne regarde déjà plus la terre
mais il y tient encore par les pieds


Brunelleschi  lui  est tout à fait enraciné à la terre  et c’est terrestrement et sexuellement qu’il désire Selvaggia

Il ne pense qu’à coïter

Paolo Uccello n’ignore pas cependant la sexualité  mais il la voit vitrée et mercurielle  et froide comme de l’éther

Et quant à Donatello il a fini de la regretter

Paolo Uccello 
n’a rien dans sa robe
il n’a qu

un pont 
à la place du cœur

Il y a 
aux pieds 
de Selvaggia 

une herbe 
qui ne devrait pas être là

Tout d’un coup Brunelleschi sent sa queue se gonfler  devenir énorme

Il 
ne peut la retenir 

et 

il 
s’en envole 

un grand oiseau blanc 

comme du sperme qui se visse 
en tournant dans 
l’air
























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire