Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
dimanche, novembre 10, 2019
une épine
une main
un encerclant
voici venir l'être qui va
mon affaire est sans prospérité
à la lumière de ce qui est
dans les anneaux de mon être roue
en rond seulement
boule seulement
parfaitement
elle entrevoit
le mouvement qui fait blanchir
les corps
un fantôme
cherche toujours le même savoir
dans la forêt je m'explique
je
me mystère
je me mystère
avec la peau du loup
les
grandes épaisseurs
les grandes découvertes
dans la fin et la
manière
en 1929
dans
une note du Casse-Dogme
N°2 de la revue Le Grand Jeu
René Daumal
essaie de cerner la réalité absolue
telle qu'elle est perçue dans la conscience
du poète
Comme il nous est arrivé de désigner par le mot Dieu la réalité absolue et que nous ne voulons pas nous priver d'un mot sous prétexte qu'on en a fait les plus tristes usages que ceci soit bien entendu : Dieu est cet état limite de toute conscience qui est La Conscience se saisissant elle-même sans le secours d'une individualité ou si l'on veut sans s'offrir aucun objet particulier
traducteur du Rig Véda
Daumal intègre l'ancien le sens originaire du sacré
dans le nouveau
il est en 1929
un des rares précurseurs de la
postmodernité
1929
c'est l'année où Edmund Husserl fit à la Sorbonne quatre conférences sur l'Introduction à la Phénoménologie transcendantale de la conscience
Sans avoir entendu ces conférences Daumal semble avoir compris la clef de l'épochè ou de la réduction phénoménologique en faisant allusion à une expérience limite de
la conscience se saisissant elle-même
sans le secours d'une
individualité
l'absolue poésie
c'est justement l'aventure de la conscience prenant conscience de la transcendance immanente de sa propre source
l'écriture poétique ne révèle que les traces
les résidus alchimiques
de cette expérience
intérieure
malléable
flexible
souple
fin
délicat
doux
modéré
agréable
pas mauvais
lumière
léger comme séduisant
un souffle
en évoquant le miel le plus secret
de la poésie
nous touchons
ici
un domaine
où
il n'y a rien
à comprendre rationnellement
mais tout à vivre
intuitivement
le sentiment de l'Absolu
ne se définira
jamais
il est vécu
ou
il n'est pas vécu
tout rationaliste ne verra là
qu'illusion ou
absurdité
il n'est pire sourd
dit-on
que celui qui ne veut pas
entendre
la question est plus radicale
n'entend pas
celui qui n'a pas
le pouvoir d'entendre
trop d'êtres humains sont hélas
des huîtres scellées
jamais la lumière ne pénètre
à l'intérieur
la notion
même de progrès
est remise en question
aujourd'hui
les chercheurs conçoivent des niveaux de réalité plus imaginaires que réels dans la mesure où leur approche échappe à toute expérience directe
elle
passe par des énergies
elles-mêmes
infiniment complexes
elle
est mathématisée
codifiée ou symbolisée
les Rishis
poètes du Rig Véda
possédaient le sentiment du chant secret
de l'univers et le sens de l'Unité suprême de tout
aujourd'hui le savoir est atomisé
c'est la Tour de Babel
chaque science
possède son langage ésotérique
voire
schizophrénique
on est passé du réalisme scientifique
aux sciences de l'irréalité
en ce sens que la Réalité ultime est devenue
inaccessible
il n'y a
plus de référent
la science fait face
à
une sorte de non-référent absolu
c'est pourquoi elle s'ouvre à la philosophie
à la mystique
à la poésie
une corne de bélier me soulève
sur la tombe
sur les tombes
dans la vie
je suis
rentré dans le jardin comme
le vent
sans invitation et
discrètement
déjà
le long périple d’Ulysse
plus qu’
une aventure
dans
une géographie
méditerranéenne fantasmée
constitue le récit
d’
un voyage
dans les profondeurs du moi
de même les récits enluminés et imagés du cycle arthurien mélangent les grands thèmes de la tradition celtique à la lumière naissante du christianisme et conduisent les chevaliers au plus près
d’
un
Chaudron-Graal
qui pourrait
être
une métaphore
de la conscience éveillée
*
le secret
du sceau de l’esprit est
ouvert
juste ici
et maintenant
dans tes propres yeux
ne fais rien
sois sans fabrication
abandonne toute
affaire
l’idée d’être
quelqu’un d’autre ou de réaliser
quelque chose
de spécial
ici
le voyageur
le chemin et la destination
ne sont ni deux
ni un
ainsi assis
assis dans l’ainsi
cultive l’intention de te tenir droit
et cependant ne le réalise
pas
les cercles de Johnson
Roger Johnson démontre vers 1916
que ces trois points
sont sur
un cercle
de même rayon
que les trois premiers cercles
en géométrie plane
les cercles de Johnson
sont trois cercles de même
rayon et ayant un point H en commun
les trois autres points
d'intersection des cercles
entre eux possèdent de nombreuses
propriétés
*
cercles de Johnson
avec les trois losanges complétés
par le point O
qui donne l'illusion
d'
un dessin
de cube en perspective