mercredi, août 28, 2019


il faut libérer le fleuve

.
un excès 

de questions peut éliminer 

les réponses

au 
commencement 
est 
la connaissance  

dès que le pied humain se pose dans la vie  
l’homme y cherche sa place  
appelle à l’aide  
désigne le personnage 
du guide

c’est 
Homère 










qui apparaît sous la forme d’un rêve 
dans le sommeil et Les Annales 
de Quintus Ennius  père 
de la poésie latine 

Virgile dans L’Énéide 
reprend l’idée et se met à voyager 
avec Énée

Dante 
conçoit le projet de La Divine Comédie 
et s’approprie l’idée du guide en s’exposant 
au souffle de celui qui montre le chemin  
Virgile

Jacques Lacan  
parce qu’il ne peut découvrir Rome seul  
cherche un guide qui l’aide 
à se frayer 

un chemin à travers 
un trouble 

Lequel ? 

Jacqueline Risset 
apparaît   jeune inconnue
belle agrégée

elle s’est exilée à Rome  
ville qui a troublé profondément 
Sigmund Freud


au fil des années  
de rencontres en promenades et découvertes  
de parcours en révélations  
guide et docteur arpentent  
regardent  écoutent  
déchiffrent

histoire 
séparée pour elle et pour lui 
dans l’Histoire

histoire parallèle 
avec 

enjeu poétique et 
enjeu 
psychanalytique 

histoire unique  
surabondante de vie où ils se découvrent 
tout entiers


un dimanche matin  
printanier de 2018  l’auteur compose normalement 
le numéro de téléphone de Jacqueline Risset 
alors décédée depuis 
4 ans

sonnerie normale

sonnerie 
sonne et soudain lui saute à la figure 
la preuve


la Troisième 

s’écrit comme 

un jeu de construction

































35

aller et retour des paillettes


il fait trop froid pour voyager

trop froid

l'attention
l'inspiration

plus tard beaucoup plus tard


l’œil tombe en panne





36

par le sel








odeur digitale de la nuit

des myriades de moustiques

des jeux de lumière

je me souviens de tout





37

il y avait une fois

une femme

un homme


je frémissais d'énervement

l'affiche était mauvaise


































la poésie 
est un pur rien d'autre à 
partager



la magie des figures

fait oublier

l’infini des matières


l’éclair de temps 
où quelque chose se tient entre les mains 

vous est aussi lointain et indistinct 
que les étoiles elles-mêmes

ce vieil espace de rêve 
nocturne








un jardin

le ruissellement secret
de la lumière
dans chaque 
feuille



s’il en était autrement 
je voudrais richement vous le faire payer

mais tel que c’est
nous n’avons rien qu’un pur rien d’autre 
à partager



les règles de l’harmonie

font oublier

l’infini des vibrations



il 
était
il est et il 
sera 

une fois un

multiplication 
créant souffle en puisant l’air




quels mots
quelles formes
pour retenir

ce qui n’est qu’écoulement


































un corps 
une lumière bleue
une lampe-torche
un désir
une déception
une métaphore 

tiens-toi 
où 
tu es


tu commences 
par te déplacer 
avant que

tu 












sois rejetée à l’intérieur 
de ton propre
corps

tu soulèves tes paupières

tu t’épuises 
à regarder vers la lumière bleue

tu pourrais construire 
un monde 
à partir du besoin 
ou
tu pourrais tenir 
toute chose en noir et voir

tu renvoies le vernis

tu gardes tout le noir

tu te restitues 
jusqu’à ce que 
rien 
ne reste que 
le blues bleu s’estompant 
d’une métaphore


































Plongeurs
Garçons d'ascenseur
Femmes de chambre
Joueurs de dés
Cuisiniers
Serveurs
Jazzmen
Nourrices
Dockers
Noceurs
Auteurs de revues
Comédiens de cabaret
Et musiciens de cirque















Dish-washers
Elevator-boys
Ladies' maids
Crap-shooters
Cooks
Waiters
Jazzers
Nurses of babies
Loaders of ships
Rounders
Number writers
Comedians in vaudeville
And band-men in circuses





Langston Hughes

Dream-singers
            My people

Langston Hughes

Story-tellers all
My people

Mes beaux habits au clou


















un lac 

une insondable eau bleue  

un lac dans l’espace ! 



semblable 

à l’entrée de quelque voie triomphale 


de l’éther



































le ciel était couvert

mais 

d’

une masse 

si magnifique 

de  vapeurs assemblées  


que 

Dickinson ne l’eut pas souhaité 

autrement




































les profondeurs aux ombres vertes  
les primevères pâles
les pierres du sous-bois
la végétation spongieuse
les tiges grasses des jacinthes
l’ombre des noisetiers
la verdure fraîche des lychnis
les grains de poussière
le goût des nuits dorées
le lit rouge
les draps lisses et chauds
les petits bruits effrayés
le matin
les plis illisibles
l’odeur de nos corps
le bois des miroirs 



































c’est à cette même heure 



la solitude prend l’eau  

que 

Josse 

débute son hommage à 

Kerouac 




rencontres amicales 

et 

houblonneuses



































un événement
un spectacle
une anecdote

sous tous les angles 
et avec tous les tons et les sons possibles


un texte 
polyphonique à la forme éclatée

Let’s let’s go

en phrase liminaire l’auteur précise  

ce livre 
s’inspire de faits réels qui n’ont pas 
eu lieu

































Rimbaud et le Fleuron

Fleuron : 


sois 

jaloux de ta solitude ! 

Jaloux de ton indépendance ! 



















ce qui 
est au-delà des castes et des
croyances

la famille et le lignage

ce qui 
est dénué de nom et
de forme

ce qui 
outrepasse le bien et
le mal

ce qui 
transcende l’espace

le temps et les objets des sens 




c’est Brahman

et tu es 

ce Brahman !

médite sur lui 

dans le lotus de ton cœur

































creusant ces matériaux

que sont la pensée et le langage

avec ces outils que sont le langage et la pensée


la poésie creuse également

dans cette boucle infernale et fascinante

une brèche


peut-être 

peut-on résumer la poésie

à l’exploration minutieuse de cette 

brèche










les étoiles sont aussi pures
dans cette nuit
d’été

que les sources où j’ai bu
perdu dans les 
montagnes



les fleurs de rêve 

tintent
éclatent
éclairent


































TEMPOREL

le temps qu’il fait

les déplacements

les conversations

la lourdeur ambiante

le conformisme montant

la violence

mais aussi 

les plaisirs les éclaircies












INTEMPOREL 

la bibliothèque sans cesse revisitée

les surgissements de mémoire

la pensée qui veille


voilà  
c’est son tourbillon 
d’existence au jour le jour 
notations brèves ou retours historiques



dans ce laboratoire
le réel se filtre
se trie
se redouble
s’orchestre

le terrible y côtoie le comique

le constat de la bêtise et du Mal l’aile du Bien

le Mal est constant et sanglant

le Bien furtif mais plein d’espérance



la dévastation est à l’œuvre

mais

l’attente et le réveil ne doivent pas 

faiblir




si 
ce que vous avez entendu n’est pas 
de moi mais du sens

il est 
sage aussi de dire pareillement 
à ce sens 



l’Un est Toutes

Choses


chaque venue

d’averse flamboyante

étayait patiemment la trêve de la salamandre

































le désir 
la colline les étoiles et le vent

les arbres 
les vœux et le chemin



le désir habite ces terres
et les simplifie

lorsque l’aube approche la colline
les étoiles ralentissent
et le vent touche 
les arbres

aucune lumière plus vive et plus pure
que le désir 


















les vœux sont annulés

l’été brille incompris

les chemins sont déserts et l’eau attend

mais 

d’où cette joie 

à me lever et partir

à me coucher et partir

?


à aimer et partir


































un chemin de terre

rien que la terre 
sous mes
pieds 

un chemin de terre
dans les yeux 



un chemin de terre 
au fond visible
impatient 
boisé 

un chemin de terre
dans 
le corps 
de cette femme











un chemin de terre 

dans 
le corps 
de la terre 
un chemin de terre 
dans 
le ciel en hiver 



un chemin de terre 
et dans le ciel 
en automne 
calciné 

et le ciel
en été bombardé 

un
chemin 
un long chemin

de terre





un long
merveilleux 
périlleux chemin de terre





un chemin dérobé 

chemin
creux détourné 

un 
chemin 

oui

un 
sentier 




une trace
une trace de terre
un chemin jamais foulé