Lionel André / promenades / randonnées / arts / littératures / air du temps
mardi, août 27, 2019
il pensait il disait
quelques signatures conceptuelles
différance
spectre
viens !
il
pensait comme
on vient à
un rendez-vous
comme
on griffonne trois mots
sur
un bout de papier
ou bien comme
on décroche son téléphone
habitant des villes éloignées
nous usions beaucoup de cet appareil
j’entends
toujours le ton très particulier,
mêlé d’hésitation et de décision,
sur lequel
il
disait
c’est Jacques
une cueillette un volcan
j'aime
la poésie impersonnelle
voici
l' une
de mes cueillettes
au pied
d'
un volcan
l’étrange parfum des fleurs exotiques
la couleur des balisiers
la poétique de la toponymie
les formes tropicales transformées en forces
le cimetière qui est une plage
la trace sur le sable d’un enfant à venir
le pays natal où l’on n’est pas né
la vie sous l’eau
le regard d’un serpent
l’œil d’un poisson flûte
la lenteur des animaux marins
les séquences d’une pèche miraculeuse
les lumières de la nuit dans un mouillage
l’ombre de Gauguin
la géométrie cosmique d’un squelette d’oursin
le surgissement d’un cercueil
la secousse d’un tremblement de terre
les temps de l’holothurie ou du colibri
le langage des bateaux
le langage des oiseaux
les cartes marines
la déesse rousse du volcan
les lumières d’un vaisseau fantôme
la naissance de la nuit
la cérémonie d’une noce païenne
l’énergie du rayon vert
le partage des eaux avec une tortue
la furie d’un combat de coqs
la mélancolie du carnaval
un ramas de boutons d'or
ce
qu'elle propose
c’est
un cahier
ce n’est pas
un livre
des bouts et des fragments
écrits à l’abri de
toute lecture
des pages sauvages
libres de désordonner
sans arrière-pensée
sans visière
sans calcul
sans arme
sans aucune défense
un ramas
de boutons d’or
des éclats herbeux
dont le charme pour elle
réside dans la brièveté
une poussière d’astres
sur la terre oisive autour de la tour de
Montaigne
des souffles
des battements
même pas des phrases
même pas des épiphanies quoique
juste
une façon de se tenir la main
sans ambition
sans loi
un cahier un livre
un ramas
une poussière d'astres
une façon de se tenir la main
action de ramasser
résultat de cette action
fait de ramasser sans autorisation
du bois
des feuilles
des faînes
des glands
amas
hétéroclite d'objets le plus souvent
sans valeur
accumulation de choses inexactes
sans intérêt
sans valeur
un ramas de faussetés
de commérages de bêtises
battant
l'air de phrases
vides
il débitait
un ramas de lieux communs
faut le faire
signale la nécessité de la pratique
le passage
du contempler et du dire à
l’agir et au faire
mais
d’autre part
faut le faire
peut
aussi renvoyer à
une détermination
pratico-révolutionnaire
plutôt qu’à
une détermination
théorique de la praxis
comme si
afin d’être révolutionnaire
la praxis devait déjouer l’opposition
entre théorie et pratique
et se déterminer déjà à partir
d’elle-même
les changements
ne sont que rarement à l’échelle
individuelle
et
faute de pouvoir
les connaître selon ses désirs
reste
à vivre en sachant
que
le sable
l’eau et le ciel existent
bonheur mélancolique
qui n’exclut pas les inquiétudes
reste
le rêve de la salamandre
de prêter à tous
sa lumière
dans
le soleil
de la salamandre
quelques moments
d’
une vie
sont retenus
et privilégiées
les relations avec l’extérieur