jeudi, juin 20, 2019


TDQ . LRDM

Qu’est-ce que la vie ? 

L’obscurité et le vide informe pour commencer, 
ou avant tout commencement ; 

puis 
cette pâle fleur de lotus
qu’est la conscience humaine,
flottant sur des eaux sans rivage ;

puis 
quelques sourires radieux
et des flots de larmes ;














un peu d’amour
et des luttes infinies ;

des murmures
issus du paradis
et des railleries féroces émergeant
d’un chaos anarchique ;

la poussière et les cendres et,
une fois encore,
l’obscurité envahissante,
comme si elle avait toujours été là,
cernant ainsi notre existence fabuleuse,
réduite à une île.

Telle est la vie humaine,
telle est pour l’homme l’inévitable
somme de rire et de pleurs
de ses soumissions et de ses actes ;
de ses mouvements
en tous sens vers tel ou tel but ;
de ses soi-disant réalités
et de ses refus intransigeants,
pompes ombreuses et ombres pompeuses ;
de tout ce qu’il croit ou découvre,
de tout ce dont il assure le succès ou l’échec,
de tout ce qu’il invente ou anime,
aime,
déteste,
ou espère et redoute à la fois.

Il en est ainsi,
il en a toujours été ainsi et
il en sera ainsi pour l’éternité.

Cependant,
l’abîme le plus insondable en laisse entrevoir un autre,
plus insondable encore ;
et dans les vastes demeures de la fragilité humaine,
se trouvent des chambres distinctes,
plus ténébreuses,
d’une fragilité plus délicate et plus achevée.

Que soixante-dix ans
marque pour l’homme le terme
d’une existence agréable et,
plus encore,
que bien avant cet âge,
sa beauté et sa force soient tombées
parmi les herbes folles
de l’oubli,
c’est là pour nous un signe de fragilité ;

mais il est une fragilité
en comparaison de laquelle ce cours ordinaire
de la vie semble durer une éternité.

Il est des cas,
et ils ne sont pas rares,
une seule semaine,
un seul jour,
une seule heure,
balaie tous les vestiges et les jalons
d’une félicité mémorable ;

où la ruine
se propage plus vite
que les averses sur les flancs
des montagnes,

plus vite que
les sons égrenés par un musicien



c’était
et
ce n’est plus
sont des mots prononcés
par la même personne à la même minute ;

où le soleil,
qui à midi éclairait un univers stable et prospère,
découvre,
bien avant le crépuscule,
un naufrage absolu,
jusqu’à abolir totalement le souvenir
le plus fugace d’un vaisseau voué au naufrage
ou d’un naufrage voué
à l’oubli.

Thomas de Quincey, La roue du malheur 






































elle 

ne veut plus tournoyer dans le vide 

comme 

une fleur qui tombe












un poète 

est

un être 

confidentiel 
nocturne presque souterrain
il possède 

une nature 

de chauve-souris
de rat
de taupe ou de mimosa







l’alouette est trempée d’altitude

le jour

pur et inéluctable se lève


ni le regard ni la pensée

ne pénètrent

les intentions de tant de limpidités
































dans l'ombre

le premier son

des brisures de plaisir et de saphir


elle

compte déjà les jours

et les nuits


éloge du lointain



l'éclat 
d'
un serment

dans la source de ses yeux











tard et profondément

un ouvrage
qu'on laisse volontiers à son
étoile

les oiseaux

un
escalier dans l'eau

les serments sacrés
du sable

depuis les toits
du sommeil




la blanche
chevelure du temps
dans les moulins de la vie

la mer

le jour composé de midi


selon
la voie harmonique
ils donnent des gaz légers
plus ou moins
parfaits

ensuite
les molécules
s'associent et fusionnent
entre elles










































fixer - contempler

un dogme fondamental 

la loi de shikam









il s'agit du mouvement de la conscience

par lequel

on contrôle la dispersion

des idées


ce qui apaise le cœur et donne

la clairvoyance

de sorte que l'on parvient à l'identification

et la contemplation

de la réalité de toutes les

choses


clairvoyance


de

la rouge énigme

du

coquelicot





























elle avait 

quelque chose 
de la fuite des passantes sur la route

quelque chose de nécessaire



la réalité est donc

quelque chose 
qui n'a aucun rapport avec
les possibilités

quelque chose de réel

*











elle a 47 ans 
elle est danseuse elle reçoit un appel
elle décide




elle 
a 47 ans

elle 
est danseuse 
et vit à Buenos Aires

quand 
elle reçoit 
un appel 
de sa sœur qui lui apprend 
que leur père est très malade
elle décide de se rendre à son chevet
dans son village natal au nord de l’Espagne

A son Arrivée

un fort vent 

d’automne 
souffle dans les rues désertes

sa mère 
et sa sœur sont là qui l’attendent

Son père est déjà mort

































quelque chose de calme

de liquide
de doux

quelque chose
de mort

un peu peut-être
ici

quelque chose
qui n’est pas très vivant
qui n’est pas très bruyant
qui n’est pas froid
qui n'est pas chaud

un peu tiède












quelque chose 
dont la morphologie est plus proche des oiseaux 
que celle des hommes

quelque chose 
qui chante à peine

qui 
glisse entre les joncs comme 
une onde

qui suit 
un si petit village

qui court 
comme la minuscule araignée 
sur la surface de l’eau 

qui cherche 
sa part de pollen tombé de la lumière 
que le ciel répand



quelque chose 
de plus précieux se dissipe 

au jour de Pâques 

quelque chose de florentin 

et à Florence 
quelque chose de pascal














































ce qui est 

renvoie à l’humilité  de  ce qui est

le proclamer ne dépasse

pas 

le cri des mouettes

leur stridence funèbre

messenger took out his matchbox
thoughtfully and lit 
his cigar.

le messager sort son briquet avec précaution
s’allume un cigare











elle
traçait 
une parenthèse
et quand 

elle 
voulait mettre 
quelque chose entre parenthèses 

elle
le mettait entre guillemets


quelque chose d'urgent à dire

quelque chose d'arbitraire et d'immérité



je
ne l'ai pas trouvé
simple !

mais il a

quelque chose d'amusant
d' obtenu 

quelque chose 
de plus mystérieux à la chaleur

quelque chose 
d'extérieur à moi

































les apories retournées

comme

un gant de fumée


les oxymores se chevauchant

les paradoxes tenus en lisière

les tautologies fertiles


tératologie 

qu’

un sizain résout



science des monstres qui traite plus particulièrement des anomalies congénitales ou héréditaires les plus aberrantes en établit les classements d'après leur aspect anatomique tératologie morphologique étudie le développement de l'embryon mal formé tératologie pathogénique et tente de déceler les causes de ces malformations tératologie étiologique ou tératogenèse








paquet de six jeux de cartes
trois sixains de cartes entières 
trois sizains 
de cartes de piquet 
de reversi 

les chariots 
sont chargés de tables de jeu de trictrac 
de sixains de cartes 


strophe
poème de six vers utilisant deux ou trois rimes. 

Leopardi
ne se contente pas de disserter 
sur la Batrachomyomachie

il la traduit en vers
en sizains coulants et faciles 













la lumière nous abandonne
au beau milieu
de ce que nous voyons



il faut 
un regard  d’acier 
pour contenir l’image


c’est grâce
à cette même fermeté
qu’on résiste au désespoir


un savoir mourir 
excède l’art de vivre

par
une gnose 
l’agnosticisme pris en tenaille