vendredi, mars 22, 2019





Nietzsche 
a séjourné cinq fois à 
Nice 

lorsqu'il quitte une dernière fois la ville, le 2 avril 1888, c'est pour sombrer quelques mois plus tard dans la folie. 











À Nice, il retrouve la lumière d'acier, sèche et limpide, l'air «africain», la légèreté diététique, l'alacrité de pensée, les courants alcyoniens. 

Dans la librairie où il se rend régulièrement pour provoquer le hasard, il lève peut-être la tête du livre qu'il feuillette et croise le regard d'un jeune homme aux yeux clairs, philosophe lui aussi, aux thèmes et à l'écriture souvent étonnamment proches des siens, en qui il pourrait reconnaître son double. 

De Jean-Marie Guyau, célèbre alors, et destiné à disparaître quelques semaines plus tard, il ne reste plus aujourd'hui que quelques traces dans la mémoire des érudits, et l'ombre pâle d'un penseur fiévreux, trop tôt happé par la mort.

Patrick Mauriès  Nietzsche à Nice










































Né à Laval 
le 28 octobre 1854 
et mort à Menton le 31 mars 1888

un 
philosophe 
et poète français









il a 
parfois 
été considéré 
comme 
le 

Nietzsche français 














Jean-Marie Guyau est le fils d’Augustine Tuillerie, auteure du Tour de la France par deux enfants, publié en 1877 sous le pseudonyme de G. Bruno, en référence à Giordano Bruno, et remariée au philosophe Alfred Fouillée.

Passionné par la poésie et la philosophie, Guyau lit tous les grands textes, avec une préférence marquée pour Hugo, Corneille, Musset, Épictète, Platon, et Kant. Licencié ès-lettres à dix-sept ans, il traduit le Manuel d’Épictète. 

Il est conquis par le stoïcisme, qui inspire sa résistance souriante à la phtisie (tuberculose) qui devait l’emporter à l’âge de trente-trois ans. 

Il est vite séduit par les écrits de Herbert Spencer, notamment ’Data of Ethics’ (1879), dont il résume les lignes de force dans ’La Morale anglaise contemporaine’. 

Enseignant au lycée Condorcet, il publie des ouvrages pédagogiques, puis, installé dans le Midi pour affronter les premières atteintes de sa maladie, de nombreux ouvrages philosophiques et des poésies.

Son œuvre majeure, ’Esquisse d’une morale sans obligation ni sanction’, profondément novatrice, semble avoir beaucoup impressionné (et sans doute influencé) Nietzsche qui avait abondamment couvert les ouvrages de Guyau de notes marginales durant son séjour à Nice. 

Nietzsche commente et cite abondamment cette œuvre, ainsi que ’L’Irréligion de l’avenir’, autre œuvre importante de Guyau, dans son ’Ecce homo’. 

De la même manière, Henri Bergson, à lire Vladimir Jankélévitch, reprit en partie les intuitions de Guyau en ce qui concerne l’idée de vie. 

Pierre Kropotkine s’y réfère également dans ’La Morale anarchiste’, allant même jusqu’à faire de Guyau le « jeune fondateur de l’éthique anarchiste », éthique qu’il définit comme « la science de la morale des sociétés »










































Nous 
voudrions 
ici esquisser 
la critique de cette 
importante idée de sanction
pour la purifier de toute espèce 
d’alliance mystique


Est-il vrai qu’il existe un lien naturel ou rationnel entre la moralité du vouloir et une récompense ou une peine appliquée à la sensibilité ? 

En d’autres termes, le mérite intrinsèque a-t-il droit de se voir associé à une jouissance, le démérite à une douleur















Tel est le problème, qu’on peut encore poser sous forme d’exemple en demandant : - Existe-t-il aucune espèce de raison (en dehors des considérations sociales), pour que le plus grand criminel reçoive, à cause de son crime, une simple piqûre d’épingle, et l’homme vertueux un prix de sa vertu ? 

L’agent moral lui-même, en dehors des questions d’utilité ou d’hygiène morale, a-t-il à l’égard de soi le devoir de punir pour punir ou de récompenser pour récompenser ? - 

Nous voudrions montrer combien est moralement condamnable l’idée que la morale et la religion vulgaire se font de la sanction. 

Au point de vue social, la sanction vraiment rationnelle d’une loi ne pourrait être qu’une défense de cette loi, et cette défense, inutile à l’égard de tout acte passé, nous la verrons porter seulement sur l’avenir. 

Au point de vue moral, sanction semble signifier simplement, d’après l’étymologie même, consécration, sanctification ; or si, pour ceux qui admettent une loi morale, c’est vraiment le caractère saint et sacré de la loi qui lui donne force de loi, il doit impliquer, selon l’idée que nous nous faisons aujourd’hui de la sainteté et de la divinité idéale, une sorte de renoncement, de désintéressement suprême ; plus une loi est sacrée, plus elle doit être désarmée, de telle sorte que, dans l’absolu et en dehors des convenances sociales, la véritable sanction semble devoir être la complète impunité de la chose accomplie. 

Aussi verrons-nous que toute justice proprement pénale est injuste ; bien plus, toute justice distributive a un caractère exclusivement social et ne peut se justifier qu’au point de vue de là société ; d’une manière générale, ce que nous appelons justice est une notion tout humaine et relative ; la charité seule ou la pitié (sans la signification pessimiste que lui donne Schopenhauer) est une idée vraiment  universelle, que rien ne peut limiter et qui présente pour notre esprit, à tort ou à raison, un caractère absolu.Critique de l’idée de sanction par Jean-Marie Guyau extrait

































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Si

nous 
sommes 
les auteurs
d'

une
action

nous 
devons 
expérimenter 
les fruits qui en résultent

mais si

nous
recherchons
qui est cet auteur
et réalisons le soi notre
qualité d'auteur disparaît et
avec elle les trois sortes d'actions*
perdent leur emprise

l'état 
de libération est alors 
éternel


*

celles
qui ont 
commencé 
à porter des fruits
avec notre naissance

celles
qui devront
porter des fruits
plus tard

celles
qui ont
été accumulées
avant la naissance


























il 
est né 
a Bruxelles

pendant 
la Deuxième 
Guerre Mondiale























réfugié et élevé aux Etats-Unis
puis réfugié du Vietnam en Espagne
vivant ensuite en Italie
en Belgique
en France et de nouveau aux Etats-Unis
il a laissé
un peu partout
des traces phosphorescentes
s'évanouissant après son passage
personne ne sachant très bien
ni d'ou il venait
ni ou il allait :
partout
un  Visiteur  seulement

nomade
de l'écriture
écrivain par tout et sur tout
il publie cinq romans aux Etats-Unis
dans le contexte du New American writing 
ensuite

il
entre
de plein pied
dans l'avant-garde
héroïque et guerrière

en Italie
en Amérique du Sud
en Allemagne
en France
au Japon
et aux Etats-Unis































toutes les opérations 

sont composées à partir des opérations 

fondamentales


ou bien

un fait

est contenu dans

un autre

ou bien



il 
en est 
indépendant



































VASA FABIENNE BELISSUNU
NEBKA MAUD MAAT
ATALANTE URUK
OM NAUSICAA
KOUWATALLA NADA


elles disent
qu'elles ont appris 
à compter sur leurs propres
forces



















elles disent
qu'elles savent 
ce qu'ensemble elles 
signifient


elles disent
que celles qui revendiquent

un
langage nouveaux
apprennent d'abord la violence


elles disent
que c'est

un
monde 
nouveau
qui commence



































venant 
du fond de l' Égypte
où il avait pris naissance
après  

un
long 
voyage
à travers l'air
au-dessus des plaines flottantes





il
finit
par s'abattre
sur le peuple de Pandion
tout entier

et 
tous
dès lors
par bataillons entiers
étaient livrés à la maladie
et à la mort

*

précision

2040

Lucrèce 
termine le De rerum natura

par

une
description
de la peste d'Athènes
dont la plupart des traits
sont empruntés à
Thucydide



autre précision 

toutefois quelques passages semblent présenter l'influence des écrits hippocratiques et il se peut que Lucrèce ait suivi quelque compilation d'

un
polygraphe






































Allan Grant-Pier Angeli


*








précision 

1372

chaque beauté vous saisit en quelque sorte

par surprise


*




féminaire 

un mot 
que l’on prononcerait 
avec la force de 
bestiaire 

alors 
qu'il a la douceur de 
sanctuaire 

un mot 
qui serait plus séminal que 
séminaire

sans 
les reliques de 
reliquaire 


un mot 
qui 
chercherait
dans ses profondeurs
ce qu’il lui reste d'inachevé 
à écrire sur mon amour inachevé 
de la Femme et des 
mots 































Georges Bataille l'expérience intérieure
Emmanuel Fournier philosophie infinitive
Monique Wittig les guérillères 
Benoît Casas précisions
Victor Malka Rachi
Ramana Maharschi la connaissance de l'être
John Ashbery vague
Pierre Parlant les courtes habitudes
Kenneth Goldsmith l'écriture sans écriture
James Joyce portrait de l'artiste en jeune homme
Jean Bouchart d'Orval Héraclite
Gérard Manley Hopkins poèmes et proses

































craindre
obéir
changer
désirer
refuser
continuer
espérer
oublier
trouver
aller
exister
commencer
servir
convaincre
jouir
échapper

*










commencer par se régler pour

s'en libérer

croire se retrouver après s'être

perdu

mais aussitôt se perdre après s'être

trouvé

tenter de se régler pour voir comment

se perdre

et 

découvrir comment pouvoir

vagabonder


































l'arc

selon lequel

court mon existence

est grand

et

en chacun de ses points

il me faut avoir tout vécu tout aussi

profondément

et avec autant d'énergie


*