mardi, décembre 10, 2019




Notre 
héritage n'est précédé d'aucun 
testament

Hannah Arendt 
cite 

un aphorisme de René Char 
publié dans Feuillets d'Hypnos en 1946.

Pendant la Résistance, une génération d'écrivains et d'hommes de lettres européens a mis en place, dans le vide politique créé par l'effondrement de l'ancien système, un domaine public distinct, un espace nu où la liberté pouvait apparaître. 

Mais cette possibilité n'a pas duré 
longtemps. 











Rapidement, 
ce trésor apparu à l'improviste 
dans des conditions mystérieuses, 
a été perdu. 

Cette génération 
n'a pas été capable de lui donner 
un nom. 

L'histoire des révolutions 
1776 à Philadelphie, 1789 à Paris, 1956 à Budapest
s'est répétée.

Sans testament, 
aucun passé n'est assigné à l'avenir. 

Il n'y a pas de tradition     qui choisit, 
nomme, 
transmet et conserve. 

Sans continuité dans le temps, 
on ne connaît pas la valeur des trésors. 

Les héritiers, les acteurs et les témoins, incapables de donner un nom à ce dont ils ont hérité, finissent par l'oublier. 

C'est alors que la tragédie commence. 

En l'absence d'une conscience capable de questionner, méditer, se souvenir, raconter l'histoire et lui donner un sens, l'action n'a de valeur que pour les morts et n'en a aucune pour les vivants. 

L'acte ne s'achève pas, 

l'événement échappe.






























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