mercredi, décembre 19, 2018





LI HUI

le ravissement

*










note-rapide sur une image

une 
dernière phrase



elle 
dormait 
dans le champ de seigle

fatiguée

fatiguée
par notre voyage


































une
femme
entend le vide

le souvenir
d'

une 
certaine
mémoire passe

une
petite
fenêtre
rectangulaire

une
scène 
étroite bornée
comme

une
pierre





une
séparation


l'horizon
de l'autre côté de l'hôtel
a perdu toute 
couleur

la nuit vient

l'ombre 
d'

un
homme 
passe à travers
le rectangle de lumière




le premier et le dernier

mot

Lol
voyage




























parle-moi toute la nuit

murmura 

Utako


pas d'histoires tristes



Yasunari Kawabata

Première neige sur le Mont Fuji

















J'avais fini par m'habituer à l'idée 

que l'existence est 

résignation



le silence 
était mon interlocuteur



l'eau lape
lentement les rochers
et les canards sont là au repos
sur les clapotis
gris



*


ce cahier écrit entre 1765 et 1771
contient 342 courtes pensées
qui le plus souvent

ne sont rien que des notes de lectures
prises par Lichtenberg à travers
les œuvres les plus diverses
et bigarrées


dans la guerre point 

de salut

nous te demandons 

la paix


































Jean-François Bory

Poème de voyage








in c/o,

Edited by Franco Beltrametti &

Patrizia Vicinelli

with the collaboration of John Gian

Bologna

1984, p. 15

Edition of 500 numbered copies

































What I thought was an end
turned out to be a middle.
What I thought was a brick wall
turned out to be a tunnel.
What I thought was an injustice
turned out to be a color of the sky.


Tony Hoagland  

































Je
sentais 
j'aimais   

ce silence
je comprenais 
qu'on pouvait s'en nourrir 



un 
charme
touchait cette vie 
















une
main 
douce et usée

une 
espèce de bonheur 

une paix 
de champs d'asphodèles 

un 
frottement si long

un 
toucher si fin 





sur 
ces terres rien  
jamais

n'était déchirement





































note-rapide sur une image

elle lit

les terres du couchant










une 
dernière 
fois sur la placette 

un 
soleil 
jaune faisait 
flamber les cimes des platanes

Je
ne savais 

si 

j'
étais heureux ou 
triste

j'
aurais 
voulu rencontrer 
quelqu'un



***


Œuvre de publication posthume, dans ces Terres du couchant, comme dans toutes les œuvres de Julien Gracq, le personnage principal, la fonction narrative, fait montre d’un singulier détachement. Cette fois-ci, rien n’arrive par lui, c’est le guetteur attentif, sans nom, de l’événement, presque un correspondant de presse, ou de guerre.

Cette œuvre, remisée par Gracq, aurait dû prendre place entre Le Rivage des Syrtes, où Aldo appelle l’événement, le provoque, et le Balcon en forêt, où l’aspirant Grange le voit venir à lui.

Comme toujours encore, la richesse stylistique donne vie à un lexique qui s’anime :

Un instant les souffles se taisaient pour laisser hésiter le point suprême, le rayon vert de la journée d’embellie – un rai miellé coulé au ras du sol qui engluait d’un fil d’or chaque brin de la fourrure soufflée et respirante – puis la fraîcheur tombait en nappe, les ombres dévalaient des haies submergées, couraient maintenant comme une marée ; la campagne se claquemurait. La nuit soudain était là, assise au bord des mares, la jour immobile contre le reflet louche où les bêtes vont boire (p.58).

































temps 
de l'histoire

temps 
du souvenir

temps 
de l'attente

ou plutôt de l'imminence





fait 
d'être en suspens 

l'événement exige 
une
atmosphère d'imminence 

l'esprit 
crée l'ordre et crée 
le désordre

car son affaire 
est de provoquer le changement

par là

il 
développe dans 
un 
domaine 
de plus en plus vaste

la loi fondamentale   
de la 

sensibilité

qui est d'introduire dans le système 
vivant 

un 
élément d'imminence

d'instabilité 
toujours prochaine













L.A.Photographies septembre 2018