samedi, novembre 24, 2018








Christian Herdeg

SMALL DISC ORANGE / TURCHESE


2006






























James Joyce

jetait des mots dans des carnets au fur à mesure

de ses lectures

Il les barrait quand il les utilisait

dans ses manuscrits






























18:00

après le coucher

du soleil

tous ceux qui avaient des malades 
atteints de diverses maladies 
les lui amenèrent

Il imposa 

les mains 
à chacun d'eux 
et 

il 
les guérit












03:00

qu'il
arrive à la deuxième 

ou 
à la 

troisième veille

heureux 
ces serviteurs s'il les trouve 
veillant! 



































Attendez  Cinq mois

toutes mes molécules ont

changé

je suis

un
autre moi maintenant



un
autre moi
a empoché la livre

Bzzz Bzzz








mais moi

entéléchie

forme des formes

suis moi par la mémoire

parce que sous les formes sans cesse

changeantes

*



entéléchie

tradition aristotélicienne


principe créateur de l'être
par lequel l'être trouve sa perfection 
en passant de la puissance 
à l'acte

l'être lui-même 
en tant que réel et source d'action

Dieu est ce qu'Aristote appelle 
une 
entéléchie 

un 
être 
ayant en soi 
sa fin et sa perfection 

chose ou être qui permet à l'esprit 
ou au cœur 
de trouver son plein 
épanouissement

Ses lettres  
étaient mon seul refuge
et son souvenir

ma 
seule 
entéléchie 



doctrine vitaliste

force vitale distincte de la matière 
et gouvernant par sa finalité propre les mécanismes 
qui conduisent à 

une 
adaptation biologique

les vitalistes pensent à l'entéléchie comme à un tout vivant qui procrée et anime ses parties d'après eux, [les vitalistes] les processus responsables de l'unité de l'être vivant étaient dirigés par un principe indépendant, une entéléchie, une idée analogue à celle de l'ingénieur qui construit une machine 

































L'écriture est une folie. 

Celui qui écrit s'efface et laisse l'archive de son propre effacement. 

Sa grandeur, c'est qu'en écrivant, il fait oublier celui qui a donné (lui-même), ce qu'il a donné et même l'acte qu'il a accompli. 

C'est la seule manière possible de faire oeuvre. 

Si elle a lieu, c'est au-delà de toute conscience : 

celui qui reçoit le don n'en éprouve aucune reconnaissance, ni même aucun souvenir. 

Il ignore ce qu'il a reçu. 

Si l'oeuvre est digne de ce nom, elle a opéré en lui en le transformant.

En général, nous connaissons le nom de l'auteur. 

Le don n'est pas absolu. 

Quand l'oeuvre est un événement singulier, un événement d'envergure, quand elle vous déborde tellement que vous ne pouvez pas vous mesurer à elle, alors vous pouvez aimer l'auteur, être en mémoire de lui. 

C'est le cas (exceptionnel) de James Joyce. 

Il réussit à rassembler, en un mot ou en deux, des cultures, des langues, des mythologies, des religions, des philosophies, etc..., si vastes que vous êtes endetté à l'avance. 

Vous avez 
toujours été inscrit 
dans le livre que vous lisez.

































je suis

au milieu du voyage

à peine 

avant que les sables 

s'inversent dans le sablier


un
endroit
idéalement calme















dans
la nouvelle fusion

ça
prend forme

on
dirait
des sourires ancestraux

des 
souvenirs partagés

ça
se rappelle 
exactement comment 
en ce temps-là

la lumière se posait sur l'eau


maintenant

la loi est de penser

penser la poésie devient la loi

































note-rapide


une 
oeuvre 
fait oeuvre par 

un 
don 
qui vous change de part 
en part


tout en faisant oublier le donné

le donateur 

et même 

l'acte du don




































poésie-jour

soleil voix lumière

écho des lumières soleil cœur lumière

rouleau des lumières

Ph.Sollers


moi




de plus en plus replié discret

sans cesse en train 

d'écouter


de 
s'en aller 

de 
couler 

de 
tourner

de
monter






24.11.18

17

8

apparition 

de 
la neige 

sur les hauteurs





























toujours.  Pointe. 

et 


c'est sûrement

une

moindre ignorance

d'écrire 

un mot





























le manuscrit était devenu 

une 

jungle 
quasi impénétrable


des cahiers 
autographes originaux  
trois seulement avaient survécu 
intacts 

soit 

une 
centaine 
de pages environ










quant aux cent 
soixante pages restantes

elles 
formaient 

une 
liasse 

de feuilles volantes 
entremêlées 

de papiers 
à en-tête de divers hôtels

des bouts de notes 
prises à la Bibliothèque nationale 

et des bribes 
de chinois destinées aux derniers 

Cantos 



tout cela 
sans aucun ordre perceptible
entassé en vrac et au petit bonheur 
dans trois cartons 



sans compter l'écriture! 

des pages et des pages 

minuscules

couvertes des jambages pressés 

du voyageur



dont la seule vue 
aurait fait défaillir d'effroi 
le plus patient des paléographes