samedi, novembre 10, 2018



le langage doit s'adapter 

aux faits

et non l'inverse



accommoder l'interprétation

d'

un
phénomène

avec












un
langage
déjà formé 
et rempli d'a priori
ne peut mener qu'a des conclusions
fausses sur la nature 
des choses







la signification devient 
souple

détachés de leurs circonstances
d'origine

les artéfacts ne sont pas vides
de sens

il acquièrent plutôt de nouveaux
sens

nichés dans de nouveaux
cadres

































10

feuille bouclée nœuds joyau-glacé d'hiver

nivéole et si-haut passe nuage

blanc jaune entassé aperçu clos

elle crocanthème pince-zigzag éclair aster

lucre capitule pourpre noire étude







noyau-de-pierre
frêne-ou-olivier
moutarde-des-champs
violette-des-serpents
formée-par-l'eau






poésie

une
quantité 
d'impulsions





































paradoxe

opinion qui va à l'encontre de l'opinion 
communément
admise

association 
de deux faits de deux idées 
contradictoires











le vecteur
d'état du système complet

boîte + chat + marteau + fiole

est très complexe
puisque ce système contient
un très grand nombre de particules
mais il est nécessairement du type

a + b

plus 
précisément il est
la superposition de l'état

atome désintégré  
marteau baisé fiole cassée
chat mort

et de l'état

atome non désintégré
marteau levé fiole intacte
chat vivant

tant qu'aucune observation
n'a été faite

le chat est donc 
dans 

un 
état 
incertain
ni mort ni vivant


nous accordons à
Schrödinger
que pareille situation est difficile
à concevoir du strict point de vue
existentiel

*


Étienne  Klein

Pour des raisons qu'il faudra bien un jour éclaircir, lorsqu'il s'agit d'illustrer charnellement un paradoxe, le chat est l'animal le plus souvent choisi, même si la chatitude du chat ne joue en la matière aucun rôle spécifique. N'importe quel être vivant ferait tout aussi bien l'affaire: un paradoxe de la poule, de l'oie ou du lapin de Schrödinger aurait eu, du strict point de vue heuristique, exactement la même portée que celui du chat.

petit voyage 
dans le monde des quanta
champs sciences

































le multiple

ce n'est pas seulement ce qui a beaucoup 

de parties

mais ce qui est plié de beaucoup 

de façons

une 
singularité 
n'est jamais isolable 
mais se prolonge toujours 
jusqu'au voisinage 
d'

une autre 
selon le principe des couplages










briser le langage
en mille morceaux devient

un 
acte 
politique


les ré-assembler
dans le mauvais sens

un
acte
de libération







les

détournements créatifs

du langage

comme les traductions

homophoniques

et les mauvaises interprétations

auditives

deviennent des modèles de joyeuse

anarchie


remettre en question les structures

linguistiques

c'est remettre en questions les structures

politiques





























peut-être 
qu’

un 
bon livre

cet objet
si difficile à cerner pourrait 
être d’abord 

un 
livre bon
au sens éthique 
comme par exemple dans 
l’expression 

une 
vie bonne 











en ce sens

un 
livre bon 
serait celui qui nous décentre
nous fait accéder
à 

un 
point de vue 
qui nous était jusque-là 
dissimulé 

un livre 

qui ne contient 
pas nécessairement 
des idées ou des perspectives 
nouvelles 

mais
nous plaçant 
dans le regard de l’autre, 
nous permet de forger nous-mêmes 
de nouvelles conceptions




































Nagori   

La nostalgie 

de la saison qui s’en va

Ryoko Sekiguchi

Nagori

l’empreinte des vagues 







signifie 
en japonais 
la nostalgie de la séparation

et en particulier
la nostalgie de la saison 
qu’on ne laisse partir qu’à regret








Le goût de Nagori annonce déjà le départ imminent de tel fruit, tel légume, jusqu’aux retrouvailles l’année suivante, si l’on est encore en vie. De nos jours, on invoque les saisons comme un temps comptable. Saisons à découper, à dénommer, à désirer ou à oublier. Et selon quels critères ?

Cet étonnant et savoureux petit livre nous propose de faire la découverte de l’art poétique et culinaire japonais en méditant sur nos émotions qu’éveillent les saisons, et leur disparition. Sur l’empreinte fugitive des goûts et des saveurs dans le corps et la mémoire, les paysages, la littérature.

Il y a plus de six ans dans un bistrot populaire d’une banlieue de Tokyo, le chef sert à l’auteure un plat de légumes qui semble n’être déjà plus de saison. Elle lui pose la question. Il répond : « Mademoiselle, je suis beaucoup plus âgé que vous, et je ne sais pas si je pourrai encore goûter ce légume l’année prochaine ». Combien de saisons dans une année, une vie, une cuisine ? Qu’est-ce qu’un produit « de saison » ? Quand fait-il sa première apparition dans l’année ? Dans quelle région ? Jusqu’à quelle distance parcourue peut-on dire d’un fruit qu’il est « de saison » ? À quel moment telle espèce de poisson sera-t-elle « de saison », et comment la définir ?

Le lecteur est ainsi invité à une traversée littéraire, culinaire, politique, et à la rencontre de grands chefs cuisiniers, de plats et de produits délicieux. Du Japon à Rome, en passant par la Villa Médicis où l’auteure était pensionnaire.








































un
certain
nombre de tensions




entre

le 
formel 
et le réel

entre

le 
virtuel 
et l'actuel

entre

le 
possible 
et l'effectif

entre

le 
hasard 
et le déterminé



le changement
de représentation
auquel nous sommes invités
est si radical que le concept même
de réel est vite devenu sujet à discussion




si 
vous m'avez 
compris

c'est 
que je n'ai pas été 
assez clair




L.A.Photographies CERN Genève octobre 2018



*

théorie 
des prépositions
la poésie entière est préposition


dans 
l'espace qui sépare 
des choses des personnes


dans 
le temps qui sépare 
deux dates deux époques deux faits




les 

inventions d'inconnus

réclament 

des formes nouvelles


en se livrant

à de nombreux calculs


on 

peut gagner 

































que 
peut bien 
valoir

le meilleur virtuose
comparé aux dispositions
de mon âme 



de mon âme 
qui pas plus tard que cet après-midi
vient d'être pénétrée
par 

un air  
d'ailleurs faux
fredonné par quelqu'un









je 
préfère 
du Bach m'arrivant 
par bouffées
d'

une
fenêtre ouverte

que ce même Bach 
joué avec force fioritures 
sur 

une 
estrade 
de concert




































Lundi

Moi

Mardi

Moi








Mercredi

Moi

Jeudi

Moi




Vendredi

Ce journal, je le rédige à contrecœur. Sa sincérité insincère me fatigue. Pour qui est-ce que j'écris ? Si c'est pour moi, pourquoi cela va-t-il à l'impression ? Et si c'est pour le lecteur, pourquoi fais-je semblant de dialoguer avec moi-même ? Te parlerais-tu de manière à ce que les autres t'entendent ?



Le Journal de Gombrowicz a été publié pour la première fois en Pologne en 1986 dans son Œuvre complète. Interdit pendant le régime communiste, il avait toutefois pénétré en Pologne sous le manteau, apportant à ses lecteurs l'oxygène de la liberté.

Le Journal est l'œuvre de Gombrowicz la plus personnelle, la plus polonaise mais aussi la plus universelle. La défense de son moi n'est autre que la défense de l'individu à une époque où l'on niait son existence.

Démystificateur mais humaniste, iconoclaste mais moraliste, Gombrowicz a posé sur le monde un regard neuf : la peinture, la musique, la littérature, la philosophie, le communisme, le catholicisme, la jeunesse, les femmes, les Juifs, les Argentins, la douleur, l'agonie, la mort. 

On y trouve aussi des récits de voyage, des textes lyriques ou humoristiques. D'une richesse incomparable - autobiographie en mouvement, essai et œuvre d'art -, le Journal de Gombrowicz occupe une place unique dans la littérature contemporaine.



WG